Méditation de Carême

En ce temps complexes, ces paroles d’espérance nous font du bien. Notre monde a besoin d’espérance alors que tant de raisons de désespérer nous assaillent.

Et nous avons justement de nombreuses raisons d’espérer.

La première d’entre elles, ce sont ces paroles du Seigneur qui nous rappelle qu’à la fin, le règne de Dieu sera définitivement établi. Le Seigneur n’abandonne jamais son peuple. Il n’abandonne jamais ses enfants. Prenons le temps de faire mémoire de tous les bienfaits de Dieu que nous avons déjà reçus.

Une autre raison d’espérer, c’est cette nouvelle Semaine Sainte qui va s’ouvrir. Nous ferons encore une fois mémoire du don total du Christ qui vient nous sauver. Nous nous souviendrons que le Christ a définitivement vaincu le mal et la mort. Par sa mort, les portes du ciel se sont ouvertes. Et pas même une pandémie ne viendra les fermer.

Enfin, chacune des initiatives vécues dans nos paroisses en ce temps de pandémie sont autant de raisons d’espérer. L’Esprit est à l’œuvre dans l’Église.

Alors, que ce temps où nous mettrons nos pas dans ceux du Christ au moment de sa passion nous aident à tenir haut ce flambeau de l’espérance pour notre monde. Nous en avons le devoir.

Seigneur, fais de nous la lumière du monde !

Père Vincent de Labarthe

Retrouvez toutes les méditations du temps de Carême

 « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret, ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». (Mt, ch. 6)

Le Mercredi des cendres, en nous faisant entrer dans les 40 jours du Carême, nous rappelle à travers l’évangile de saint Matthieu, les 3 grands axes de la conversion : L’aumône, la prière et le jeûne.

La prière, ainsi située, s’offre comme charnière entre l’aumône et le jeûne !

Prier, me retirer en silence, dans le secret de mon cœur, de ma plus grande intimité, ce que saint François de Sales appelle « la fine pointe de l’âme » c’est fermer la porte à toutes les injonctions qu’elles soient familiales, politiques, économiques, publicitaires et  même religieuses.

Prier c’est me retrouver unique devant le Père qui m’espère, et aimé comme Jésus Lui-même a été aimé.

C’est ainsi que je me découvre fort et faible, en  situation de précarité car je n’ai pas fait le bien que je voulais faire et fais le mal que je ne voulais pas comme le dit saint Paul. Mais c’est avec la miséricorde du Père que je me relève et retrouve le but de la création, ma mission de baptisé, le sens de la justice et du partage à mettre en pratique, un goût plus grand du service en Eglise. Jour après jour  ma conversion se fera avec l’aide de l’Esprit Saint.

C’est cette prière intime, personnelle, renouvelée qui m’ouvre d’un côté à l’aumône, au don sans attente de retour, et de l’autre au jeûne qui me rappelle que je ne vis pas seulement de pain mais aussi de la Parole du Père. Prier chaque jour et se tenir vivant devant la lumière du Père, le don du Fils  et la force de l’Esprit, voilà qui me mène sur le chemin de Pâques, dans la Paix et l’Espérance, pourquoi pas dans la joie ? Je peux aussi m’offrir au Seigneur pour qu’Il puisse trouver en moi sa joie !

 Alors, n’est-il pas venu le temps de prendre une résolution concernant la prière en cette aube du Carême ?

Françoise Langlois,
Service de Vie Spirituelle

« Choisis donc la vie pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu » (Dt 30, 15-20)

Cet extrait du Deutéronome nous rappelle l’importance du choix, libre, fait maintenant et ici, sur cette terre et dans ce monde.

Choisir la vie, aimer le Seigneur, c’est choisir le bonheur !
Pas toujours facile quand on est cerné par les difficultés de travail ou de santé, familiales ou relationnelles. On a même l’impression souvent de ne pas avoir le choix.

La situation sanitaire nous impose des contraintes, choisir la vie, c’est se saisir des opportunités, des espaces de libertés qui nous restent et décider d’agir plutôt que de subir, c’est faire preuve d’audace et d’imagination, prendre soin des plus fragiles et vivre au quotidien la fraternité.

La situation climatique pourrait aussi nous amener au découragement, choisir la vie c’est faire notre part, décider de changer progressivement nos modes de consommation, à notre rythme, mais toujours en allant de l’avant.

Puisons notre force dans la Parole, l’Eucharistie et la prière, mais également dans nos familles et nos communautés, et notre intelligence.

Faire le choix de la vie est un acte d’amour.
C’est aimer Jésus, s’aimer soi-même, aimer les autres et aimer le monde.
Ce temps de carême nous est offert, alors n’attendons pas.

Sylvie et Philippe Gravet,
Directeurs du service diocésain des familles

Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ?

N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?

Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. […]
Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » (Isaïe 58)

 

Les lectures de ce jour nous parlent du jeûne, mais de manière un peu inhabituelle. Elles nous présentent sa finalité, qui est la rencontre avec le Seigneur.

Ainsi, le prophète Isaïe nous montre que si nous pratiquons le jeûne qui plaît au Seigneur, il répondra à notre appel « Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira « Me Voici. » C’est d’ailleurs pour cela qu’il est inutile pour les disciples de jeûner en présence du Seigneur, comme le dit Jésus dans l’Evangile.

Mais pour nous, qui nous sentons quelquefois loin du Seigneur, peut-être par notre faute, où même lorsque nous pensons qu’il nous a délaissés, oui, c’est bien à nous que s’adresse cet appel à jeûner, car comme le dit Benoît XVI « le jeûne est offert comme un moyen pour renouer notre amitié avec le Seigneur ».

Alors, écoutons cette parole d’Isaïe, pour partager notre pain, accueillir les sans-abris, libérer les enchaînés… Entrons dans un jeûne qui nous décentre de nous-mêmes et de nos soucis pour nous tourner vers l’autre, et avec lui, vers le Seigneur. Ainsi, en renonçant à ce qui nous est superflu, nous avançons à plus grands pas vers Jésus, qui ravive nos forces et nous donne la joie.

