Communications publiques 2015

Inauguration des nouveaux locaux de la bibliothèque et des archives diocésaines – 5 février 2015

Bibliothèque et Archives diocésaines  

05022015494Madame la Députée, Monsieur le Maire, Monsieur le Conservateur des Archives départementales, Mesdames et Messieurs les Bibliothécaires de l’Université et de la Ville de Rouen, Mesdames, Messieurs, chers amis

Votre présence à cette inauguration officielle de la Bibliothèque diocésaine et des Archives diocésaines est pour nous un honneur et un encouragement. Je vous en remercie.

Lionel Flégo et Catherine Barbé vous ont brièvement raconté comment ces deux lieux ont été imaginés. Je les remercie sincèrement d’avoir mené à bien cette difficile opération. J’associe naturellement à ces remerciements M. G. Gourdin, ses collaborateurs et les entreprises qui ont réalisé ce chantier. Il se poursuit, sous le regard vigilant du vicaire général, Philippe Maheut, et de l’économe diocésain, Régis Mabille, au 45 route de Neufchâtel où a été déposé un fonds d’environ 4000 livres anciens. Pour permettre l’installation de l’Historial Jeanne d’Arc, ils ont été déménagés de l’archevêché où ils avaient été installés à la fin de la guerre dans des conditions d’ailleurs peu favorables à leur conservation. Le réaménagement de la Bibliothèque permet de lui donner une identité précise : bibliothèque de sciences religieuses et d’histoire locale dont les premiers bénéficiaires sont les étudiants du Centre théologique universitaire. Aussi est-ce avec beaucoup de reconnaissance et d’émotion que nous avons reçu le don de Marc Vénard. (Je salue respectueusement son épouse). Nous aurions aimé qu’il soit avec nous aujourd’hui. Lors de ses obsèques en l’église Saint Vivien, ses amis ont rendu hommage à sa compétence – il a été l’un des pionniers de la nouvelle approche en histoire des religions – à sa bienveillance, à sa modestie et à ses engagements en particulier au Centre des Intellectuels catholiques français que présida René Rémond et qui fut, avec les Semaines sociales, un foyer de rayonnement spirituel et un creuset de réflexion sur les questions de foi et de culture. Il a favorisé au moment du Concile Vatican II dont nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire de la clôture, la réconciliation de l’Eglise avec le monde de ce temps.

Je garderai un vif souvenir de mes échanges avec Marc Vénard, tout particulièrement du dernier, au début de l’été, où il est venu à l’archevêché me partager son analyse de l’actualité ecclésiale et sociale, attentif à la réalité des faits et des événements, avec le souci de les comprendre en les interprétant à la lumière de leur inscription dans une longue histoire et une tradition. L’inauguration de cette bibliothèque et des archives diocésaines s’inscrit dans l’attention que le diocèse de Rouen porte à la culture. Elle se traduit depuis dix ans, parmi diverses manifestations, par le festival Courant d’Art proposé par la Direction diocésaine de la Culture, et par celui de L’Inédit à l’initiative de la Maîtrise et des Chœurs Saint Evode. Tous les deux sont dédiés à l’art contemporain. Un prochain colloque en explicitera la dimension spirituelle. Présidé par Mgr Pascal Wintzer, y interviendront Jean-Luc Marion ainsi que des professeurs et des conservateurs de l’Université et des Musées de Rouen (Je salue Frédéric Cousinié et Sylvain Amic qui nous accueillera une matinée au Musée des Beaux-Arts).

Dans son Testament de Jean-Paul II, Dominique Chivot écrit que, tirant les leçons de la chute du Mur de Berlin, Jean-Paul II estimait que c’était la culture et non l’économie qui était le vrai moteur de l’histoire.

Et je retiens également ces paroles de son discours à l’UNESCO, le 2 juin 1980 : « L’homme vit d’une vie vraiment humaine grâce à la culture […] La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage, […] accède davantage à l’être. »

A l’heure du numérique on peut sans doute se demander ce qu’il en sera demain du livre et des écritures. Nous ne pouvons pas vivre aujourd’hui sans apprendre cette nouvelle écriture.

