Fête de la présentation de Jésus au temple – Clôture de l’année de la vie consacrée – Cathédrale Notre-Dame – mardi 2 février 2016

Fête de la présentation de Jésus au temple
Clôture de l’année de la vie consacrée
Cathédrale Notre-Dame – mardi 2 février 2016

Homélie

« Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur » (Lc 2, 23).

Frères et sœurs, Jésus se laisse offrir à Dieu, comme tout premier-né de sexe masculin. Marie et Joseph montent au temple dans l’anonymat des multiples parents qui font le même geste. Qui sait s’ils n’ont pas fait la queue pour acheter le couple de tourterelles ?

Depuis quinze siècles, ou plus, le peuple juif savait que Dieu les avait fait sortir du pays d’Egypte, de l’esclavage. En reconnaissance, Dieu demandait que chaque premier-né lui soit consacré, car ils lui appartiennent (cf. Ex 13, 2).

Vie consacree 2Frères et sœurs consacrés, vous êtes nos premiers-nés, non pas selon la chair et le sang mais selon l’Esprit. Par l’appel reçu de bien des manières, par votre « oui », vous êtes devenus des consacrés du Seigneur, vous lui appartenez. Nous ne vous dirons jamais assez merci.

Par votre célibat, vous ressemblez au Seigneur Jésus lui-même. Il est le premier-né par excellence, pas seulement selon la chair et le sang, mais aussi par l’Esprit qui fait de Lui, le Ressuscité, le premier-né d’une multitude, comme dit St Paul. Syméon, animé lui-même par l’Esprit Saint, reconnaît le Christ, c’est-à-dire l’oint du Seigneur (cf. Lc 2, 26-27).

Du régime de la Loi, nous voici passant au régime de l’Esprit Saint, disons-le au secret de l’amour. Votre premier amour, pour reprendre l’expression du Pape François, a fait du chemin pour beaucoup d’entre vous.

Cette année nous a offert l’opportunité de raviver la joie du charisme de vos fondateurs et fondatrices. Soyons dans une profonde action de grâce pour le parcours de ce premier amour. Il est probable que vous avez changé depuis vos premiers désirs et vos premières joies, que vous changerez pour ceux et celles qui, parmi vous, en sont aux premières années.

Le prophète Malachie le promet : « Le messager de son alliance est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs » (Ml 3, 1). Chacun, chacune d’entre vous, chacune de vos communautés ont parfois pris feu, et cela n’a pas toujours été un feu de joie ; chacun, chacune d’entre vous, chacune de vos communautés ont dû faire leur lessive en famille, et parfois cela a débordé ! Mais cela est source d’un surcroit de bonheur si vous acceptez de le placer sous le regard et l’œuvre du messager de l’alliance : « Il s’installe pour fondre et purifier » (Ml 3, 3). « Il les affinera comme l’or et l’argent, ajoute le prophète ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice » (Idem).vie consacree 3

Autour de l’autel, chacune de vos vocations, chacune de vos communautés porteront une lumière, celle que vous avez reçue à votre baptême, et que vous avez unie à celle de vos frères ou de vos sœurs, comme prémices offerts pour le monde.

Frères et sœurs, nous avons entendu Dom Jean-Charles Nault nous dire magnifiquement comment notre vocation, notre appel est un fruit concret de la miséricorde de Dieu ; et nous avons passé la porte de la miséricorde !

Portés les uns par les autres –au fond dans la miséricorde fraternelle,- offrons-nous avec Jésus. Offrons-nous dans la pauvreté c’est-à-dire en acceptant devenir dépendant, interdépendant, et dans la joie du partage ; Offrons-nous dans l’obéissance c’est-à-dire en baissant la garde de nos amour-propre pour vivre une dépendance amoureuse au Père ; offrons-nous dans la chasteté c’est-à-dire sans chercher à s’accaparer l’amour mais dans la force de l’amour de Dieu qui atteint notre vulnérabilité.

Jésus n’a pas besoin de vous – oserais-je dire l’Eglise n’a pas besoin de vous. Vous n’êtes pas utiles. Vous êtes nécessaires à notre vie et à notre salut, car vous êtes l’amour premier-né, les prémices du salut. Jésus n’avait besoin ni du vieillard Syméon ni de la femme prophète Anne. Il a juste aimé la rencontre pleine de tendresse et d’espérance que l’obéissance, la chasteté et la pauvreté de Joseph et de Marie leur ont offert. Ainsi son Père –Notre Père !- a-t-il commencé à entendre la louange de reconnaissance et d’amour qu’Il attendait depuis si longtemps !

« Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations ! » (Lc 2, 30-31)… « Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu ! » (Lc 2, 38).

Frères et sœurs, nous accueillons la lumière que vous portez et que vous êtes. Ensemble nous proclamons les louanges de Dieu ! Et nous sommes heureux de la porter, petitement mais fièrement au monde qui cherche son chemin.

 

✠  Dominique  Lebrun

Archevêque de Rouen.

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