Extrait du discours du ministre de l’Intérieur, M. Gérald Darmanin

« Mettre à mort un prêtre, c’est tenter d’assassiner une partie de l’âme nationale. »

Le 26 juillet 2016, devant ses fidèles, au pied de l’autel, dans l’église de Saint Etienne du Rouvray, le Père Hamel fut la victime de tueurs enfermés dans la haine et la folie meurtrière. Ce crime nous a tous laissé dans un état de sidération. Il a meurtri la France entière et tous les Français. Par sa cruauté et son injustice profonde, il nous a amèrement rappelé que les hommes sont capables de tomber l’abîme. Dans l’abîme du fanatisme et dans celle de la culture de mort, qui guide trop souvent notre société dans la négation de ce lien profond qui nous unit, ce lien que l’on appelle fraternité et que les terroristes veulent assassiner. […]

Le Père Hamel avait choisi le chemin de la douceur. Celui qui refuse l’emballement mimétique. Celui qui permet de dépasser la violence, les actes barbares, par l’amour de l’autre, par acceptation de l’altérité. Ce qui conduit à dialoguer avec l’ennemi, à pouvoir considérer l’agresseur comme « l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce qu’il faisait […], qu’il nous sera donné de retrouver, larrons heureux, en paradis» comme l’écrivait Dom Christian de Chergé, supérieur au monastère de Tibhirine, pardonnant par avance à ceux qui finiront par lui enlever la vie, à lui et à six autres de ses frères.

Ce chemin tracé par le Père Hamel, c’est aussi celui que vous avez choisi, vous, membres de l’Eglise de France. Vous n’avez pas cédé à la tentation du repli et à la colère. Au désir de revanche, de la violence. Non, vous avez fait le choix de l’union et de la paix. Vous avez fait triompher le goût de l’autre et de la vie. Et tout le monde vous a suivi. Comme Anouar Kbibech, alors président du conseil français du culte musulman, qui, le jour même de ce terrible attentat, a eu ces mots :  » Aujourd’hui, je le dis du fond du cœur, nous sommes tous des catholiques de France !  » […]

L’assassinat du Père Hamel n’a pas touché que les chrétiens. Il a touché toute la France en son cœur et en son esprit. Mettre à mort un prêtre, au cœur de l’une des églises qui compose le long manteau des édifices qui rythment depuis longtemps les paysages de notre pays, c’est tenter d’assassiner une partie de l’âme nationale.

Quatre années après, nous nous souvenons de son action. De ce drame. Et nous n’oublions pas.

Nous n’oublions pas que le Père Hamel est mort sous les coups de la barbarie la plus infâme et la plus aveugle, celle commise au nom d’une idéologie meurtrière, une idéologie niant sa foi et ses plus profondes convictions, nous n’oublions pas qu’il fut tué par la barbarie islamiste. Mais nous n’oublions pas non plus que ce qui nous rend avant tout humain, c’est cette force qui rend plus supérieur encore, celle de l’humanisme face à l’obscurantisme.

Je le dis aux croyants dont le gouvernement respecte et protège le culte, cette force, cette union qui nous transcende et nous dépasse, c’est aussi la République. Et c’est, au sein de ces valeurs les plus fondamentales, au cœur de nos lois et forgée par notre Histoire, la laïcité qui permet à chacun de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer, de perdre foi ou de la retrouver, de se convertir ou de caricaturer. La République n’est pas la négation des religions. C’est bien au contraire le choix d’accepter et de respecter l’autre : dans ses origines, dans sa foi, dans ses croyances, dans sa vie intime et de ne jamais le priver de cela.

Message du ministre de l’Intérieur sur le livre d’or de la paroisse :

« En ce 26 juillet 2020, je salue, au nom du Gouvernement de la République, la mémoire du père Jacques Hamel dont l’humanité et la fraternité sont un exemple pour nous tous.

Je salue la famille et les proches, je salue l’Église de France, qui le suit sur le chemin de l’espérance.

Nous pensons à la France qui n’est jamais aussi belle et aussi forte quand elle est unie. »

Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur