Commentaires d’ Évangile, par Alain de Valon – Semaine du 3 au 7 avril 2017

Commentaires d’Evangile, par Alain de Valon

Semaine du 3 au 7 avril 2017

Lundi  3 avril 2017    (Jn 8, 1-11)

Ce matin, saint Jean nous parle de Jésus, et de la femme adultère amenée devant Lui par les Pharisiens. Les Pharisiens connaissent la Loi : cette femme qui a commis l’adultère doit être lapidée. Mais ils se disent : pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour tendre un piège à Jésus ?   Ils attendent qu’Il confirme le jugement qu’ils ont déjà rendu au fond d’eux-mêmes. Si Jésus ne dit pas que la femme adultère qu’ils Lui amènent doit être lapidée, alors son enseignement est contraire à la Tradition et à la Loi.

Ils sont deux à être pris au piège : la femme adultère et Jésus. La femme est une victime bien trouvée. Son sort est réglé, ou presque. Et les maîtres de la Loi et les Pharisiens n’attendent que l’avis de Jésus pour Lui régler son compte, à Lui aussi. Jésus est contraint de se situer par rapport à la Loi de Moïse : s’Il l’applique, la femme est lapidée ; s’Il ne l’applique pas, Il est condamné…

Alors, de façon énigmatique, Jésus trace des traits sur le sol. Est-ce pour dire que la Loi est aussi fragile que le sable, ou pour rappeler à chacun son origine d’être tiré de la glaise ?

Mais les accusateurs sont-ils eux-mêmes sans péché ? Jésus les renvoie à leur conscience : que celui qui s’estime juste lui jette la première pierre… Ainsi retournée, la question est désamorcée par la réponse de Jésus, qui renvoie de la Loi à la réalité concrète de la personne – celle de l’accusée, comme celle des Pharisiens. Ceux-ci se retirent les uns après les autres, les plus âgés d’abord

 

Quant à la femme, Jésus la délivre à la fois de ses accusateurs, et de son péché : « Va et ne pèche plus… » L’avenir s’ouvre alors pour elle, pour son mari, et – s’il le veut – pour celui qui a partagé la faute.

Seigneur Jésus, aujourd’hui, c’est vers moi que Tu Te penches. Donne-moi la grâce de me rappeler que ce n’est pas le péché qui nous éloigne de Dieu, mais de ne pas le confier à sa miséricorde.  Accorde-moi ton pardon, et la force de vivre dans ton amour.

 

Mardi  4 avril 2017    (Jn 8, 21-30)

L’évangile de ce matin nous montre le face à face de Jésus et des Pharisiens. Jésus confirme sa mission. Des paroles s’échangent, mais « Ils ne comprennent pas ! » Il y a un abîme qui sépare Jésus de ceux qui L’écoutent. En effet, son programme pour ceux qui veulent Le suivre a de quoi rebuter : n’avoir pas de lieu où s’arrêter, rompre tous ses liens, laisser sans cesse tout derrière soi, pour se laisser guider par la nouveauté de l’Esprit… C’est cependant ce qu’Il a fait Lui-même, quittant le « sein du Père », se faisant homme parmi les hommes, qui ne « L’ont pas reçu ».    « Vous êtes de ce monde, moi je n’en suis pas », leur dit Jésus. Qui pourrait Le suivre jusque-là ? Et Il précise : « Si vous ne croyez pas que ’’Je Suis’’, vous mourrez dans vos péchés. »

La parole de Jésus est dure, mais la situation l’est aussi. Jésus sait qu’on va le faire mourir, mais que grâce à sa mort, surgiront de nouvelles possibilités de vie. Et Il leur dit : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez qui Je Suis ». Oui, le remède à ce fossé d’incompréhension, c’est bien la Croix, qui se profile à l’horizon.

Jésus réaffirme sa volonté de « Faire toujours ce qui est agréable au Père ». Certains de ses interlocuteurs sont touchés, mais Il s’appuie peu sur eux : « Si vous croyez maintenant, demeurez dans cette foi » leur dit-Il, sachant bien que ces croyants d’un jour seront tentés de Le quitter. Il reste donc seul, mais avec le Père, qui ne L’abandonne pas.