Anne Derycke,
Animatrice Aumônerie des Jeunes – Yvetot

« Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. »  (Is 58, 11)

Voilà qui est apaisant et plein d’Espérance ! Ces temps troublés sont comme un désert : nous ne savons pas où nous allons, ni ce que nous allons devenir. Depuis un an, la désespérance peut frapper à la porte de certains, pour d’autres la lassitude grandit. On ne sort plus, on n’ose plus regarder l’autre, l’accueillir, lui sourire, lui donner. 

Bonne nouvelle, nous ne sommes pas seuls ! Nous avons un guide, le Seigneur qui nous invite à garder notre regard fixé sur lui, quelles que soient nos difficultés, nos douleurs, nos peurs, nos peines. 

Mais, Il nous conduit si seulement nous lui demandons. Apprenons donc à Le mettre à la première place. Donnons-Lui notre temps, offrons-Lui notre prière en toutes circonstances. N’ayons pas peur de Lui demander d’éclairer nos choix, nos actes, nos paroles, nos silences. Mettons-nous à Son écoute. Il ne nous abandonnera jamais. 

Non seulement, il comblera nos désirs, nous rendra nos sourires, la joie, l’envie, l’Espérance mais Il fera de nous des lumières, des témoins pour les autres. Oui, par Lui et avec Lui, nous pourrons rayonner, redonner du goût à la vie. 

Notre salut est là, avec lui. Alors, sans hésiter, « Suivons le guide ! » 

Anne et Olivier Join-Lambert
Membres EAP – Paroisse St Valery en Caux

1er dimanche de Carême

Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. (Mt 16,13-19)

À la profession de foi de Pierre répond la mission que Jésus lui confie.

Pierre confesse la vraie foi non pas avec les seules forces de son intelligence humaine, mais parce qu’il reçoit une révélation gratuite du Père. Il n’est pas un héros de la foi, il n’a pas de mérite particulier, il demeure un pécheur avec ses fragilités et ses infidélités.
Néanmoins Jésus lui confie la mission d’ affermir ses frères dans la foi et de veiller à l’unité et à la communion dans son Église. Tous les attributs de Pierre se trouvent être ceux du Christ (pasteur, pierre, clés). Il les lui donne en participation. Jésus ressuscité confirmera la mission après la Résurrection.

Nous savons que le rôle éminent de Pierre dans la foi de la communauté primitive est à l’origine de la primauté que tous les papes héritent de Pierre, dans la tradition catholique. D’autres Églises ont une approche théologique différente, elles croient que le ministère confié à l’Apôtre est personnel et non transmissible.

Aujourd’hui, nous nous souvenons des premiers mots du pape François au soir de son élection au siège de Rome : il a d’abord invité l’Église à prier pour lui. Il formule cette demande régulièrement à la fin de ses interventions publiques.

Aussi confions-nous dans notre prière la personne et le ministère apostolique du pape François, ce jour de la fête de la Chaire de St-Pierre.

Père Philippe Poirson

« Ne rabâchez pas comme les païens » (Mt 6,7)

« Ne rabâchez pas comme les païens » disait Jésus à ses disciples. Notre prière dit à sa manière l’image que nous nous faisons de Dieu et de nous-mêmes. Rabâcher exprime de notre part que nous estimons que Dieu peut être sourd, ou qu’il est occupé ailleurs, comme ironisait Elie devant les supplications des prophètes de Baal. Ou encore, qu’il estime qu’il n’est pas bon de nous donner ce que nous lui demandons. Jésus veut faire sortir la prière de cette logique de marchands de tapis qui se satisfont d’une bonne transaction ou se consolent d’une mauvaise.

« Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. » Avec Jésus, la prière devient une autre forme de relation, une réponse qui nous rend présents à celui qui EST, et avec lequel nous sommes si peu. « Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, dit une préface eucharistique, mais ils nous rapprochent de toi. » Ne pas rabâcher, c’est alors s’ouvrir pour s’entretenir avec Dieu, à la suite de Moïse, comme un ami parle à un ami. Et cela passe par un acte simple : commencer par se taire et écouter.

Père Sébastien SAVARIN

« Ne me chasse pas loin de ta face » (Ps 50)

« Ne me chasse pas loin de ta face », implore le psalmiste dans le psaume de ce jour. N’est-il pas étrange qu’il redoute cela, venant du Dieu qui a par ailleurs déclaré : « Cherchez ma face » (Ps 27,8) et qui, chez le prophète Osée, promet de « s’en retourner chez lui jusqu’à ce que les méchants se mettent à rechercher sa face » (Osée 5,15).

Notre Dieu en effet, attend que l’on se mette en quête de lui, que l’on cherche son visage. Sans doute on comprend que le pécheur ait peur, malgré cela, de se présenter devant le Juste et le Saint, quand bien même cette justice se veut miséricordieuse et pardonnante ; il a honte, il voudrait pouvoir présenter un visage pur, signe d’un cœur pur, devant la face divine.

Pourtant le Seigneur ne demande pas cela, il n’oblige pas à le chercher seulement si l’on n’a rien à se reprocher. Aller vers lui peut se faire à tout moment, et le péché serait justement de ne jamais se sentir digne de lui, au point de couper les ponts. D’ailleurs, ne pouvons-nous pas emprunter le court-circuit qui s’appelle Jésus-Christ, lui qui a fait connaître au monde le visage de Dieu, lui qui a pris un visage humain pour que nous puissions nous tourner, tout pécheur que nous sommes, vers le regard aimant du Père infiniment bon ?

Yves Millou,
directeur du service diocésain de la formation et 
directeur-adjoint de l’Institut Normand de Sciences Religieuses

« Quand je crie vers toi Seigneur, tu réponds à mon appel » (Ps 137)

Croyons-nous vraiment que notre Seigneur écoute la plainte, l’appel de ses enfants ?

Appeler Dieu c’est se tourner vers Lui. C’est mettre des mots sur notre souffrance, notre détresse, nos incompréhensions et, les proclamer devant le Christ, quitte à ce que ces mots deviennent ineffables, des cris d’appel au secours. Des cris, parce que nous avons mal, nous souffrons, nous n‘en pouvons plus. Le Seigneur entend le cri. Il a même une pitié particulière pour les pauvres, les petits qui se tournent vers Lui.

Le Seigneur est à nos côtés. Il est dans l’aujourd’hui de nos vies. Il attend que je me tourne vers Lui et Lui apporte ce que je vis. Lui-même a souffert sur la Croix, mais  il a tout donné pour moi. Il habite ma souffrance de sa présence et me donne la force de la vivre.

