Dimanche de Pâques Cathédrale Notre-Dame – 27 mars 2016

Dimanche de Pâques
Cathédrale Notre-Dame – 27 mars 2016

 

Lectures de la messe : Livre des Actes des Apôtres (10, 34a.37-43) ; Psaume 117 ; Lettre de saint Paul, apôtre, aux Colossiens (3, 1-4) ; Evangile selon saint Luc (24, 1-12), Evangile de la Veillée pascale.

Homélie

Cette nuit, Léo, Marthe, Gwladys et Sylvie ont été plongés dans les eaux du baptême, comme une soixantaine d’adultes dans les paroisses de notre diocèse. « Par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec Jésus », dit saint Paul (Rm 6, 3). Ils ont donc été mis au tombeau ! Cela vaut le coup de s’y arrêter avec l’Evangile. Que se passe-t-il dans ce tombeau ?

Quelques femmes se rendent au tombeau. La part féminine de notre humanité représente la vie qui ne peut s’arrêter. La vie donnée par Dieu créateur. Il vit que cela était bon, très bon. Oui, nous avons péché, oui nous avons été conduits en esclavage mais, jamais, Dieu n’a modifié son regard, retiré son projet d’amour et de vie. Les catéchumènes le ressentent souvent : « j’étais loin, je me suis éloigné… maintenant, j’ai compris que Dieu, lui, avait été toujours avec moi ».

Quelques femmes découvrent le tombeau dont la pierre est roulée ; le tombeau est vide : « Elles entrèrent et ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus » (Lc 24, 3). Elles sont « désemparées » (Lc 23, 4). Avec les baptisés de Pâques, nous ne rencontrerons plus la mort fin de tout, la mort désespérante. Nous sommes en chemin vers la joie parfaite, seulement en chemin. Etre disciples de Jésus, c’est continuer de participer à la vie inquiète du monde : où est le Seigneur ?

Les nouveaux baptisés ont rencontré des annonciateurs de la joie parfaite, comme ces « deux hommes en habit éblouissant » (Lc 24, 4). Pour l’un, c’est son conjoint, ce peut être une amie, un prêtre… en fait, si nous voulons bien voir et entendre, le monde est peuplé de ces envoyés de Dieu. Ce matin, tous les baptisés, confirmés présents dans les églises ne sont-ils pas des envoyés de Dieu ?

En cette année de la miséricorde comment ne pas rendre grâce pour les prêtres qui, au nom de Jésus, sont prêts à vous annoncer votre résurrection dans le sacrement du pardon : « Je te pardonne tous tes péchés ». Vous pourrez en bénéficier. N’hésitez pas !

Les envoyés de Dieu nous interrogent parfois : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24, 5). Phrase décisive pour toute vie chrétienne. Le Vivant n’est pas parmi les morts… les vieux chrétiens que nous sommes le savent. Nous ne fêtons pas un anniversaire comme on fête un événement passé, dépassé, nous fêtons Jésus qui ressuscite aujourd’hui. La tentation est grande pour les disciples de Jésus de se construire des tours d’ivoire, des habitudes, des certitudes, comme si le Vivant pouvait être encore enfermé.

Léo, Marthe, Gwladys, Sylvie, Amandine, nous aident à ne pas rester figés. Il y a tant de lieux où Jésus veut vaincre la mort, là où l’injustice, la violence, la solitude continue de faire croire en la puissance de la mort. C’est là que nous sommes attendus pour porter la joyeuse annonce de la victoire de l’amour.

Mais attention, n’y allons pas seuls. « Revenues du tombeau, Marie-Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres » (Lc 24, 9). Grâce à elles, Pierre, pourtant incrédule, prit lui aussi le chemin du tombeau, et de l’étonnement qui deviendra la foi de l’Eglise. Sans lui, sans les Onze, l’expérience des femmes serait devenue une impression, une illusion, et probablement se serait perdue dans la mémoire.

Frères et sœurs, notre Eglise reçoit aujourd’hui la joyeuse annonce de la résurrection de Jésus. De nouveaux disciples de Jésus lui font confiance, mieux renouvelle sa confiance au Dieu à jamais vivant.

« Si, donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour mener une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ, qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité des morts » (Rm 6, 4).

Une vie nouvelle ? Que notre visage ne soit plus incliné vers le sol et que notre cœur cesse de se troubler (cf. Lc 24, 5). Que même des attentats ne nous détournent pas de l’espérance reçue au baptême et renouvelée chaque année à Pâques ! Une vie nouvelle ? St Paul invite à « rechercher les réalités d’en haut » (Col 3, 1). Oui, en renouvelant solennellement notre foi, croyons que le monde ancien s’en va dans la mort pour laisser place à l’amour miséricordieux de Dieu.

Au baptême, Dieu donne le vêtement blanc pour annoncer la Bonne nouvelle : Jésus, le Sauveur, est vivant. Comment ? Par la force de l’Esprit Saint, son Esprit. Léo, Marthe, Gwladys, Sylvie et Amandine, sont maintenant marqués de l’Esprit Saint, le don de Dieu. Ils ont reçu la force de l’amour, pour en témoigner joyeusement, doucement, sans peur, fidèlement.

✠  Dominique  Lebrun

Archevêque de Rouen.