Alors, dans la foule, on Lui pose la question : « Toi, qui es-Tu ? ». Interrogation sérieuse, ou bien dérision ? Dans la bouche des Pharisiens, on perçoit bien une méfiance : « Ton Père, où est-Il ? » On voit que pour eux, tout ce que dit Jésus est déraisonnable. Non seulement, Il se dit l’Envoyé du Père, mais Il prétend partager avec Lui un même être.

Cependant, quelques-uns ont vibré en entendant Jésus dire : « Je Suis ». En Jésus, ils ont reconnu le Dieu qui se révéla à Moïse  dans le buisson ardent.

Jésus est l’envoyé du Père. Il ne fait rien de Lui-même, et ici, Il vient le manifester au monde. Le Père est avec Lui, et Lui est avec nous. Dans quelques jours, Il ira jusqu’au bout pour que les hommes puissent devenir enfants de Dieu !

 

Mercredi  5 avril 2017    (Jn 8, 31-42)

L’évangile d’aujourd’hui fait suite à celui d’hier. Parmi les juifs qui écoutent Jésus, certains se sont mis à croire en Lui. Aussi va-t-Il les conduire plus loin par son enseignement. Ils sont prêts à se mettre à son école, mais jusqu’à un certain point… D’où vient que l’homme n’écoute pas Dieu ? D’où vient qu’à l’exceptionnelle parole de Jésus : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres », l’homme se dérobe, au lieu de s’émerveiller. La foi ne peut se vérifier qu’à travers les œuvres qui lui correspondent. C’est pourquoi Jésus précise : « Tout homme qui commet le péché est un esclave ». Il ne peut connaître la vérité, sa vérité, ni la liberté. Pour les personnes qui ont cru Jésus, voilà des propos agressifs ! Ils répondent : « Fils d’Abraham, nous n’avons pas besoin de toi pour être libres, ni de ton Père, nous avons le nôtre, ni de la vérité que Tu dis avoir vue chez Lui et dont tu veux nous persuader. »

Cette vérité vue par Jésus auprès de son Père avant de venir partager notre destin, c’est l’insondable mystère de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Il l’a vue aussi, certainement chaque jour de sa vie terrestre. C’était la bonne nouvelle qu’Il venait nous apporter. Mais les juifs, en face de Lui ne peuvent entendre cette parole de vie. C’est plus simple de supprimer la difficulté en mettant Jésus à mort, ce qu’ils feront bientôt.

Jésus est la Vérité. Il est la manifestation visible de l’amour de Dieu pour nous. Si sa parole a prise sur nous, si nous croyons en Lui, Il nous purifie de tout péché et nous délivre de tout ce qui nous oppose à Dieu, Il nous rend libres, car notre vraie liberté c’est notre condition d’enfants de Dieu. Devenus fils dans le Fils, tout ce qui est au Père est à nous. Toutes les richesses de bonté, de compassion, de miséricorde de Dieu sont à nous. Oui, si nous demeurons en Jésus, Il éloigne de nous tout ce qui nous arrête, et nous serons vraiment libres pour aimer.

Seigneur Jésus, donne-moi la grâce de Te suivre, et de m’abandonner à l’amour du Père.

 

Jeudi  6 avril 2017    (Jn 8,51-59)

Dieu avait promis qu’Il enverrait un Messie pour sauver son peuple. Abraham a eu foi en cette promesse et s’en est réjoui. Ses descendants, héritiers des promesses de Dieu, étaient, en principe, les mieux préparés pour reconnaître et accueillir le Messie.                                                                        Jésus vient. Il propose la vie éternelle à ceux qui croiront. Passé par le désert, Il est Celui qui accomplit l’Alliance par le don de sa vie. Et Il vient, ce matin, nous offrir d’entrer dans la joie de voir son jour, en annonçant : « Si quelqu’un reste fidèle à ma parole, il ne verra jamais la mort ! »  Mais le peuple élu ne connait plus le Père et ses promesses. Il voit en Jésus non le Messie, mais un « possédé » qui se targue d’être plus grand qu’Abraham !