 Aujourd’hui ne sommes-nous pas invités à retrouver un moment de silence, à glaner dans notre vie quotidienne un éclat de la Bonté du Seigneur, de la Beauté de la création ? Le Seigneur est là ! Que son Esprit Saint ouvre nos yeux, nos oreilles pour l’accueillir. Que ce même Esprit ouvre nos mains pour aller vers l’autre, mon prochain, afin que, moi aussi, je lui apporte soutien et réconfort.

Donne-moi Seigneur tout au long de ce carême d’être attentif à ta présence, d’être proche de ceux qui appellent. Donne-moi toujours la force de crier vers Toi.

Christelle Alexandre et Philippe Carpentier

« Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5, 23-24)

 

Qui n’a jamais eu le cœur lourd en poussant la porte de son église ? Qui n’a jamais regretté cette parole blessante creusant un fossé de plus en plus profond ? Chaque dimanche, dans le secret de nos cœurs, ce sont les joies et les peines de la semaine que nous offrons au Seigneur. Mais, nous ne sommes pas seuls dans cette église. Dieu nous a donné des frères à aimer et à supporter : c’est là notre chance mais aussi notre défi ! L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables.

Alors, Jésus nous demande de ne pas suivre simplement des règles mais de nous impliquer intensément et personnellement. Il ne suffit pas de rester à la surface des choses. Il ne suffit pas de ne pas « tuer notre prochain ». Dans chaque acte que nous posons, dans chaque parole que nous prononçons, dans chaque regard que nous portons, nous devons nous revêtir de l’Amour du Christ.

Œuvrons pour que nos communautés paroissiales soient des lieux de pénitence, de fraternité et de charité.

Confions à Dieu nos difficultés et demandons-lui la force d’aller nous réconcilier avec notre frère que nous avons blessé.

Caroline et Jean-Marc Létondot

Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ». (Mt 5,43-45)

Aimer le prochain et haïr l’ennemi est une logique de ce monde ; c’est humain. Mais Jésus est Fils de Dieu, Il est l’Homme nouveau envoyé dans le monde pour nous apprendre par Son école d’amour parfait une autre logique, un commandement nouveau : aimer jusqu’à nos ennemis, et prier pour ceux qui nous persécutent.
Par Son cœur débordant d’amour et de miséricorde, Jésus nous révèle ainsi le vrai visage d’amour de Dieu. Suivant un raisonnement humain, aimer ses ennemis est très difficile, voire impossible. Mais avec Dieu, tout est possible ! En mettant en nous un regard nouveau, Il nous permet de voir combien nos ennemis sont malheureux, leur vie dominée par le mal, la méchanceté, l’injustice… En nous dotant d’un cœur neuf, Il nous offre d’être miséricordieux.
Par notre pardon et nos prières de délivrance, nous participons au projet du Salut de Dieu, sauver tous les hommes qui sont tous pour Lui Ses enfants. Nous devenons alors vraiment les fils de notre Père céleste.

Frères et sœurs, cet ennemi, c’est peut-être nous-mêmes, pauvres pécheurs. Aussi avons-nous besoin de réentendre cet appel en ce temps de Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile », « Soyez saint comme Dieu votre Père est saint ! » Amen.

Père Antoine NGUYEN

2e dimanche de Carême

« Que nous vienne bientôt ta tendresse,
car nous sommes à bout de force ! » Ps.(78 (79), 5a.8, 9, 11.13ab)

En cette période plus que complexe pour beaucoup, la tentation du désespoir est grande.

Un grand vide peut se faire sentir, compte tenu des mesures sanitaires. La vie actuelle nous éloigne les uns des autres. Nous avons plus souvent l’habitude d’appliquer les préceptes de Jésus en nous tournant vers nos prochains. Nous avions l’habitude de donner aux autres et de recevoir des autres. Aimer les autres en toute vérité est parfois plus facile que s’aimer soi-même.

Tel Jésus au désert, cette épreuve doit nous faire prendre conscience que nous avons en nous toutes les ressources de Tendresse que Dieu nous donne au quotidien, souvent à notre insu, à nous d’ouvrir les yeux. La solitude est le lot de tous. Il n’y a pas de différence entre les jeunes, les anciens, les célibataires, les personnes en couple, les familles. TOUS nous souffrons. Je ne connais personne en ce moment qui puisse dire « Je vais bien ».

Il peut sembler étrange de dire cela, mais profitons de notre souffrance pour sublimer notre Amour. Retrouvons au fond de nous-même cette grande TENDRESSE que Dieu nous porte depuis toujours. Cessons de diviser la société : nous sommes tous traités à la même enseigne, nous devons TOUS avancer ensemble vers l’inconnu sans perdre notre boussole intérieure qui nous permettra d’être éblouis par la lumière au bout du tunnel. Soignons-nous, aimons-nous nous-même sans détour pour mieux redonner bientôt.

Claire Linarès

Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Ez 18, 31)

Ces textes de ce jour nous invitent à l’écoute de ce que le Seigneur a à nous dire, mais ce qui est donné à écouter n’est pas facile à entendre. Pour l’entendre, l’accueillir, il est nécessaire de croire que Celui qui nous parle, nous parle de tout l’amour de son cœur.

En effet, dans toutes les Ecritures, l’amour de Dieu ne déborde-t-il pas pour nous ? Souvenons-nous : « Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas », dit le Seigneur » (Is 49, 15).

Oui, notre Dieu, Père, nous aime plus que l’amour d’une mère et d’un père réunis. S’il nous reprend, c’est parce qu’il croit et espère toujours en nous. Forts de cette certitude, nous pouvons écouter sa Parole, elle devient alors une invitation à nous laisser éduquer par elle. Dieu va jusqu’à nous partager sa souffrance, car la colère n’est-ce pas l’expression d’une souffrance ? Quelle est la souffrance de Dieu ? Il nous la dit : « J’ai vu la misère de mon Peuple ! »

Oui, écouter, c’est me laisser bousculer par ce que j’entends jusqu’à ce que la Parole s’inscrive au cœur de mes actes de tous les jours : « Apprenez à faire le bien, recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la veuve ».

