Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ – Monastère de l’Immaculée Conception – jeudi 15 juin 2017

Solennité du Saint-Sacrement
du Corps et du Sang du Christ

Monastère de l’Immaculée Conception
jeudi 15 juin 2017

Dt 8, 2-3.14b-16a ; 1 Co 10, 16-17
Jn 6, 51-58

Homélie

« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite » Dt 8, 2.

Frères et sœurs, la longue marche continue. C’est la longue marche de l’humanité et la longue marche de l’Eglise.

Tout à l’heure, nous pourrons processionner dans le jardin, reprenant la tradition interrompue l’an dernier à cause des travaux. Ce n’est pas simplement pour faire une chose différente. C’est bien parce que Dieu accompagne la longue marche de l’humanité. La présence de l’Eucharistie donne le sens à notre procession, le sens à notre marche errante.

« Le Seigneur te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non » (8, 2).

Mes sœurs, vous avez fait vœu de pauvreté. Il y a la pauvreté matérielle ; il y a aussi des pauvretés spirituelles. La rareté des vocations est, sans doute, l’une des pauvretés les plus difficiles à accueillir. « Il voulait t’éprouver ». Nous ne pouvons l’accueillir que comme une épreuve. Au sens biblique que nous venons d’entendre, c’est pour purifier notre cœur, « savoir ce que tu as dans le cœur » dit Moïse au peuple d’Israël.

Remarquez bien que Moïse s’adresse au peuple comme s’il s’agissait d’une seule et même personne. Cela interdit de croire que la purification du cœur serait réservée à quelques-uns, ces quelques-uns qui seraient responsables de notre pauvreté. Combien sommes-nous tentés de dire que la pauvreté en vocation, c’est la faute des jeunes, des parents, des évêques, des supérieures, des écoles, des prêtres, ou de la société.

La célébration de l’eucharistie nous rend humbles, tous. Dans votre charisme, mes sœurs, il y a l’adoration pour la réparation de nos péchés et des péchés du monde. Cet acte éclaire la profonde solidarité de l’humanité dans le péché, et plus encore dans son salut, en étant uni à Jésus, le Saint qui n’a pas péché et a pris sur lui tous nos péchés.

« Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connu – pour que tu saches que l’homme ne vit pas de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur » (8, 3).

La pauvreté est une épreuve. Elle est plus cruelle pour certains. L’avant-dernier dimanche de l’année liturgique sera une journée mondiale des pauvres. Le Pape François veut rappeler combien la charité et l’Eucharistie sont liées, la pauvreté et l’Eucharistie, l’Eucharistie qui est la Parole de Dieu faite chair. Elle vient de la « bouche du Seigneur » : « Ceci est mon corps livré pour vous ».

L’Eucharistie nous transforme et nous appelle à rejoindre ceux qui n’ont même pas le pain pour vivre. Elle est vraie nourriture qui apprend à nourrir ceux qui ont faim, faim dans leur corps, faim de justice, faim de respect, faim de paix.

Pour combatte la pauvreté, Dieu nous donne son Fils qui s’est fait pauvre. Il nous invite à communier à son Corps livré par amour. Et communier au corps livré, c’est nous livrer nous-mêmes.

Frères et sœurs, en cette fête, demandons à Dieu la grâce de recevoir dans l’Eucharistie la nourriture qui apaise la faim, en nous unissant à l’amour de Jésus pour tous, en premier pour les plus pauvres.

 

✠  Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.