Aujourd’hui, pour l’honneur du Père, Jésus tente l’impossible dialogue. Mais scribes et Pharisiens croient connaître Dieu : « Il est notre Dieu », disent-ils. Et, s’insurgeant contre les paroles de Jésus, ils Lui demandent : « Qui prétends-Tu être ? » Jésus s’affirme, au-delà du temps et de la mort. En son Père, Il peut dire : « Je Suis ». « Je Suis », c’est le Nom du Dieu du désert, Dieu de l’Alliance manifesté dans le feu du buisson ardent. Alors, aussitôt, les juifs esquissent le geste de la lapidation, prescrite par la Loi : Jésus a blasphémé en se faisant passer pour Dieu : il faut donc Le lapider ! Jésus se dérobe : ce n’est pas ainsi qu’il doit mourir. Quand ce sera l’heure, il ira au devant de ses bourreaux, en toute liberté.

Dans ce long face-à-face entre Jésus et les juifs, s’opposent les jugements purement humains et la Vérité du Fils, vrai homme et vrai Dieu. Tout au long du dialogue, les deux niveaux de pensée s’éloignent jusqu’à l’infini, comme est infinie cette distance entre les hommes et leur Créateur. Dieu désire nouer avec sa créature une relation de profond amour. Il rejoint l’homme dans son intelligence, qu’il trouve éveillée… ou égarée. Mais Il ne force pas son adhésion. Par sa Parole, Il propose une véritable relation d’amour.

Seigneur Jésus, donne-moi la grâce d’accueillir et d’implanter en moi ta Parole de vie !

Vendredi  7 avril 2017    (Jn 10, 31-42)

Le passage d’évangile de ce matin fait état d’une controverse entre Jésus et les Pharisiens. On y voit des accusations de blasphème, des menaces de lapidation, et des citations de l’Ecriture, mais aussi, la révélation involontaire par les juifs de l’identité de « l’Envoyé du Père » : « Toi qui es homme, tu Te fais Dieu ! »

Comme le dit Jésus à ceux qui veulent L’arrêter, ce n’est pas à cause de ses discours, mais plutôt de ses œuvres que ces hommes Lui veulent du mal. Jésus, par sa vie, a compromis à leurs yeux l’image traditionnelle de Dieu : les actes qu’il a posés ne sont pas compris, les signes sont mal interprétés. Sa liberté par rapport à la Loi, par rapport au sabbat, mais aussi par rapport au pouvoir politique comme religieux repose sur la liberté vis-à-vis de Dieu. C’est son comportement qui amène ses contemporains à en déduire qu’Il se prend pour Dieu. Qu’un homme puisse être également Dieu, c’est pour eux un concept trop difficile…

Alors Jésus, reprenant le Psaume 81, cite : « Je l’ai dit : vous êtes des dieux, vous tous. » Si donc Dieu nomme « dieux » ceux qui ont pour mission de parler en son Nom, mais ne se conforment pas à sa parole, à plus forte raison Jésus, qui agit en conformité avec les œuvres du Père, ne blasphème-t-Il pas lorsqu’Il se prétend Fils de Dieu.

Mais aussi, cette réponse de Jésus dessine notre avenir : tel est bien le don que nous fait Dieu : Il nous appelle à participer à sa propre vie, à devenir nous aussi, par adoption, fils de Dieu.

Sous la menace, Jésus va se retirer au désert, offrant aux juifs se faire oublier. Son heure n’est pas encore venue. Sa mission n’est pas encore totalement accomplie. Mais tous ceux qui vont Le rejoindre là où tout a commencé veulent L’écouter encore. Et beaucoup crurent en Lui.

Seigneur Jésus, Toi qui es le Fils, Tu T’effaces sans cesse devant le Père que Tu annonces, et cet effacement même Te révèle aux hommes comme étant l’Amour. Donne-moi la grâce d’accueillir ton amour au plus profond de moi, pour pouvoir le donner en retour à mes frères.