En fait, l’écoute n’est-il pas l’autre nom de l’amour : « Ecoute et tu aimeras… ».

Sr Dominique de Maen

« Comment peut-on rendre le mal pour le bien ? » (Jr 18, 18-20)

Jérémie est prêtre du temple de Jérusalem et il constate que le peuple hébreu se souille en orgies et pratique les rites religieux de manière païenne. Dieu choisit Jérémie pour annoncer à son peuple qu’il doit changer. Jérémie souffre de cette situation et s’en ouvre à son Seigneur car le peuple se ligue contre lui pour le faire périr. Le Christ aussi sera affligé mais sa communion au Père est profonde et parfaite : Il n’exprimera que très peu sa plainte devant les hommes.

Jérémie apparaît comme une figure du Christ persécuté. Sa parole dérange, déstabilise. Le malheur annoncé pour Israël se produira. Souvenons-nous toujours que Dieu notre Père n’est jamais à l’origine du malheur de ses enfants. Dieu, comme dans la Genèse, propose toujours aux hommes la liberté. Mais aujourd’hui comme hier, il faut un passage du mal vers le bien, une pâque, une vraie conversion.

Les fils d’Israël refusent l’invitation à la conversion : « Mais ils disent : Rien à faire ! Nous suivrons nos propres projets ; nous agirons chacun selon les penchants mauvais de son cœur endurci » (18,12). Sur les bords de l’Euphrate à Babylone, les exilés auront beau pleurer et se lamenter, ils n’entendront pas l’appel du cœur.

Comment Jérémie pourra-t-il seulement proclamer : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (31,33) ? Quelle désolation pour ce prophète face à l’obstination de ce peuple qu’il aime et qui le fera mourir ! Et pourtant, quelle espérance pour nous tous ! La première conversion est peut-être d’accepter qu’un prophète puisse être souffrant : alors, un jour, on pourra recevoir un messie souffrant, limité, mortel et mis à mort. Avec Jérémie, nous sommes dans le scandale du mal sans rédempteur. Et pourtant il annonce l’alliance nouvelle, la sortie de l’exil, la libération. Le souffrant est l’homme de la promesse. Dans son mal, il ne manque pas de louer le Seigneur. À nous, dans le « combat spirituel » du Carême (liturgie du Mercredi des Cendres), de recevoir le rédempteur qui réconcilie les fils avec le Père.

Daniel Lesueur
Diacre permanent

« Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit. »  (Jr 17, 7-8)

« Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira. »  (Ps 1, 3)

 

La lecture et le psaume de ce jour nous donnent à regarder l’être humain, homme et femme, selon qu’il choisisse le camp des méchants, en se détournant du Seigneur, ou le camp des justes en mettant sa foi dans le Seigneur. Je ne vais pas vous “spoiler” : pas de surprise sur le devenir de chacun selon le camp choisi !

Cela paraît simple au fond : comme dans le Deutéronome où, par la bouche de Moïse, le Seigneur nous invite avec empressement : “Choisis la vie !”, il suffit d’oser la confiance en Celui qui, le premier, nous fait confiance et la renouvelle malgré nos infidélités. Et quelle vie Il nous promet : comme de l’eau vive en abondance, une source d’eau jaillissante pour la vie éternelle !             

Pour toucher le cœur  de leurs auditeurs, le prophète et le psalmiste ont emprunté leurs images à la création. L’eau y est très présente, cette eau si précieuse à notre vie au point qu’on en cherche les traces ailleurs dans l’univers… Sans eau, c’est le désert aride, “une terre salée, inhabitable” ; avec l’eau, tout est possible : le feuillage vert malgré la chaleur, l’arbre “qui donne du fruit en son temps”.  C’est encore cette eau que le riche demande à Lazare dans l’évangile. Et vous et moi, comment préservons-nous cette eau, bien commun de la création dont dépend notre vie ? Comment en usons-nous, en abusons-nous dans notre quotidien ? A travers le monde, notre maison commune, les “fameux” gestes barrières comme le simple lavage des mains, ne sont pas à la portée de tous, faute d’un accès à l’eau. Pourtant, aujourd’hui encore, le Seigneur continue de nous faire confiance pour protéger la création, son cadeau fabuleux. Accueillons ce temps de carême pour mieux nous ajuster à cette confiance.

Maïté Massot,
coordinatrice ACI,
responsable du comité Eglise Verte

Israël, c’est-à-dire Jacob, aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu’il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique de grand prix. (Gn 37)

 

Une tunique de grand prix. Dans la TOB1, on peut lire « une tunique princière ». Mais une note signale qu’on peut aussi traduire « tunique bigarrée ».

Je n’avais jamais fait particulièrement attention à ce verset du livre de la Genèse jusqu’à ce que je découvre la vidéo « Frères d’âme : architectes de paix »2, réalisée à la suite de l’attentat perpétré dans la grande mosquée de Québec le 29 janvier 2017. Rassemblés dans ce lieu de prière et de mémoire, trois hommes dialoguent : Hassan Guillet, Imam, Avi Finegold, Rabbin à Montréal, Gérald Cyprien Lacroix, Archevêque de Québec.

Pour évoquer la relation entre communautés religieuses différentes, le Rabbin cite le manteau de Joseph « à rayures multicolores » et dit : « Au Québec on croit à l’intégration. Tout le monde a sa communauté, tout le monde est distinct, mais tout le monde est intégré dans un manteau entier pour chauffer la communauté. »

Alors que le débat continue autour de la difficile question du séparatisme, puissions-nous recevoir du Seigneur la grâce d’être non de ceux qui déchirent le vêtement que constitue notre communauté nationale, mais de ceux qui sont heureux de le tisser par des relations fraternelles.

P. Pierre Belhache

 

1 Traduction Œcuménique de la Bible
2 Réalisée par l’Office de catéchèse du Québec – officedecatechese.qc.ca

Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ».

Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : « Mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” » (Lc, 15, 20)

Comme le père de la parabole attendait son enfant prodigue, avec les bras grands ouverts, comment Dieu ne désirerait-il pas que nous le fréquentions amoureusement ? Nous nous comportons de façon étrange, lorsque nous oublions de parler à Dieu, quand nous nous écartons de lui, ou agissons en tournant le dos aux appels ininterrompus de la grâce : laissons parler notre cœur, éprouver la nostalgie du foyer paternel, nous émerveiller, et nous réjouir de ce don que Dieu nous a fait d’être vraiment ses enfants, malgré tant d’erreurs et de manque d’affection.

