Commentaire d’Evangile du 2 au 4 mai, par Didier Martin. 5 mai par H. Labrunye

Commentaire d’Evangile, par Didier Martin

Mardi 2 mai

Discours à la Synagogue de Capharnaüm en Jn 6, 30-35

Le chapitre 6 de l’Evangile de Jean traite du PAIN DE VIE. L’on voit Jésus se rendre en territoire païen suivi d’une foule attirée pas ses dons de guérisseur et aller sur la montagne pour y enseigner, en demandant à ses disciples où trouver du pain pour cette foule. Les miracles de la multiplication des pains est marqué par l’abondance. Les témoins reconnaissent en Jésus l’envoyé de Dieu et veulent en faire un Messie politique. Lors de l’épisode de la marche sur les flots, il leur dit « ego élmi, » JE SUIS, formule utilisée par Dieu pour se révéler.

Le passage qui nous intéresse des versets 30 à 35, est celui du discours à la Synagogue de Capharnaüm, située à 200 mètres de la maison de Pierre où résidait Jésus. Les Juifs attendaient le renouvellement des prodiges du désert rapportés en Exode 16. Eux qui voulaient la veille le faire roi, lui demandent un nouveau signe en citant le  Psaume 78  » Il leur a donné à manger du pain venu du ciel. » Les Juifs réclament du pain pour tous les jours. Il y a incompréhension comme celles déjà rencontrées :

> avec Nicoméde qui en 3, 4  ne comprenait pas comment renaître de nouveau;

> avec la Samaritaine qui en 4, 5 demandait à Jésus de l’eau vive afin qu’elle n’aie jamais plus soif;

> ici se sont les Juifs qui réclament le renouvellement des prodiges du désert lui demandant du pain pour tous les jours !

Mais Jésus leur fait comprendre qu’il ne s’agit plus de pain matériel pour l’alimentation quotidienne, mais d’un autre pain qui donne la VIE à travers le don du fils de Dieu. Cette foule s’interroge sur l’identité de Jésus et réclame un signe authentifiant s a prétention à être le pain de vie. Dans la Synagogue, Jésus invite ses interlocuteurs à un double dépassement. La source du pain n’est pas à rechercher au temps de Moise mais dans le présent et ce pain n’est plus une matière mais une personne. Le « JE SUIS » (ego éimi ) LE PAIN DE VIE » est l’une des sept affirmations de Jésus avec Prédicats. Cette parole d’identification s’accompagne d’une promesse, la plénitude de Vie sera offerte  grâce à la foi. 

Le signe qui dure sera obtenu par les Juifs, par le sacrifice de Jésus qui se donne et traverse la mort jusqu’à le résurrection et se poursuit encore aujourd’hui par l’Eglise. Ce qui est offert c’est le corps du Christ, signe à reconnaître et auquel je répond par ma foi. Pour le croyant, plus de faim ni de soif, mais une présence dans l’attente du jour éternel.

Mercredi 3 mai

JE SUIS LE CHEMIN, LA VERITE ET LA VIE  en JN 14, 6-14

 

Au lendemain du miracle des pains, quand la foule s’aperçut que le Jésus, qu’ils voulaient faire roi n’etait plus là, les juifs montèrent dans les barques pour le rejoindre à Capharnaüm où Il leur dit qu’il y avait autre chose comme nourriture que ce pain périssable, celle qui donne la vie éternelle. Les Juifs lui réclament un autre miracle pour croire qu’il est bien ce pain de Vié.

Le Chapitre 6 traite du PAIN DE VIE. Après le signe des pains et la marche sur les flots, il y aura les discours dialogués :

> avec un premier échange sur la nature du pain offert, matérielle pour l’alimentation quotidienne et l’autre pain qui donne la vie à travers la personne de son fils;

> mais cette foule demande un signe authentifiant le donateur, et Jésus leur demande de comprendre qu’il ne s’agit plus de Moise mais de Dieu lui-même; et qu’il ne s’agit plus d’une matière mais d’une personne.

> enfin Jésus déclare nettement « JE SUIS LE PAIN DE VIE », la première des sept affirmations de Jésus avec prédicat. Dans l’A.T. le  « JE SUIS » est utilisé seul et Jésus reprend cette formule de révélation car il est le visage de Dieu. Mais le « ego éimi » est aussi suivi de 7 prédicats : je suis, la lumière du Monde, la porte, le bon berger, la résurrection, la vigne et le chemin, la vérité et la vie.

 

. Les anciens voyaient dans dans la Vérité et la Vie le but à atteindre par la médiation de Jésus  qui est la voie, le chemin. St Thomas d’Aquin disait que si le Christ est la Vérité c’est en tant qu’il est Dieu.

. Pour les modernes, c’est la voie qui devient le mot clé, Vérité et Vie ne font qu’expliquer la voie. Pour Bultman, la Vérité appartient exclusivement au Monde céleste, elle serait donc en même temps la route à suivre et le but à atteindre.

En définitive, c’est le terme Voie qui est le mot principal, les mots Vérité et Vie ne serviraient qu’à faire comprendre dans quel sens Jésus est la Voie.

Le mot voie ou chemin, n’évoque pas un déplacement spatial ( pas de déplacement de l’âme vers le ciel). Si Jésus retourne à la maison du Père, c’est pour préparer une place pour les siens, et c’est lui le chemin vers ce but. Dans aucun texte pré-Chrétien quelqu’un s’est déclaré le chemin ou la vérité. Ce qui est vraiment nouveau, c’est que le chemin de la vérité doit  désormais se chercher dans la personne même de Jésus, (ce que soulignera Saint Thomas d’Aquin), et la Vérité et la Vie ne sont pas le but au bout du chemin. Jésus nous conduit au Père et Il est le chemin par ce qu’Il est lui même la Vérité et la Vie. Mais ce n’est pas plus tard que Jésus conduira les siens au Père, c’est maintenant. La connaissance du Christ est le moyen d’arriver à la connaissance du Père, et c’est ainsi qu’il est le chemin.

