Commentaire biblique 9 et 10 février 2017 par Didier Martin

Jeudi 9 février L’épisode de la syro-phenicienne 

L’épisode de la syro-phénicienne fait partie de la section des pains de l’Evangile de Marc, entre la première multiplication qui se déroule sur la rive juive du lac et dont il restera 12 paniers (comme le nombre des tribus d’Israel) et la seconde sur la rive païenne dont il restera 7 paniers (comme le nombre des nations étrangères).

Inquiet depuis l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus, afin d’échapper à Hérode Antipas, va se cacher hors d’Israel, dans la région de Tyr. La Syro-Phénicie n’existe pas encore au premier siècle, mais le rédacteur veut souligner que c’est une femme étrangère et païenne qui vient demander à Jésus la guérison de sa fille. Elle ne connaît pas les écritures mais a compris que le Jesus n’est pas venu uniquement pour le peuple juif mais pour toute l’humanité.

La femme se jette aux pieds de Jésus , mais contrairement à la réponse favorable attendue, Jésus refuse et injurie la femme et sa fille en parlant des petits chiens (les païens) en opposition aux enfants (le peuple de Dieu). L’échange au sujet des « petits chiens » privés de la table, du pain destiné aux « enfants », raconte tout ce qui se joue dans ce récit. Le pain fait référence à l’Eucharistie comme nous le fait comprendre sa place, située entre les deux multiplications des pains. Elle ne fera que de récupérer le surplus, comme après les repas des multiplications des pains. La réponse de la femme est le point de bascule de cette section d’Evangile et les rôles habituels sont inversés : c’est la femme qui va enseigner Jésus, et c’est sa parole qui va guérir sa fille. « De grâce, Seigneur ! Même les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants. » Et Jésus , après l’avoir rabroué, va accéder à la demande de celle qui le nommera Seigneur à la fin du texte.

Nous pouvons remarquer qu’il a fallu à cette femme rechercher le Seigneur, se jeter à ses pieds, accepter les difficultés, argumenter et s’humilier pour trouver sa place auprès de Lui.

L’épisode de la syro-phénicienne est à rapprocher de celui d’Eli en Rois, quand à Sidon (justement près de Tyr), le Prophète demande du pain à une femme qui d’abord le lui refuse. Le lien entre Eli et Jésus est bien établi, mais dans Marc c’est la femme qui réclame et essuie un refus dans un premier temps. Ici on pourrait dire finalement que c’est Jésus qui se convertit !

Le texte ne se termine pas par des recommandations de Jésus . Il est nécessaire que ce texte travaille le lecteur et c’est à vous auditeur d’écrire la suite de ce récit dans votre vie. Ce récit vise un déplacement du lecteur qui se fera différemment suivant que vous vous identifiez à cette étrangère en vous sentant accueilli à cette table eucharistique, ou à Jésus en accueillant les exclus.

Vendredi 10 février  LE SOURD-BEGUE

Après sa première multiplication des pains et l’épisode de la syrophénicienne près de Tyr, Jésus passe près de ces dix petites villes de la Décapode où se situe l’épisode du sourd-bègue, que Marc est le seul à rapporter, avant de repartir pour la deuxième multiplication des pains. 

Deux lectures peuvent se faire, celle de le prise en charge du sourd bègue ou celle de la foule des croyants sourde à la Parole de Dieu et muette quand il s’agit de proclamer son Evangile.

On amène un sourd bègue Jésus en Lui demandant de lui imposer les mains. L’approche de Jésus paraît brutale avec ses doigts dans les oreilles et sa salive sur la langue du bègue qui ne pouvait être un bon communicant.

Puis Jésus lève la tête en signe de prière, soupire manifestant sa compassion et proclame le Ephphatha : ouvre-toi. Pour Paul, c’est Dieu qui ouvre le coeur fermé de l’homme à la lumière (et aux sons!). De la compassion, Jésus serait passé à l’agression pour lui ouvrir les oreilles à la Parole de Dieu afin qu’il puisse la proclamer.

En   Isaie (35, 4-7), nous entendions  déjà ces sentences : »Il fait entendre les sourds et parler les muets ». Jésus, accomplissant ces guérisons annoncées, témoigne qu’il est bien le Christ.

Cette proclamation est faite également au moment du Baptême Chrétien dés les premiers temps de l’Eglise, faisant passer le nouveau-né ou le catéchumène d’un état de surdité à celui de l’écoute et de compréhension de la Parole de Dieu, permettant la proclamation de l’Evangile par l’expression vocale et l’attitude.

Le texte nous précise qu’ AUSSITOT ses oreilles s’ouvrirent et que sa langue se dénoua. Cela magnifie la puissance de Dieu pour qui sait se confier à Lui. Il faut aussi insister sur le lien entre audition et expression, et l’on sait les difficultés que les sourds présentent pour avoir une expression vocale compréhensible. Avant de correctement proclamer la Parole de Dieu il est indispensable de l’avoir écoutée avec attention.

En cette période d’insécurité, on peut comprendre que Jésus recommande la discrétion aux foules éblouies qui ne peuvent réfréner  leur enthousiasme à témoigner.

Il s’agit pour nous de savoir nous reconnaître dans ce sourd-bègue afin de bien écouter la Parole et proclamer les merveilles de Dieu.