Alors quand je m’éloigne de lui, quel qu’en soit le motif, je réagirai avec humilité, je commencerai et recommencerai, je me conduirai en fils prodigue tous les jours et même à plusieurs reprises au long d’une même journée ; la vie humaine est un perpétuel retour vers la maison de notre Père, une conversion du cœur, qui me pousse au désir de changer et la ferme décision d’améliorer ma vie par des œuvres de don de soi et d’attention désintéressée envers ceux qui m’entourent, mes frères.

Ô mon cœur, va à la confession, qui est un authentique miracle de l’Amour de Dieu. Le Seigneur lave ton âme dans ce sacrement merveilleux ; il t’inonde de joie et de force pour que tu ne défailles pas dans ta lutte, et pour que tu reviennes inlassablement à lui, quand bien même tout te semblerait obscur.     

Frédéric Trancart

3e dimanche de Carême

«  Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays  ».         

Nous allons à la messe le dimanche, comme les juifs de Nazareth se rendent à leurs synagogues parce que c’est le jour du sabbat. Comme eux, nous voulons honorer Dieu et écouter sa parole. Voilà qu’avant la fin de la célébration, le prédicateur, Jésus, est houspillé, traîné hors du sanctuaire et menacé de mort.                             

Les Nazaréens n’ont pas saisi leur chance de vivre avec le prophète par excellence. Comment comprendre que des gens pieux passent en si peu de temps de l’admiration à la haine ?

Jésus n’est pas revenu pour rester ici. Il rappelle à son auditoire que les prophètes Elie et Elisée ont agi pour des étrangers. En donnant ces exemples, Jésus rappelle à chacun que les prophètes ne parlent pas en leur nom mais au nom de Dieu.

Jérémie, lui aussi, a été envoyé par Dieu auprès du peuple. « Je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations… Lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai… Ne tremble pas devant eux… Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer ». Jérémie n’a rencontré qu’incompréhension et persécution. Jésus a partagé le sort des prophètes. Par son propos, il provoque la colère, la violence, il sera crucifié.

« Jésus, passant au milieu d’eux, allait son chemin »

Jésus est venu ouvrir un chemin de paix, en sacrifiant sa propre vie. Il est venu dire la Vérité qui conduit à la Vie… et certains ne l’ont pas entendu parce qu’ils ne voulaient pas l’entendre. C’est à chacun de nous que Jésus se présente comme Seigneur et Sauveur… Mais la liberté de l’accueillir ou de le refuser nous appartient !  

Béatrice Fourcade

« Seigneur, enseigne-moi tes voies,  fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,  car Tu es le Dieu qui me sauve. » (Psaume 24)

 Seigneur en ce temps de carême nous nous tournons humblement et librement vers Toi.

Enseigne-nous tes voies.

Enseigne-nous tes voies par l’écoute de ta parole et particulièrement celle des Evangiles qui nous montrent Ton fils Jésus comme modèle d’amour pour tout homme à travers ses actes et ses paroles. Il nous aide à changer notre cœur.

Fais-nous connaitre ta route.

Fais-nous connaître ta route par les Saints, les Pères du désert et tous ceux qui nous ont précédés dans la foi, ils nous montrent le chemin qui mène à Toi.

Fais-nous connaître ta route par le partage de nos vies avec nos frères, nos sœurs, nos proches. Dans les relations que nous tissons avec eux, apprends-nous l’accueil, l’écoute, la patience, l’humilité, le pardon, la tendresse, la joie…

Dirige-nous par ta vérité.

Par notre curiosité et notre intelligence, éclairés par ton Esprit, tu nous aides à discerner ta vérité.

Par l’Eucharistie et la prière, ouverture à ta présence et présence à nous-mêmes, véritables cœur à cœur avec toi, tu nous fais découvrir ta vérité vivante en nous.

Car tu es le Dieu qui nous sauve.

Tu es le Dieu qui nous sauve, qui que nous soyons, dès lors où nous nous tournons vers toi avec confiance, nous savons que nous pouvons compter sur ta présence aimante et réconfortante chaque jour. Tu nous accompagnes de ton indéfectible amour sur notre chemin de conversion qui nous mène à Pâques.  

Erick et Virginie Niay,
responsables de la pastorale des personnes homosexuelles et leur famille.

« Ne pensez pas que je suis venu abolir mais accomplir la Loi et les Prophètes, je ne suis pas venu abolir mais accomplir » (Mt 5,17)

Qui n’a jamais eu la tentation de modifier l’écriture des textes bibliques au risque parfois de dire : elle est un peu ringarde, cette lecture. C’est toute la question que Jésus nous pose aujourd’hui.

Quel est mon rapport à la parole de Dieu ? Jésus ne vient pas abolir la loi mais l’accomplir. Sa parole nous bouscule sur la pleine réalisation des commandements. La LOI. Mais savons-nous tenir au principe ? Adorer Dieu, honorer son père et sa mère, ne pas voler, ne pas commettre d’adultère, ne pas mentir, ni convoiter sont-ils encore des principes de sagesse prophétique, pour nous et pour les plus faibles ?

La vie fraternelle en famille, en communauté, ou en paroisse, nous aide à ne pas nous payer de mots. Mais elle peut nous grandir et à vivre l’accomplissement comme une rencontre intime avec Dieu. Que ta volonté soit faite.

Père Benoît Brentot

« Écoutez ma voix (…) ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux » (Jr 7, 23-28)

Don de la parole et de la Parole

La parole n’est-elle pas le don le plus précieux que Dieu nous ait remis ? Car comment communiquer avec Lui autrement ? Pour le remercier, le prier, lui demander de nous aider…

Faut-il s’étonner que le démon essaie de nous rendre muets ?

Jésus libère la parole du muet, et la nôtre, si nous le voulons.

Faut-il s’étonner que le démon s’immisce dans nos conversations – déviant ainsi l’outil donné par Dieu pour communiquer avec Lui – pour critiquer négativement, diviser, créer des conflits… comme Jésus en a fait la rude expérience ?