La Vérité au sens de l’AT signifie fidélité ou loyauté. La Vie est utilisée par Jean pour le nouvel âge apparu après la venue du Christ. Dire que nul ne va au Père que par Jésus est très restrictif et à souvent été appelé le scandale de l’exclusivité du Christianisme.

C’est donc dans la personne de ce Jésus de Nazareth que nous sommes invités à découvrir le vrai visage de Dieu, sa présence, sa parole. C’est par la rencontre avec le Jésus de l’Evangile que nous avons accès à Dieu qui se présente dans sa faiblesse et qui n’a que son amour à offrir.

 

Jeudi 4 mai

IDENTITÉ DE JESUS  en Jn 6, 41- 51

Les Juifs murmurent, comme les Hébreux au désert et la réponse ne fait qu’accentuer le mystère. Qu’Il affirme venir de Dieu ne pouvait que choquer ses auditeurs pour lesquels il était un compatriote, le fils du charpentier de Nazareth. Il répond par une affirmation encore plus folle : il serait le seul à avoir vu le Père ! Et il s’agit d’un blasphémé !

L’origine divine de Jésus nous amène à reconsidérer le prologue de Jean : » Au commencement était le Verbe… et le Verbe était Dieu. » Le Verbe est fils parce qu’Il est tourné vers le Père qui lui donne la vie.

L’Eglise garde trace aujourd’hui de la crise de la foi dans la communauté chrétienne de Jean. Le miracle de la multiplication des pains à ouvert une crise.

. Pour certains de la communauté de Jean, la parole de Dieu avait été donnée par Moise au sinai, la manne en était le signe et la parole de Dieu était toute entière contenue dans les écritures.

. Pour d’autres, dont Jean, la parole de Dieu est donnée par Jésus (et l’est encore aujourd’hui), les pains partagés en sont le signe et son évangile est bien la parole de Dieu.

Comment peut-il dire : « Je suis le pain descendu du ciel ? » C’est par une vie quotidienne toute simple qu’il a révélé le visage de Dieu.  Saint Irèné disait que « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. » Nous avons donc à manifester la gloire de Dieu dans notre vie de tous les jours.

 

Selon les prophéties, un jour viendra où Dieu instruira lui-même les siens. Ce temps est arrivé et Dieu parle lui-même par son fils. Il faut se laisser instruire par « Celui qui vient de Dieu »,car « Celui-là à vu le Pere »

Être un homme nouveau, c’est croire que le visage de Dieu se révèle en Jésus de Nazareth. Il nous faut croire à la vie éternelle non pas à notre mort, mais dès maintenant, dans ce qu’elle a de banale,  dans ses difficultés et ses moments d’espoir.

Avoir foi en Jésus-Christ, c’est lui faire confiance; et croire que le chemin qu’il nous trace est celui qui mène à la vie éternelle. Il nous faut mettre nos pas dans ceux du Christ, partager sa vie et sa parole. Faire en sorte que sa parole soit notre parole, que sa Vie  soit notre vie et partager son pain entre nous, voilà ce qu’est l’Eucharistie.

 

Vendredi 5 mai, Jn 6, 52-59  (par Hélène Labrunye)

Nous poursuivons aujourd’hui le discours de Jésus sur le pain de vie dans l’évangile de Jean. Les Juifs réagissent violemment aux  propos du Christ annonçant qu’il va donner sa chair à manger. Cette affirmation est en effet déroutante, pour nous encore aujourd’hui mais elle permet de redonner toute sa force à notre compréhension de l’eucharistie.

Jésus n’explique pas le sens concret de ses paroles ; Il fait seulement une comparaison avec le  pain mangé par les pères, avec la manne donnée par Dieu au désert. Jésus se donne comme cette manne  pour nourrir les hommes. Il les enjoint de manger sa chair et même de la mâcher, comme le signifie le verbe grec trogein employé au verset 54. Or, selon la coutume juive, le pain non levé et les herbes du repas pascal devaient être soigneusement mâchés. Ainsi, le Christ suggère que sa personne est aussi le pain de la Pâque. Il affirme donc qu’il est une nourriture tout à la fois concrète, rituelle et spirituelle.

Cependant Jésus apporte une dimension nouvelle, celle de la vie éternelle. Il est le pain vivant parce qu’il donne sa vie pour sauver définitivement l’humanité.  Par sa mort et sa résurrection, il communique aux hommes la vie en Dieu, une vie d’amour et de plénitude. Manger la chair du Christ et boire son sang, c’est concrètement et spirituellement l’accueillir en soi, demeurer en lui comme lui demeure en nous. C’est entrer en communion avec la vie divine. L’eucharistie est le sacrement qui réalise de manière privilégiée cette communion, qui nous fait vivre la mort et la résurrection du Christ. En mangeant la chair du Christ, nous revivons la Pâque, nous accueillons le Ressuscité et  la joie d’être sauvé.

Rendons grâce pour cette présence du Christ dans nos existences grâce à l’Eucharistie. Prenons conscience que c’est vraiment le Christ qui se donne à nous et qui nous communique sa vie de Ressuscité. Laissons-nous transformer peu à peu par les sacrements, par la parole de Dieu et aussi par nos frères.  Vivons toujours au plus près de la vie divine, dans la joie pascale qui nous éclaire et donne sens à notre existence.