Deuxième dimanche de l’Avent

Deuxième dimanche de l’Avent (B)
Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 10 décembre 2017

 Lectures de la messe : Livre du prophète Isaïe 40, 1-5.9-11) ; Psaume 84 ;
Deuxième lettre de saint Pierre apôtre (3, 8-14) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (1, 1-8)

Homélie

« Commencement de l’Evangile de Jésus » (Mc 1, 1).

Frères et sœurs, dimanche dernier, les textes bibliques invitaient à accueillir Dieu le Père. Aujourd’hui, l’Evangile selon St Marc, invite à accueillir Jésus, le Fils.

St Marc appelle son évangile l’Evangile de Jésus. Le mot « évangile » désigne une grande nouvelle. Le projet de Dieu est inscrit depuis toujours dans son cœur de Père qui aime ses enfants, rassemblés ou dispersés. Avec Jésus, son projet entre dans sa phase décisive, nouvelle, il devient « grande nouvelle ».

L’ancien et le nouveau se mêlent. L’ancien car « Dieu est fidèle » rappelait St Paul dimanche dernier (1 Co 1, 9) ; St Pierre dit aujourd’hui qu’il est patient. Le nouveau advient, car qui peut imaginer un tel Dieu dont le Fils devient l’un de nous ? Que Dieu soit comme un Père émerge dans le courant prophétique. L’humanité orpheline ressent ce besoin d’être aimée, pardonnée, engendrée à une vie plus belle. Le nouveau, c’est Celui qui apparaît au Jourdain, là où on ne l’attendait pas, avec les pécheurs qui entendent l’appel à la conversion.

« Moi, je vous ai baptisé avec de l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » (Mc 1, 8).

Jean incarne la longue préparation de la venue de Jésus. Il se nourrit des fruits du désert, les sauterelles et le miel sauvage, y rappelant la rencontre de Dieu avec son peuple. Jean est vêtu de poils de chameaux comme le prophète Elie. On disait d’Elie qu’il reviendrait pour annoncer la venue du Messie. Voici le moment.

« Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ».

Jésus est le Fils. Et il baptise dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire, littéralement, il plonge dans l’Esprit Saint.

Une nouvelle ère commence. Elle dépasse les rites et les lois. Il faut se laver les mains ; désormais il faut se purifier tout entier en étant plongés dans l’Esprit Saint. Il faut respecter des lois ; désormais il faut vivre inspirés par Dieu qui est amour. Le « jour de Dieu » a commencé. Il doit aller vers son accomplissement.

St Pierre en tire les conséquences. Il parle de l’avènement du jour de Dieu en disant aux disciples : « faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix » (2 P 3, 14).

« Sans tâche ni défaut », cela va plus loin qu’en règle. La tâche, c’est ce que nos péchés produisent sur nous, en nous défigurant. Le défaut fait référence à ces objets fabriqués dans une matière homogène et qui souffre d’un défaut, d’un manque, d’une présence étrangère qui le rende inutile ou lui font perdre une grande partie de sa valeur.

L’Avent nous met dans la belle perspective du « Ciel nouveau et de la terre nouvelle » (2 P 3, 13). Elle suppose de nous laisser adopter par notre Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Elle nous met dans la joie d’être façonnés par l’Esprit Saint. Dans cette famille, notre place est celle du frère ou bien de la sœur du Fils. A nouveau, aujourd’hui, au moment du geste de paix, disons : « Frère » ou « bien sœur », « la paix soit avec toi ».

Voulons-nous y croire ? Ou bien laissons-nous entrer dans la tentation d’une perspective de vie au rabais ? Voulons-nous y croire ? L’Eglise y croit en nous proposant le sacrement de réconciliation en ce temps de l’Avent. Jeudi aura lieu la journée du pardon où les prêtres seront disponibles pour une nouvelle plongée dans l’Esprit Saint. Chaque jour, à la cathédrale, des prêtres vous proposent de renouveler « le baptême dans l’Esprit Saint ».

Frères et sœurs, ne retardons pas la venue du Seigneur !

 Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.