Il est bon de se rappeler la promesse de bonheur faite par le Seigneur à Jérémie : « Écoutez ma voix (…) ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux. »

Notre parole n’a-t-elle pas vocation à s’ajuster à la Parole ?

Maryse Demouchy et Marie-Hélène DEFOY

« Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux- là » (Mc 12, 28b-34)

Comment vivre du Royaume de Dieu sur cette terre ? Question essentielle puisqu’elle nous ouvre la vie éternelle.

Jésus et le scribe dans ce passage de l’Evangile nous donne la réponse : aimer Dieu avec tout son être, corps âme esprit, et aimer son prochain comme soi-même. Ces deux façons d’aimer sont des vases communiquant : le critère de vérité de l’amour de Dieu est l’amour du prochain dans mon quotidien et vice versa.

Et cet amour de Dieu et du prochain vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices, dit le scribe. Est-ce que ça veut dire que les sacrifices ne servent à rien ? Non. Simplement cela signifie que les holocaustes et sacrifices n’ont de sens que s’ils sont faits avec amour. Ils n’ont pas de but en eux-mêmes. Isolés, ils ne servent à rien. Mais s’ils sont faits avec amour, par exemple, j’offre tel renoncement pour telle personne malade, pour les chrétiens persécutés … je l’associe à ma prière et ma prière prend alors une toute autre force, et là ils atteignent leur but : l’amour. Rappelons-nous saint Paul : « j’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés … s’il me manque l’amour, cela ne sert à rien. » (1 Co 13,3).

Et Jésus répond au scribe : « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Que lui manque-t-il alors puisqu’il n’y est pas encore ? Il lui manque de reconnaître en Jésus le Fils de Dieu, source de tout Amour et de Le suivre.

L’amour comme Jésus aime est la clé pour vivre du Royaume. Comment je vis l’amour de Dieu et du prochain ? Comment je pratique mes renoncements ou « petits sacrifices » pendant ce carême ? Quel sens je leur donne ?

P. Patrick Pouplin

« Pitié pour moi mon Dieu » Ps 50 (51), 3-4, 18-19, 20-21

Comme ce psaume attribué à David, combien de fois prononçons-nous cette supplique comme un soupir de repentir et d’espérance adressé à ce Dieu miséricordieux !

Nos imperfections nous conduisent à faire le mal tout au long de notre vie. Le contexte difficile dans lequel nous vivons actuellement exacerbe nos sensibilités. Le confinement, la peur de la maladie, la solitude nous conduisent à des gestes où la fraternité et l’amour du prochain ne trouvent plus leur place et nous détournent de Dieu.

L’eau du baptême nous a lavés du péché originel et nous a fait renaître à une vie nouvelle. Si nous savons nous tourner vers Dieu pour lui demander pardon, dans sa très grande miséricorde, il effacera tout péché. Notre âme s’en trouvera purifiée comme celle des lépreux guéris par Jésus.
Le Père, bon et miséricordieux, nous a déjà accordé son pardon. Encore faut-il aller à sa rencontre pour l’implorer et nous réconcilier avec lui.

Dieu ne veut pas d’holocauste. C’est avec une âme sincère et repentante que l’on doit se présenter à lui. Qu’il nous accorde la grâce du pardon et la force de nous réconcilier aussi avec les autres.
En cette période de carême, avançons avec joie vers la lumière de Jésus ressuscité !

Claudine Varin

Ainsi parle le Seigneur : Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle…
Je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie. (Is 65, 17-  18)

Ce texte d’Isaïe ne résonne-t-il pas plus intensément en nous aujourd’hui alors que le coronavirus provoque un tsunami dans notre monde ? Dans ce contexte de pandémie où la mort est très présente, où beaucoup rencontrent des difficultés économiques, sociales ou psychologiques, n’avons-nous pas des raisons de désespérer ? D’autant plus que les discours ambiants ne sont pas toujours de nature à nous rassurer.

Mais, dit le Seigneur : « Je vais créer un ciel nouveau, une nouvelle terre ».

Si nous regardons bien, des germes de ce monde nouveau sont déjà là : des initiatives de solidarité fleurissent, la recherche scientifique avance à grands pas dans la découverte des vaccins, l’utilisation du numérique a permis de maintenir des relations sociales (essayons d’imaginer ce qu’aurait pu être le confinement il y a 50 ans !)

Même si nous avons des signes d’espérance que la pandémie sera un jour maîtrisée, nous avons néanmoins le pressentiment que nous ne retrouverons pas totalement le monde d’avant, que nous allons vers un avenir dont nous ne maîtrisons pas tous les contours.

Ayons confiance dans la Parole du Seigneur : « Je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie ». Mettons notre foi dans le Seigneur qui nous accompagne, lui qui est fidèle.  Avec lui, nous saurons trouver notre avenir.

Sylvie Daniel

En ces jours-là, au cours d’une vision reçue du Seigneur, l’homme me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers l’orient, puisque la façade de la Maison était du côté de l’orient. (Ez 47, 1-9.12)

Les prophéties d’Ezékiel contiennent de nombreux symboles et images. Il a été déporté avec son peuple et, durant cette période d’exil, il a dû se battre pour survivre et maintenir l’espérance du retour. Survivre, renaître à la vie lorsqu’on a tout perdu, lorsqu’on n’a plus de repères nous semble parfois impossible. Pourtant, notre foi nous porte à croire que Dieu ne nous a pas abandonnés. Il est avec nous au milieu des épreuves.
L’espérance du retour, c’est se rappeler que Dieu est fidèle, ses promesses sont toujours valables et Ezékiel imagine la Maison de demain : c’est le sens de la vision qui nous est racontée dans ce texte. « Sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers l’orient…. ». Cette eau si abondante évoquée est en elle-même une promesse « tous les animaux pourront vivre et foisonner, le poisson sera très abondant… » Ezékiel voit déjà la vie qui apparaît en tout lieu ou arrive le torrent issu de la Maison reconstruite.

