2° semaine de l’Avent – commentaire de Nicole Quilbeuf sur RCF

Lundi

2ème sem. de l’Avent : Is. 35, 1-10 ; Lc 5, 17-26

Le prophète Isaïe prononce certainement ces paroles à une période particulièrement difficile. Or, c’est en ces périodes sombres que la foi est le plus nécessaire. D’où ces apparentes contradictions : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose (…) qu’il exulte et crie de joie ».

Car la suite du texte exprime une certitude, la certitude d’un certain futur : « On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu ».

De là, les devoirs du croyant : « Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu » .

En fait, nous dit le prophète, tout cela, il faut savoir le voir, l’entendre : « alors se dessilleront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ».

Ne sommes-nous pas souvent aveugles et sourds ? Et comment alors, aider les autres à voir au-delà de l’immédiat ? à voir avec les yeux de la foi… et ainsi, retrouver la joie.

La foi. C’est aussi ce que nous trouvons dans le texte de l’Evangile : la foi de ces gens qui n’hésitent pas à démolir le toit pour amener le paralytique à Jésus, une foi qui efface le mal : « Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés ».

Le vrai mal, plus que la paralysie qui en est la forme visible, le vrai mal, c’est le péché. Et Jésus qui, ici, agit comme Dieu, ce dont l’accusent les scribes et les pharisiens : « Qui est-il, celui-là ? Il dit des blasphèmes. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »,

Oui, Jésus est vraiment Dieu.

 

 

Mardi

Immaculée Conception de la Vierge Marie :Gn 3, 9-15;20 ; Eph 1, 3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38

Nous nous unirons, en ce 8 Décembre, à notre Pape François et à tous ceux qui, avec lui, vont entrer par la Porte Sainte, dans l’année de la Miséricorde, geste que nous ferons Dimanche prochain à la Cathédrale.

Cette fête de l’Immaculée Conception de Marie nous ramène au fondement même de la création : le péché qui atteint toute créature, et cela, dès l’origine. C’est ce que nous rappelle ce récit de la « faute », dans le récit de la Genèse : cascade de fuites des responsabilités : c’est pas moi, c’est la femme, c’est pas moi, c’est le serpent.

Au-delà du texte et de ces apparences, il y a une volonté d’expliquer pourquoi le mal existe, en le présentant comme la punition d’une faute. Or, tout cela est simplement la difficulté de nous mettre face à notre Dieu, car cela nous fait prendre conscience de notre misère.

L’apôtre Paul, lui, nous replace dans le dessein de Dieu, avec des verbes très importants : « choisi », « d’avance destinés »,

Nous appartenons au projet de Dieu sur le monde : « En lui (Jésus-Christ), il nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard (…) d’avance destinés à devenir son peuple ».

Voilà la véritable dimension de l’être humain malgré son imperfection.

L’Evangile nous relate ce que nous appelons l’Annonciation. L’ange annonce à Marie qu’elle va avoir un enfant : « L’Esprit Saint viendra sur toi (…) c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu ».

On connaît la réponse de Marie : « Voici la Servante du Seigneur, que tout se passe pour moi, selon ta parole ».

Simplicité de la réponse, écoute de la voix du Seigneur, disponibilité de la « servante ». Redisons souvent cette parole.

 

Mercredi

2ème sem. de l’Avent : Is 40, 25-31 ; Mt 11, 28-30

Le prophète fait parler Dieu. Il s’adresse à l’homme qui a toujours tendance à se croire plus grand qu’il n’est en réalité : « A qui pourriez-vous me comparer, qui pourrait être mon égal ? -dit le Dieu Saint ». Et l’exemple qui est pris pour remettre l’être humain à sa place, face à sa  petitesse, c’est la création : « Levez les yeux, et regardez : qui a créé tout cela? celui qui déploie toute l’armée des étoiles, et les appelle chacune par son nom ».

La création œuvre de Dieu. Savons-nous assez la regarder, la respecter comme une œuvre de Dieu fragile ? à travers elle, voir la grandeur de Dieu ? Car la suite du texte nous dit ce qu’il faut déduire de cette grandeur de Dieu-Créateur : « éternel », « intelligence insondable »… C’est avec tout cela, qu’il s’occupe de l’homme : « Il rend des forces à l’homme fatigué (…) ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur, trouvent des forces nouvelles ».

