Solennité de sainte Marie, mère de Dieu Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 1er janvier 2017

Solennité de sainte Marie, mère de Dieu
Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 1er janvier 2017

Lectures : Livre des Nombres (6, 22-27) ; Psaume 66 ; lettre de saint Paul apôtre aux Galates (4, 4-7) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (2, 16-21)

Homélie

« Que le Seigneur te bénisse et te garde » (Nb, 6, 24) !

Ce sont les premiers vœux sortis du cœur de Dieu. Il les propose à Moïse, pour les fils d’Israël. Les croyants sont les heureux dépositaires de ces paroles. Elles sont pour nous ; elles sont à nous. Nous croyons que Dieu nous veut du bien : « Que le Seigneur te bénisse ! » Dieu sait aussi qu’il y a des épreuves : « Que le Seigneur… te garde » (Nb 6, 24).

Frères et sœurs, au seuil de l’an 2017, accueillons les vœux de Dieu entendus dans la première lecture, et accueillons la présence de Marie qui les réalise.

« Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce » (Nb 6, 25). Le visage de Dieu peut donc briller sur vous, sur moi, sur ceux que Dieu choisit. Ce peut être le Pape, ce peut être votre fils, votre Maman, votre voisin, votre ami. Je crois même que toute personne humaine est un reflet du visage de Dieu, car il vit, car il attend d’être aimé, car il essaie d’aimer.

« Que Dieu te prenne en grâce », belle expression ! Dieu propose de nous insérer dans son amour, sa charité, sa miséricorde – c’est tout cela la grâce – comme un cadeau, sans regarder ni mesurer nos efforts, qu’Il apprécie pourtant. Puisse 2017 méritait d’être appelé l’an de grâce 2017. Pour cela, laissons-nous saisir par l’amour de Dieu.

« Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix », poursuis la bénédiction divine (Nb 6, 26).

Frères et sœurs, comment abordons-nous cette année 2017 ? Je vous propose de vraiment désarmer pour recevoir la paix, pour collaborer à la paix que Dieu nous souhaite.

La vengeance, la haine ne sont peut-être pas nos habitudes, surtout la haine. La vengeance est peut-être plus fréquente. « Comme il m’a fait ou ne m’a pas fait cela, il n’y a pas de raison que je n’en fasse pas autant… » Oui, désarmons devant l’immense amour de Dieu qui nous enveloppe, nous prend dans sa grâce et, au fond, nous ouvre à sa joie. Jetons mensonge et jalousie par-dessus le bord de nos âmes.

Est-ce possible ? « Ils invoqueront mon nom, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 27), dit la bénédiction céleste. La prière est le signe que nous voulons désarmer ; la prière est même le premier acte du désarmement. Prions comme et avec la Vierge Marie : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19).

La Vierge Marie est, sur terre, le plus beau reflet du visage de Dieu. Elle est pleine de grâce, entourée et remplie du bel amour que Dieu porte à son Fils, dès sa conception, dès sa venue au monde et pour toujours. Que fait-elle d’extraordinaire ? Elle accueille l’amour ? Elle lui donne son nom : « le huitième jour… l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 21)… elle prie, elle médite.

Quelle grâce nous est faite pour qu’à notre tour nous puissions nommer son enfant Jésus, c’est-à-dire Dieu-sauve ! Des chrétiens d’orient ont adopté cette manière de prier, si simple et si puissante : répéter presqu’à l’infini le nom de Jésus : Jésus, Jésus, Jésus ; Jésus, Jésus, Jésus.

Vous craignez de reprendre les armes de la violence, du mensonge ou de la jalousie. Apprenez à prier ainsi, au volant de votre voiture, en allant au travail, allant ou revenant de faire des courses ou une visite ; chez vous en ayant allumé une bougie plutôt que la télévision ou l’ordinateur, répétez : Jésus, Jésus, Jésus, avec Marie. Combien de fois n’a-t-elle pas dû répéter sur ses lèvres et en son cœur ce mot « Jésus » ? En le contemplant dans la crèche, en l’appelant pour qu’il quitte son occupation d’enfant ; en le portant dans son cœur lorsqu’il est parti annoncer la Bonne nouvelle, en le rejoignant dans sa mission, et même lorsqu’il est sur la croix… son cœur de mère ne cesse de regarder son Fils, et par son Fils, son Dieu qu’elle découvre Père de tous les hommes.

Sainte Marie, mère de Dieu, introduisez-nous au plus près du cœur de votre enfant. L’année commence alors que résonne des bruits de guerre qui n’en finissent pas en Syrie et en Irak. Quelques espoirs de médiation fructueuse arrivent de Bolivie ou de la République démocratique du Congo, sans parler du courage de nos frères chrétiens persécutés. Nous te prions Vierge Marie pour ces pays ensanglantés, pour le nôtre aussi, pas égoïstement mais pour qu’il donne l’exemple de la paix et de l’action pour la paix.

Jésus est venu pour tous ! Ste Marie nous nous confions à vous, nous confions nos familles, parfois elles aussi en guerre, nous confions nos cœurs qui cherchent la paix … et la trouve ce matin en votre fils, Jésus.

+ Dominique  Lebrun

Archevêque de Rouen.