Et si les déportés d’hier étaient les exilés, les migrants d’aujourd’hui ? Ils ont quitté leur pays, jamais de gaîté de cœur. Ils ont tout perdu et parfois abandonné une partie de leur famille. Ils arrivent chez nous  désorientés, ils ne parlent pas la même langue et n’ont plus de repères. Ils doivent survivre, manger, se loger, se soigner et obtenir des papiers. Les obstacles sont nombreux et rares sont ceux qui obtiennent ce fameux sésame : un titre de séjour, leur seule espérance, qui leur permettra d’envisager une nouvelle vie.

Patrice Menguy,
pastorale des migrants et des personnes itinérantes

Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. »
Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ?
Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. 
(Isaïe 49, 14-15)

« Ne m’oublie pas dans tes prières » c’était souvent la phrase qui concluait nos rencontres avec une amie Betty qui a maintenant rejoint le père : une façon de prolonger la présence, de se sentir soutenue…  

Être oublié, ne plus se savoir aimé de quelqu’un, ne plus compter pour personne, être réduit à néant : cet oubli, c’est déjà la mort ! 

Cette peur de l’abandon est tapie au creux de nos êtres. Elle nous renvoie à celle de nos 1ers mois de nouveau-né si dépendant de l’attention d’une mère.  

Elle ne demande qu’à se réactiver dans l’adversité, vertigineuse angoisse. Jésus lui-même, ne l’a-t-il pas éprouvée sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » 

« Souviens-toi » entre alors en résistance avec cette tentation du désespoir. Souviens-toi, « je t’ai gravé dans la paume de mes mains !» dit le Seigneur en Is 49, 16. 

Et toi ! Quelle parole forte choisis-tu aujourd’hui, qui te rappelle l’amour de Dieu pour toi ? 

Sylvie Tamarelle,
membre de l’équipe de formation diocésaine

Souviens-toi de nous, Seigneur,
dans ta bienveillance pour ton peuple (
Ps 105-106)

Oui, le Seigneur est bienveillant et il veille sur nous chaque jour. En ces temps difficiles, il est bon de se rappeler ce que le Seigneur nous apporte.

Dans les lectures du jour, les Hommes ont pêché et semblent oublier Dieu et ses actions. « Dieu a décidé de les détruire », mais Moïse intervient « pour empêcher que sa fureur les extermine ».

Pensons aux petits signes qui nous aident dans notre quotidien, dans les moments compliqués ou quand nous sommes fatigués, ils sont signes que Dieu nous accompagne dans notre vie. Les périodes de doute peuvent nous éloigner du Seigneur, mais il est toujours là à nos côtés.

Le Christ est bienveillant et source de paix pour son peuple.  

Lucille et Matthieu Régnier

« Abraham est notre père à tous. C’est bien ce qui est écrit : « J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de nations » ». (Lettre aux Romains chapitre 4, 16-17)

Héritier d’Abraham selon la chair, saint Joseph l’est aussi, et même davantage, selon la foi. Joseph, père de Jésus, le « premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8, 29). Joseph, par Jésus, « père d’un grand nombre de nations ».

Les évangiles ont gardé précieusement le souvenir du nom « père » ou « abba » prononcé par Jésus. Mais celui que Jésus appelle « père » n’est jamais Joseph, y compris dans l’évangile de l’enfance (cf. Lc 2, 41-51). Joseph a-t-il une place dans le cœur de Jésus ?

« Quand vous priez, dites : « Père » » (Lc 11, 2) ; « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14, 9).

Dieu est Père. Joseph est père. Nous préférons envisager une cohabitation heureuse de ces deux paternités qui ne s’opposent pas. « Jésus, en regardant Joseph, verra l’image du Père » (Hymne à saint Joseph).

Dieu est Père comme source. Joseph est aussi père qui « tombe à genoux devant le Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom » (Eph 3, 14)

P. Jean-Baptiste Baranger

« Moi, j’étais comme un agneau docile qu’on emmène à l’abattoir » (Jr 11, 18-20)

« Moi j’étais comme un agneau docile… » Avez-vous remarqué ? L’agneau, c’est le symbole de la ville de Rouen. Très souvent aussi, on le retrouve dans les bras de Saint Jean-Baptiste dans les églises. « Voici l’agneau de Dieu ! » Il le porte sur son cœur et peut-être surtout dans son cœur. Un agneau, c’est tout doux ! Obéissant, plein de tendresse, il réchauffe… Ces mots déjà sont comme une huile, un baume qui pénètre, nourrit, assouplit et guérit nos cœurs ! Une invitation à avoir, nous aussi, l’agneau de Dieu en nos cœurs, sa douceur, sa tendresse, face à la violence qui parfois nous habite ou nous entoure… comme c’est évoqué dans la suite du verset de Jérémie : « … qu’on emmène à l’abattoir… ».

Une invitation aussi à porter sa présence au monde, comme Jean-Baptiste. Pour que, comme dans l’évangile de ce jour, d’autres puissent dire : « C’est lui le Christ ! ».

Alors, comment faire pour accueillir l’Agneau de Dieu en nos cœurs ? En écoutant sa parole. Rencontrer Dieu et se laisser rencontrer. Laisser nos cœurs être revivifiés par l’Esprit-Saint. Ressuscités. « Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! » disent ceux qui ont entendu Jésus au temple.
Alors, comme le psalmiste, on fera l’expérience que « Le Seigneur est mon refuge », « le sauveur ». Et on pourra « Chanter le nom du Seigneur, le Très-Haut ! ».

Devenons nous aussi des porteurs de l’Agneau !

Quitterie de Vial

« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. » (Ps 22 23)

Le temps s’est accéléré. Nos vies sont trépidantes. Nous sommes connectés et tout est instantané. Nous sommes continuellement sollicités par des messages d’alerte. Les réseaux sociaux s’emballent à la moindre occasion et tous les avis se valent. Et puis il y a cette angoisse du dérèglement climatique qui assombrit l’avenir. « Ce qui se passe dans notre maison, écrit le pape François, est inédit car les changements sont rapides et ne sont pas nécessairement orientés vers le bien commun » (encyclique Laudato Si’).