Jésus dans l’Evangile reprend un peu le même thème : « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai du repos ».

Mais, il y a plus, car il nous propose un partage du travail : «Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples ».

Il s’agit bien d’un travail fait ensemble : on sait bien que les deux animaux qui sont sous le même joug, sont unis, et travaillent ensemble. C’est bien cela que nous propose Jésus-Christ : s’atteler avec lui au travail. Et ainsi nous dit-l : « Vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ».

Oui, notre fardeau devient léger quand nous savons que nous le portons avec le Christ, ou peut-être plutôt, qu’il le porte avec nous.

 

 

Jeudi

2ème sem. de l’Avent : Is 41, 13-20 ; Mt 11, 11-15

De nouveau aujourd’hui, le prophète donne la parole au Seigneur, une parole de réconfort : « C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui saisis ta main droite, et qui te dit : « Ne crains pas, moi, je viens à ton aide ».

Comment, vient-il à son aide ?, en lui donnant la victoire sur l’ennemi. Et au milieu de cela, la joie : « Mais toi, tu mettras ta joie dans le Seigneur, dans le Saint d’Israël, tu trouveras ta louange ».

Passons sur le langage guerrier si fréquent dans les textes de l’Ancien Testament, et retenons surtout ce qu’il dit de façon forte : au plus fort de la bataille -de toute bataille- le Seigneur est avec nous, il est le vainqueur, il veille sur nous, et si nous savons le reconnaître, c’est la joie.

Suit, dans le texte, une énumération de tout ce que le Seigneur fait pour son peuple, pour nous.

Cette présence attentive, peut-être beaucoup plus que nous ne le pensons, y croyons-nous vraiment ? Sommes-nous vraiment persuadés qu’il est là, concrètement, là où nous en avons besoin ?

L’Evangile va, lui aussi replacer des valeurs: « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant, le plus petit dans le Royaume des Cieux, est plus grand que lui ».

C’est en effet, que le Royaume des Cieux, aussi attaqué soit-il, est le Royaume définitif, celui qui Dieu a voulu instaurer, donc supérieur à tout. Jean-Baptiste, celui qui annonce et reconnaît le Sauveur, reste, à l’époque de Jésus, un homme plus grand que les autres, certes, mais n’est pas encore dans le Royaume.

 

 

Vendredi

2ème sem. de l’Avent : Is 40, 17-19 ; Mt 11, 16-19

De nouveau, c’est le Seigneur que le prophète fait parler : « Je suis le Seigneur ton Dieu, je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches. Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements, ta paix serait comme un fleuve (…) ta postérité serait comme le sable ».

Tant de choses dans ces quelques phrases : un « enseignement utile », un « guide » : sommes-nous toujours convaincus que le Seigneur nous accompagne, précisément, concrètement là où nous sommes ? N’avons-nous pas plutôt l’idée d’une Dieu lointain , sommes-nous persuadés qu’il tient ses promesses ?

Mais évidemment, tout cela suppose aussi que nous prêtions attention à ce qu’il nous conseille, et cela passe par ses « commandements ». Sommes-nous toujours persuadés qu’ils sont une aide et non une entrave , qu’ils libèrent, en fait ? Rappelons-nous : « mon joug est léger ».

Dans l’Evangile, Jésus fait un constat en observant le comportement de sa génération : on a beau intervenir pour les aider, les entraîner -il prend pour cela l’exemple de celui qui joue de la musique dans l’espoir de faire danser- rien n’y fait.

Pire, on se contente de critiquer : « Jean est venu, en effet, il ne mange pas, il ne boit pas, et on dit : « C’est un possédé ». Le Fils de l’homme est venu ; il mange et boit, et l’on dit : « C’est un glouton et un ivrogne ».

En fait, ne cherchons-nous pas tous les prétextes pour déconsidérer ceux qui veulent nous montrer le droit chemin ? Savons-nous discerner la « sagesse de Dieu (…) reconnue juste à travers ce qu’elle fait » ?

Evidemment, il est  plus facile de critiquer tel ou telle…