Homélie de Noël de Mgr Lebrun

Nativité du Seigneur

24 décembre 2017 – Cathédrale Notre-Dame (Rouen)

Monition d’ouverture

Bienvenus, chers amis, en votre cathédrale. Nous sommes heureux de retrouver notre archevêque émérite, Mgr Jean-Charles Descubes, la communauté paroissiale et, vous qui êtes d’un peu plus loin, ou de passage.

Il est né le divin enfant … accueillons le mystère de Noël, en commençant par demander à Dieu de nous prendre en pitié. Pensons aux familles qui vivent un moment difficile, aux pays qui sont en guerre ou menacés, aux hommes et aux femmes qui ne peuvent manger, être vêtus ou soignés dignement.

Avec notre monde, disons à Dieu que nous sommes pécheurs.

Textes de la messe : Lecture du livre du prophète Isaïe (9, 1-6) ; Psaume 95 ; Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite (2, 11-14) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (2, 1-14)

Homélie

« Et elle mit au monde son fils premier-né » (Lc 2, 7).

Frères et sœurs, qu’êtes-vous venus célébrer ce soir ? Chacun d’entre nous est présent avec ses propres raisons, les raisons de son cœur : des raisons familiales, des raisons spirituelles, des raisons de fidélité, peut-être aussi une attente ou une détresse particulière.

Que sommes-nous venus célébrer ? La cathédrale est ouverte cette nuit pour fêter une naissance, celle du Fils de Marie. Attardons-nous auprès d’elle, et penchons-nous sur l’enfant. Je suis sûr que vous trouverez la raison la plus profonde d’être ici ce soir.

Amour, joie et délivrance sont associées à la naissance d’un enfant. Joie du nouveau visage tant attendu ; délivrance de ces mois d’attente, de fatigue, parfois d’inquiétude. Amour qui rime avec la vie, la vraie vie.

Nos vies sont habitées par des joies et des délivrances. Nous les appelons nouvelle naissance, nouvelle étape ou renaissance : Un travail ou une maison est enfin trouvé, un enfant vient annoncer ses fiançailles, une famille se fonde, une amitié vient éclairer une situation difficile, un enfant est attendu, ou tout simplement un geste change ma vie. Ces joies ne dispersent pas tous les nuages mais elles ouvrent un nouvel espace, un nouveau chemin d’amour, de joie et de délivrance.

Dieu a choisi la naissance d’un enfant pour nous partager sa joie et nous apporter la délivrance. Dans un enfant, habite l’amour infini de Dieu.

Qui est cet enfant ? Peut-être l’avez-vous remarqué, le récit que nous avons entendu ne donne pas son nom. « Elle mit au monde son fils premier-né », dit sobrement l’évangile. Nous l’apprendrons ensuite. Il s’appelle Jésus.

Ce soir, accueillons son anonymat, il s’appelle « son fils premier-né ». Y en aurait-il d’autres ?

A qui ressemble-t-il ? Vendredi, une Maman me parlait de ses deux filles. L’une ressemble plus à elle ; l’autre à son mari, le Papa. A qui ressemble Jésus ? Jésus est le Fils de Marie mais il n’est pas le fils de Joseph. Le Saint-Esprit l’a conçu dans le sein de la Vierge Marie. Il ressemble probablement un peu à sa mère, mais pas à Joseph. Or, ce n’est pas un clone. A qui ressemble-t-il, donc ?

Le Fils de Marie, ainsi conçu, ne peut être enfermé dans un couple, dans une famille, dans une race ou un peuple. Le Fils de Marie a la ressemblance que le Saint-Esprit veut lui donner. Les chrétiens le savent : Jésus ne leur appartient pas. Il à tous et pour tous. D’ailleurs, les enfants-Jésus des crèches du monde prennent le teint, l’allure, le costume des cultures locales.

Oui, Dieu s’est fait semblable aux hommes, pour que nous soyons semblables à lui. Entendons mieux la Bonne nouvelle : « Elle mit au monde son fils premier-né ». St Luc écrit cela bien des années plus tard. Il sait bien que Marie n’a pas enfanté d’autres enfants.

St Luc me révèle que je suis son petit frère, que vous êtes ses frères, ses sœurs. Vous ne ressemblez peut-être pas à la fille d’Israël « Marie » ; mais ne ressemblez-vous pas à cet enfant, voulu par Dieu, fragile et plein de promesse ? En contemplant notre naissance et celle du Fils de Dieu nous retrouvons l’amour, la joie et la délivrance que les années peuvent voiler, mais surtout que notre péché abîme.

A Noël, se réveille en nous la promesse de la vie, sa fragilité et sa vulnérabilité. N’ayons pas peur de ressembler au Fils de Dieu, jour après jour, dimanche après dimanche, mois après mois, année après année. C’est le chemin de l’Evangile et celui de l’Eglise, malgré sa fragilité et sa vulnérabilité.

Habituons-nous à  nous reconnaître frères et sœurs, frères et sœurs de Jésus, lui-même fils premier-né. Au moment du baiser de paix, en cette nuit très sainte, dites à votre voisin, votre conjoint, votre enfant, vos parents : « Frère, sœur, la paix soit avec toi ».

En cette nuit, la famille humaine renaît. Elle renaît en devenant famille de Dieu. Alors, les guerres et les disputes, les injustices et les scandales deviennent insupportables.

Accueillons la promesse de la vie, l’amour qui ne cesse d’engendrer la fraternité.

✠ Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.

Avant la bénédiction

Un grand merci aux chœurs Saint-Evode qui nous réjouissent, à commencer par la veillée réalisée par la maîtrise. Un grand merci à ceux qui ont fleuri et préparé notre cathédrale, aux servants d’autel, à ceux qui vous ont préparé un chocolat chaud, à vous tous qui êtes venus goûter au mystère de Noël, la venue de notre frère aîné. Merci au Père Alexandre Gérault, curé de la paroisse, au Père Alexandre Joly, vicaire général, et au Père Paulin de m’avoir entouré.

Je souhaite à vous et à vos familles, un joyeux et saint Noël.