Mais comme l’écrit le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium : « le croyant (mais je pense qu’on peut le dire de tout homme) est fondamentalement quelqu’un qui fait mémoire » (13). La nouveauté ne doit pas être un déracinement ni un oubli de l’histoire

Conserver les archives, offrir des livres à la consultation de ceux et celles qui sont en quête de vérité, c’est servir l’homme et son épanouissement spirituel. C’est aussi apporter sa part à la construction d’un vivre ensemble. En favorisant la circulation des idées non seulement parce que tout le monde a le droit de s’exprimer, on sert une culture du débat. Celui-ci permet en effet que, sans renoncer à ses convictions, nous nous enrichissions de la vérité approchée et aperçue par l’autre. (Les théologiens du Moyen Age chrétien ont su le faire en Occident en se confrontant à la pensée des Juifs et des Arabes, Maïmonide, Averroès, Avicenne). Notre temps en a particulièrement besoin s’il veut être un espace où chacun pourra vivre en étant assuré d’être reconnu et respecté dans sa dignité. Mais pour comprendre son présent et préparer son avenir il faut avoir le courage de regarder en face son passé hérité. Il faut aussi accepter l’autre dans ce qu’il pense être le plus intime de son identité et qu’il accepte librement de partager.

« La culture, écrit Claude Dagens, […] est le milieu vital de l’existence humaine, c’est l’air que l’on respire, c’est ce qui façonne notre façon non seulement de penser et de parler, mais de nous comprendre nous-mêmes et de nous situer dans le monde et par rapport aux autres » (Catholiques en France, réveillons-nous !).

Nous sommes heureux, à la mesure de nos moyens bien qu’ils demeurent somme toute modestes, d’y apporter notre contribution.

5 février 2015

Jean-Charles Descubes Archevêque de Rouen

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Voeux 2015

Archevêché de Rouen

Vœux de l’archevêque de Rouen aux Seinomarins du diocèseVector 2015 Happy New Year background

L’année 2014 s’achève dans un climat morose lié aux difficultés économiques et aux tensions internationales. A travers le monde comme dans notre pays,

nombreux sont ceux qui n’auront pas vécu dans la joie
les récentes fêtes de Noël.

Et, dans le même temps, nous avons été témoins d’attentions délicates et de gestes de solidarité. On se sent instinctivement plus paisible et proche des autres pendant cette période.

Que sera l’année 2015 ? Beaucoup la voient arriver sans illusion. Les contraintes mondiales donnent l’impression que les lieux de décision sont trop éloignés des préoccupations quotidiennes qui ne semblent guère prises en compte. Il est important que les dirigeants gardent une vraie proximité avec leurs administrés. Si les études et les prospectives sont indispensables, les rencontres directes le sont également.

La résolution des conflits internationaux nous dépasse avec des avancées comme le rétablissement des liens entre les Etats Unis et Cuba, et des situations douloureusement problématiques en Ukraine, au Proche Orient, en Centre Afrique …

Et cependant il dépend aussi de nous que 2015 soit une année heureuse :

• En se faisant confiance sans se laisser aller aux peurs toujours mauvaises conseillères. Elles naissent lorsque l’on regarde les autres avec des préjugés ou qu’on les enferme dans des schémas préétablis. A l’inverse l’accueil et la bienveillance dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos activités quotidiennes construisent la confiance.

• En se mettant au service de la paix : différente de l’absence de conflit, elle cherche à procurer à chacun une juste et digne place. Quand se côtoient le luxe et la pauvreté, faut-il s’étonner que surgissent des violences ?

• En ayant l’audace et le courage de consentir aux réformes qu’imposent les défis économiques et environnementaux à relever. La solidarité avec nos proches, avec les peuples du monde et avec les générations à venir est une invitation à trouver la bonne mesure entre la satisfaction des besoins vitaux et le désir de posséder toujours plus.

D’ailleurs dans le climat incertain que nous connaissons, brillent des lieux de stabilité et d’espérance : la famille dont tous les sondages se plaisent à noter combien nous y sommes tous attachés ; les élans spontanés de générosité lorsque surviennent des catastrophes ; sans oublier les initiatives individuelles et associatives, les élans artistiques qui rendent plus humain et plus fraternel notre vivre ensemble.

Chacun peut apporter sa pierre et sa voix, si petites soient-elles, pour construire un monde de relation plutôt qu’une société de haine et d’opposition, et pour donner autour de soi le goût de vivre. Demain n’est pas aussi noir qu’on l’imagine.

Bonne année.

Jean-Charles Descubes
Archevêque de Rouen