Mais le Seigneur est notre berger. Il nous invite à prendre le temps, ralentir la cadence, ne pas se laisser porter par le mouvement, le maîtriser, le surplomber pour ne pas en être esclave. Savoir se poser, c’est aussi admirer la Création, reprendre goût à notre espace de vie. Notre environnement est à préserver. C’est un espace pour se ressourcer, un pré d’herbe fraîche où se reposer. Car tout est lié. Prier et agir dans et pour la société sont deux façons d’entretenir ce chemin de vie. Mais c’est bien dans la nature que le psalmiste refait son âme. Et si la contemplation et la louange peuvent nous y aider, le pape François nous invite aussi à une conversion fondamentale, à « miser sur un autre style de vie », celui de la sobriété. Le Carême est un temps idéal pour la tenter.

Le juste chemin s’arpente à petits pas, ceux du quotidien. Le psaume a été écrit il y a plusieurs siècles, ses mots répondent pourtant aux attentes de notre époque : savoir admirer la Création (notre environnement), et de fait aussi la garder (la soigner et la préserver, Genèse 2, 15) ; savoir prendre soin de soi (retrouver un équilibre de vie) pour mieux aider les autres. « Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits » et elles « nous redonnent le sentiment de notre propre dignité » (Laudato Si’).

Charles-Edouard Harang

« Mais en chemin, le peuple perdit courage. » (Nb 21,4-9)

Moment de désarroi, tentation de revenir en arrière, d’abandonner le chemin pour ce peuple traversant le désert, lieu difficile et de tous les combats. La colère monte et ce peuple se met à récriminer contre Dieu et Moïse. La punition des serpents venimeux est un cauchemar. Vient le temps de la repentance et Dieu envoie le remède, un serpent en bronze dressé au sommet d’un mât qui va guérir tous ceux qui le regarderont. Dieu nous montre toute sa miséricorde plus puissante que le venin de ces serpents.

Et si ce temps difficile que nous vivons, temps de désolation, temps de découragement, temps de peur et d’angoisse qui nous submergent , temps de se sentir incompris, temps par excellence d’un combat qui nous dépasse, était une invitation à regarder vers Dieu, à relever nos regards, à diriger nos cœurs vers le ciel ? Ce texte m’invite à regarder vers le Christ, à l’adorer, à le prier et à accepter que lui seul est venu pour nous sauver. « En Toi, j’ai mis ma confiance, ô Dieu très Saint, Toi seul es mon espérance et mon soutien, c’est pourquoi je ne crains rien, j’ai foi en Toi ô Dieu très Saint, c’est pourquoi je ne crains rien, j’ai foi en Toi ô Dieu très Saint. »

Anne de Vergnette

« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaitrez vraiment la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean 6,31-32)

 Jésus nous le rappelle : Il ne suffit pas de se présenter avec la belle « étiquette » de descendants d’Abraham pour être un disciple libre. Dans la mesure où nous sommes pécheurs, nous restons esclaves du péché.

Nous pouvons bien sûr ressentir une agréable impression de liberté lorsque notre petite vie se conforme à nos désirs…mais de quels désirs s’agit-il ? Les désirs de notre « ego », ceux qui flattent notre nombril ?

Allons rejoindre nos désirs les plus profonds, ceux qui accomplissent notre véritable identité, notre personnalité profonde créée par Dieu à son image.

Notre liberté à vivre en profondeur, c’est celle qui vient rejoindre la volonté du Père car elle seule est conforme à la vérité de notre vocation, à celle de l’accomplissement que le Père veut pour nous.

Qui d’autre que ce Dieu-Père peut nous offrir une loi qui nous libère ainsi ?

« Ta Parole Seigneur est vérité et ta Loi délivrance » ! (Ps..)

Mais recherchons-nous si souvent…cette délivrance ?

Marc Tesnière
Yvetot

« Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)

C’est une grande fête que l’Annonciation ! Et si petite…

Aujourd’hui, en cet instant même, commence l’incarnation. Aujourd’hui, à cet instant précis, Dieu s’est fait homme. Aujourd’hui, dans le sein la Vierge, ce petit être mystérieux est parfaitement Dieu et parfaitement homme, simultanément !

Il aurait fallu pour décrire cela des images merveilleuses, il aurait fallu des discours impressionnants. Mais l’Évangile que nous avons entendu est presque trop simple ! Le dialogue pourrait s’entendre dans une cour de récréations : « le Seigneur ? Dans quelle équipe ? Il est avec toi ! » ou aussi : « Comment cela va-t-il se faire ? »

Il est vrai que cet événement n’a, ce jour-là, pas chamboulé le monde, ni même le village de Nazareth. Il a dû passer inaperçu aux yeux de presque tous. Il est même resté discret pendant 30 ans, pendant la vie cachée à Nazareth. Si Dieu s’est fait si discret, ce n’est pas par timidité ! Et si c’était pour montrer Sa présence dans les événements quotidiens où nous lui faisons confiance ?

L’incarnation a déjà eu lieu, mais nous pouvons quand même rendre Jésus présent à chaque fois que nous disons : « Voici la servante du seigneur, que tout m’advienne selon ta parole. »

Abbé Henri Delavenne
Curé de la paroisse Saint-Georges de Boscherville en Roumare

« Je t’aime, Seigneur, ma force ».
« Je fais appel au Seigneur, Il entend ma voix » (Ps 18)

 Quand la vie nous assaille de difficultés, le Seigneur est là, qui nous entend. Le Seigneur ne nous donne pas des solutions toutes faites, ce n’est pas un magicien… Il nous écoute. Encore faut-il Lui parler !

Ce psaume résume aujourd’hui les difficultés ressenties au plus intime de nos vies : « La mort qui nous entoure… le torrent fatal… les liens infernaux… les pièges… l’angoisse. » Ne serait-ce pas l’ambiance de nos confinements covidiens ? Ou des tensions intrafamiliales, ou la peur de l’avenir, ou d’autres angoisses ?

Depuis David, Dieu ne cesse d’entourer les hommes dans leurs vies de luttes ou d’épreuves. Aussi, je Te dis simplement : Je T’aime, Seigneur, ma force ; je sais que Tu es toujours présent, que Ton Amour m’entoure à chaque instant de ma vie. Mais je sais aussi, Seigneur, que c’est à moi de mettre cet Amour dans ma vie. Je suis dans la confiance en Toi comme Tu mets Ta confiance en tes enfants.

Aide-moi seulement à mieux entendre Ta parole, Seigneur, tout au long de ce temps de carême qui nous prépare à Ta Pâques.

 Équipe pastorale de Notre-Dame de Londinières sur Eaulne