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Fréauville

Une église construite depuis environ dix siècles…

C’est à la fin du Vème siècle que Fréauville aurait fait son apparition dans l’histoire ainsi qu’en témoignent les découvertes archéologiques de 1865. Quant à l’église locale, il en est fait mention pour la première fois en août 1024 dans un acte, signé par Richard II, duc de Normandie énumérant les possessions de l’abbaye de Saint-Wandrille. Cette église existait donc antérieurement à l’an 1024. Elle était, et est toujours, dédiée à Saint-Pierre. De ce passé millénaire, elle garde aujourd’hui encore, au chevet, trois fenêtres murées cachées désormais par les travaux de réfection entrepris en 2011 et 2012 et deux latérales qui subsistent toujours. Elles attestent donc que la muraille appartient à l’édifice ancien sinon primitif. Les fenêtres du milieu par contre ont la forme d’une ogive naissante. Celles-ci ont été remplacées par d’autres au 16ème siècle.

A l’intérieur, la nef, dont la voûte a été refaite en 1774, a été récemment repeinte et ne présente pas de caractère spécial d’autant que les bancs vétustes, offerts par la famille Godebin au 19ème siècle, lors de la restauration de l’église de Bailleul-Neuville, ont été remplacés par des chaises puis récemment, en 2011, par des bancs fabriqués par M. Boutin, notre menuisier local. Ceux-ci ont été financés par la commune et les trois associations du village. L’attention des visiteurs est attirée par les deux statues classées : celle de gauche en pierre, du 15ème siècle, représente une vierge à l’enfant portant un phylactère (ce mot signifie : « banderole à extrémités enroulées portant le texte des paroles prononcées par les personnages représentés. » ) ; celle de droite, en bois polychrome du 17ème siècle, représente Saint-Roch. Qui était Saint-Roch ?

Né à Montpellier, il aurait vécu dans la deuxième moitié du XIVe siècle. Parti jeune pour un pèlerinage à Rome, il a soigné, tout le long du chemin les malades de la peste, grâce à ses capacités de guérisseur, l’épidémie sévissant alors partout en Europe. La légende veut que, sur le chemin du retour, ayant lui-même contracté la peste et souffrant d’un énorme bubon à la cuisse, il se serait retiré dans un bois près de Plaisance, en Italie, avec son chien pour seule compagnie. Chaque jour, l’animal revenait avec un pain. Puis un ange le guérit miraculeusement. Il reprit sa route, mais fut fait prisonnier, pris pour un espion, et resta cinq ans au cachot à Voghera, près de Milan avant de mourir.

Au centre, une poutre de gloire supporte un crucifix orné d’une fleur de lis et d’un ciboire avec, au-dessous, la date de 1774.

En s’acheminant vers le chœur, on côtoie les restes de piliers carrés qui devaient supporter l’ancien clocher, et l’on passe ensuite sous un arc formant un cintre surbaissé et orné de deux tores. Ce chœur présente une curieuse croisée d’ogives : l’un des arcs est constitué de trois tores, l’autre d’une arête entre deux tores. Le maître-autel, retables et autels latéraux forment un ensemble d’époque Louis XV – Louis XVI. Ceux-ci sont peints en bleu pâle et ornés de dorures.

Sur le mur droit du chœur on constate la présence d’une « piscine liturgique » à deux cuvettes qui est un élément relativement rare aujourd’hui dans les églises.

Cet élément, apparut dans les églises, à partir du 12ème siècle, servait au prêtre à déverser l’eau qu’il avait utilisée pour ses ablutions et qui se répandait ainsi sur le sol consacré. Ces piscines sacrées disparurent ensuite des églises dès le 15ème siècle.

Le fin et élégant clocher que l’on aperçoit de loin en arrivant au village, abritait initialement trois cloches. Deux ont été enlevées en1793 par les agents révolutionnaires. La troisième, refondue il y a quelques dizaines d’années, portait la date de 1 501 et était la doyenne d’âge de toutes les cloches du Pays de Bray.

AU PLAN HISTORIQUE, il est signalé que le nom « de Fréauville » rappelle une ancienne famille parmi les plus riches du comté d’Eu.

Parmi les personnages qui se sont illustrés dans les annales de la religion et des armes, on peut citer :

• Un sire de Fréauville qui combattit aux côtés de Guillaume le Conquérant à la bataille d’Hastings en 1066 ;

• Thomas de Fréauville, chanoine de la cathédrale de Rouen en 1221 qui fut ensuite consacré Evêque de Bayeux en 1233 ;

• Un seigneur de Fréauville qui participa à la triste bataille de Crécy du 26 août 1346 aux côtés du roi Philippe VI de Valois ;

• François Bertaut, baron de Fréauville à partir de 1653, devint lecteur de la chambre du roi Louis XIII ;

Independamment de la « famille de Fréauville, on peut également citer :

• Pierre Didier, maire de Fréauville de 1819 à 1840, surtout connu pour avoir défendu, le 7 septembre 1812, durant onze heures le pont de la Moskowa pendant la campagne de Russie de Napoléon 1er.

Mais « l’enfant » de Fréauville le plus célèbre est incontestablement Nicolas de Fréauville.

Nicolas Caignet de Fréauville est un cardinal français né à Fréauville et décédé le 15 janvier 1323 à Avignon. Il est membre de l’ordre des dominicains. Nicolas Caignet de Fréauville est professeur de philosophie et de théologie à la Sorbonne de Paris et prieur. Il est confesseur du roi Philippe le Bel. En 1304, il est intermédiaire entre les français et les flamands. Pendant la dispute entre le roi de France et le pape Benoît VIII, il est convoqué par le pape à Rome, mais il ne se rendra jamais au Vatican.

Caignet de Fréauville est créé cardinal par le pape Clément V lors du consistoire du 15 décembre 1305. Le cardinal Caignet assiste au concile de Vienne en 1311. Il est camerlingue du Collège des cardinaux en 1312-1313 et prêche la croisade en France comme légat. Il est l’auteur de plusieurs œuvres sur la liturgie.

Il participe au conclave de 1314-1316, lors duquel Jean XXII est élu. Il aurait également été, mais cela reste à vérifier, le camerlingue (1) de ce conclave. En quelque sorte, Fréauville aurait vu l’un de ses « enfants » occuper les fonctions de « Pape intérimaire » durant près de deux ans !

On perd la trace de la famille de Fréauville à la mort, en 1701, du baron de Fréauville François Bertaut, conseiller du roi et abbé du Mont-aux-Malades. M.B.

(1) Camerlingue  : cardinal chargé de gérer les affaires de l’Eglise entre la mort du Pape et l’élection du nouveau Pape.

Eglise_Freauville3

 

freauville interieur

La vierge à l’enfant

vierge et enfant freauville

Saint Roch et son petit chien

st roch et son petit chien

La piscine liturgique

piscine2

 

piscine1