Homélie du Père Philippe MAHEUT, le 20 novembre 2016

 

Saint Etienne du Rouvray – 20 Novembre 2016 – Christ-Roi.

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Nous fêtons aujourd’hui, comme chaque année avant que ne commence le temps de l’Avent, la fête du Christ roi de l’univers.

Nous achevons l’année C pendant laquelle nous avons lu l’évangile de Luc dans lequel Jésus ne cesse de parler du Royaume ou du Règne de Dieu qui s’approche et qui est déjà là.

Mais comme chaque année, et peut-être dans cette église encore plus qu’ailleurs, on peut se demander si c’est bien vrai que le Christ règne, si on peut vraiment croire que son Royaume d’amour progresse sur la terre.

On a plutôt l’impression à regarder le monde que ce sont plutôt la violence et la peur qui règnent ou encore, à lire le dernier rapport du Secours catholique, que ce qui progresse en France ce n’est pas tellement l’amour mais plutôt la pauvreté et l’injustice avec aujourd’hui en France 9 millions de pauvres dont 3 millions d’enfants.

Je crois pourtant – et c’est ce que je suis venu vous dire ce matin – que cette année le Christ a régné un peu plus et que son Royaume a vraiment progressé.

Peut-être pas dans toutes ses dimensions – je ne sais pas par exemple si nous avons beaucoup grandi dans l’espérance au cours de cette année terrible – mais au moins dans une dimension qui est essentielle et qui est la miséricorde.

Si le règne du Christ c’est le règne de la miséricorde, si le Royaume de Dieu c’est là où on accueille l’autre tel qu’il est, alors on peut dire que vraiment au cours de cette année le Christ a été davantage roi dans nos cœurs et dans le monde.

On pourrait en donner beaucoup d’exemple.

Le plus fort a sans doute été, chez nous, la célébration de la Toussaint à la cathédrale où des personnes séparées, divorcées, divorcées-remariées ont franchi avec notre évêque la porte de la miséricorde et ont reçu de lui la bénédiction. L’évêque leur a demandé pardon pour la façon dont l’Eglise les avait parfois traités et beaucoup ont pensé ce-jour-là que le règne du Christ avait progressé. Dans le Royaume comme dans l’Eglise ils avaient eux aussi toute leur place.

Il y a eu aussi plusieurs jubilés marquants à Rome. Celui des catéchistes auquel Linda et Michèle ont représenté le diocèse, celui des prisonniers auxquels le Pape avait demandé de faire de la porte de leur cellule une porte de la miséricorde, celui des personnes exclues socialement auxquelles François a dit qu’ils appartenaient à l’Eglise « par droit évangélique ».

Pour ma part, j’ai été très touché de célébrer le jubilé de la miséricorde dans la maison de retraite où sont les prêtres ainés. Les responsables de la maison avaient décidé que pendant le temps de la célébration la porte de leur chapelle serait une porte de la miséricorde. En voyant ce très lent défilé de fauteuils roulants et de déambulateurs, en voyant toutes ces personnes âgées qui n’entendaient plus bien, ne voyaient plus bien ou ne comprenaient plus bien, et qui passaient la porte en signant, je me suis que ce jour-là le Christ régnait sur l’EHPAD.

Tout cela c’est ce qui se voit, mais il y a aussi tout ce qui ne se voit et qui est bien évidemment le plus important.

Il y a toutes ces personnes qui ont entendu l’appel de l’Eglise et qui 10 ans, 20 ans, 30 ans après se sont confessées pour recevoir le sacrement de réconciliation, certaines pour se libérer de poids très qui encombraient leur vie depuis des années.

Il y a tous ces chrétiens qui se sont proposés pour aider à l’accueil des réfugiés parce qu’ils ont écouté l’appel du Pape et senti qu’il fallait bien faire quelque chose.

Il y a aussi, puisque c’est leur journée, l’engagement fidèle des bénévoles du Secours catholique qui se tiennent au plus près des pauvres et nouent avec eux des liens d’amitié qui comptent autant que ce qu’ils peuvent leur donner.

Si chacun de nous pouvait ainsi repérer au moins un geste de miséricorde dont il a pu être témoin cette année, alors on pourrait se dire et dire aux autres que le Christ a régné davantage sur notre vie et que son Royaume a progressé dans le monde.

Cette avancée du Règne du Christ, le Père Hamel en été le témoin, passe aussi par la croix.

La miséricorde se confronte parfois à la haine et l’amour doit souvent faire son chemin au milieu de la violence.

C’est bien ce que nous a raconté l’évangile.

Pour pouvoir pardonner au bon larron, Jésus a dû le rejoindre sur la croix à côté de la sienne. Pour l’emmener avec lui au Paradis, il a dû subir la même violence que lui.

Mais c’est l’amour qui gagne et le bandit se retrouve au ciel avec Jésus. La croix a été pour lui la porte de la miséricorde.

Mais elle ne l’a pas été pour l’autre bandit qui est resté prisonnier de sa souffrance ou de sa haine.

Jésus, comme cela lui est arrivé parfois dans l’évangile, n’a pas réussi à toucher son cœur, l’homme ne s’est pas ouvert à son amour.

C’est ça aussi le règne de Dieu, c’est ça aussi le Royaume : tout le monde n’y entre pas tout de suite.

Et c’est justement pour ça qu’on peut y croire… Le Règne de Dieu n’est pas une belle histoire, ni la promesse d’une vie facile. Le règne de Dieu c’est quand notre cœur et celui de monde se laissent toucher et transformer par l’amour de Dieu. Et nous ne sommes pas au bout du temps que cela prend.

Même si elle a progressé en nous, dans l’Eglise et dans le monde, la miséricorde a encore du chemin à faire.

Mais chaque fois que nous douterons d’elle, chaque fois que nous n’y croirons plus, nous pourrons nous souvenir de cette année où nous l’aurons vue à l’œuvre.

Et nous pourrons chanter avec Marie : sa miséricorde s’étend d’âge en âge.

AMEN.

Père Philippe MAHEUT

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