Deuxième dimanche de l’Avent – cathédrale Notre-Dame – 4 décembre 2016

Deuxième dimanche de l’Avent (A)

Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 4 décembre 2016

Is 11, 1-10 ; Ps 71
Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12

Homélie

« Le loup habitera avec l’agneau » (Is 11, 6). Frères et sœurs, cela sent Noël, un Noël de paix.

Déjà, notre ville est à l’heure de Noël : les rues s’illuminent ; La cathédrale est entourée par le marché de Noël. Et nos vies, nos cœurs, sont-ils à l’heure de Noël ? Sommes-nous prêts à la cohabitation du loup avec l’agneau, ou pour rester normands, à celle du léopard et du chevreau (cf. Is 11, 6) ?

N’allons pas trop vite … accueillons Jean le Baptiste, accueillons sa prédication et accueillons l’annonce du baptême dans l’Esprit Saint.

Accueillons Jean le Baptiste. Souvenons-nous, c’est le cousin de Jésus. Ils se sont rencontrés, chacun étant dans le ventre de sa Maman : Elisabeth et Marie. Depuis quelques temps, Jean le Baptiste s’est consacré à Dieu. Sa vie, ses vêtements, sa manière de manger, rappelle l’histoire du Peuple d’Israël. Elle s’est déjà jouée au désert et à la traversée du Jourdain. Son salut, c’est la rencontre avec Dieu et la main puissante qui écarte les eaux. Au temps de l’avent, nous préparons notre cœur à l’événement unique de l’histoire de l’humanité. Pouvons-nous le faire sans nous souvenir de ce que Dieu a déjà fait pour nous ? Pour cela, nous avons bien raison d’allumer quelques bougies sur une couronne d’Avent.

Jean Baptiste est suivi : « Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui » (Mt 3, 5). Sa prédication devient rude : « Engeance de vipères !» (3, 7). Accueillons-la.

Pour Jean Baptiste, les pharisiens et les sadducéens font le jeu du serpent de la Genèse, le jeu du diable. Peut-être même craint-il qu’ils lui ressemblent : « engeance de vipères ! (Mt 3, 7)» Il précise d’ailleurs le reproche : « N’allez pas dire en vous-mêmes « nous avons Abraham pour père » (Mt 3, 9). Les pharisiens et les sadducéens tirent orgueil de ce qui n’est pas leur mérite. Ils ont pour père Abraham, certes, mais cela est plus une mission qu’un gage de bonne conduite. Combien de fois, lorsque je demande à quelqu’un s’il est chrétien, ne me répond-il pas : j’ai un grand’oncle prêtre ou une grand tante religieuse, ou bien mon père était enfant de chœur, ma mère faisait le catéchisme ! L’arbre est planté. La question est celle des fruits : « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu », avertit Jean le baptiste (Mt 3, 10). Les bougies de notre couronne de l’Avent vont-elles s’éteindre ?

Accueillons enfin la promesse du baptême dans l’Esprit Saint. Jean le baptiste ne peut que constater l’absence de fruits. Mais « Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi », dit-il. « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3, 11). Malgré l’histoire du peuple choisi depuis Abraham, malgré la longue lignée des rois, des grands prêtres et des prophètes, seul Jésus peut plonger dans l’Eprit Saint, et brûler la paille pour laisser apparaître le bon grain.

Frères et sœurs, voici un bon chemin pour nous préparer à Noël, à la paix de Noël : nous souvenir de ce que Dieu a fait pour nous sans en tirer orgueil ; reconnaître que nous sommes parfois du côté du diable, et donner à Dieu la chance de nous recréer.

Le sacrement du pardon est fait pour cela, comme un nouveau baptême. La confession comprend ces trois actes : Ecouter la Parole de Dieu qui dit ce qu’il fait de bon ; se reconnaître pécheur et, donc, avouer son péché, et accueillir la miséricorde … pour porter du bon fruit. En célébrant le sacrement du pardon, nous passons de Jean le Baptiste à Jésus et à son Esprit Saint. Qu’aucun d’entre nous ne reste à Jean le Baptiste ! Continuons d’allumer les bougies de la couronne de l’Avent. Eclairons notre vie personnelle par le sacrement du pardon qui chasse les ombres.

Tout à l’heure, Jésus sera présent sur l’autel. Je dirai une prière qui demande la paix. Cette paix, elle vient de Dieu, pour éclairer nos vies et leur chemin. Les servants d’autel prendront un peu de lumière sur l’autel et allumeront une deuxième bougie de l’Avent. Nous marquerons ainsi que ce n’est pas nous mais Lui, Jésus, qui donne la paix. Puis, je donnerai la paix aux servants qui vous la porteront. Attendez de la recevoir des servants avant de la donner à votre tour … communiant ainsi à la patience de Dieu devant notre péché, vous préparant ainsi à recevoir sa paix dans le sacrement du pardon, et dans la grande célébration de Noël.