Homélie du dimanche des rameaux

 

Après avoir marché quarante jours dans le désert, nous voici chers frères et sœurs arrivés au sommet de notre long voyage : la Semaine Sainte. Cette semaine qui s’ouvre par la messe des rameaux, messe que nous n avons pas la grâce de célébrer en assemblée paroissiale à cause de cette pandémie. Et c’est dur à supporter pour plus d’ un d’entre nous.
Oui chers frères et sœurs ce cri de la foule de Jérusalem portant les rameaux manifeste bien l’ enthousiasme de cette foule pour accueillir son libérateur, pour accueillir son Messie, le vrai roi, à la manière du Roi David.
Toutefois, à travers ce dépouillement rituel il nous sera donné peut être l’ occasion de contempler en profondeur le sens de ce jour où Jésus fait son entrée triomphal à Jérusalem.

 » Hosanna Hosanna bénit soit celui qui vient au nom du Seigneur « 

Oui chers frères et sœurs ce cri de la foule de Jérusalem portant les rameaux manifeste bien l’enthousiasme de cette foule pour accueillir son libérateur, pour accueillir son Messie, le vrai roi, à la manière du Roi David.
Cependant très tôt cette acclamation, cet enthousiasme de la foule va céder la place à la manipulation des chefs religieux de l’époque et à l ingratitude. Cette foule va oublier tous les bienfaits dont elle a été bénéficiaire de la part de ce Jésus. Quel contraste !

Oui le contraste entre la joie qui bat dans les cœurs des habitants de Jérusalem et la trahison que Jésus va subir est saisissant. Mais c est ainsi que devrait peut être s’accomplir la prophétie d’ Isaïe que nous avons lue dans la première lecture de la messe d’ aujourd’hui.

Il s’agit bel et bien d’ un cri de détresse devant le silence de Dieu. Un Dieu tout puissant mais silencieux. Comme pour dire que c’est dans la faiblesse que se manifeste la puissance de Dieu. Il s’agit aussi peut être pour nous d’entrer dans ce silence pour accueillir au fond de nos cœurs le message bouleversant que nous livre la passion du Seigneur. Message d’espérance et de réconfort pour tout homme écrasé par la souffrance aussi bien physique que morale.
Ce cri nous rappelle nous aussi que nous avons droit de crier quand la souffrance semble l emporter sur nos vie :  » mon Dieu mon Dieu pourquoi mais as tu abandonné à la haine de mes ennemis ? Face à cette maladie incurable? Mon Dieu mon Dieu pourquoi…

Cependant si nous gardons notre confiance dans le Seigneur jusqu’au bout, le Seigneur seul pourra transformer nos cris de détresse en cris d’ action de grâce. C est lui qui est capable de transformer notre humiliation en chemin de gloire.
A l’instar du Christ qui a accepté le pire des humiliations de l’antiquité : mourir sur une croix ! Il s’est anéanti, il n a pas revendiqué de être traité à l’égal de Dieu. Voyant cela Dieu n’ a pas tardé il lui a donné le nom qui est au dessus de tout nom. Notre humilité, notre obéissance à Dieu pour accomplir sa volonté surtout aux heures les plus sombres de notre vie voilà peut être le chemin de notre gloire aussi.
Et c’ est dans le récit de la passion que l’humiliation de Jésus trouve son paroxysme. En cette année A, nous lisons le récit de l’évangile selon Saint Mathieu.
Trois messages que Saint Mathieu voudrait bien nous donner.
Le premier message est que c’est à prix d’argent que Judas a livré Jésus aux grands prêtres. Mais saint Mathieu est le seul à nous dire la somme exacte par lequel fut vendu le fils de l’homme : trente pièces d’ argent. C’était le prix fixé par la loi pour l’ achat d’ un esclave. Il fut vendu comme un esclave. Cela indiquait bien le mépris que les hommes ont manifesté envers le Seigneur de l’univers. Aujourd’hui encore nous pouvons constater beaucoup de personnes sacrifiées sur l’autel de l’argent.

Le deuxième message est celui lié à la comparution de Jésus. Saint Mathieu est le seul à nous donner l’ intervention de la femme de Pilate : « Ne te mêles pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. Mais est ce Pilâtes à t il écouté sa femme? Il lave les mains mais la foule à été plus forte que lui. Quelle lâcheté ?
Le troisième message enfin est celui de la vraie grandeur de Jésus reconnue par des païens.
Mathieu est le seul qui nous retrace le paradoxe de ce drame de la passion de Jésus, à savoir que en dehors de sa famille, ceux qui auraient dû être les plus proches de Jésus, les juifs en général, les ont méconnu, méprisé et humilié. Et que en revanche ce sont les autres les païens qui sans le savoir lui ont donné ses véritables titres de noblesse.

A commencer par la femme de Pilates qui a reconnu en Jésus :  » le Juste ». Ensuite Pilates lui même a affiché cet écrit sur la croix de Jésus  » le roi des juifs « . Enfin le centurion romain, alors que tous les chefs religieux se moquent de lui, lui le centurion romain voyant ce qui était arrivé s’écria :  » Vraiment celui ci était Fils de Dieu « .
C’est peut être notre profession de foi même quand tout semble perdu dans notre vie. Un véritable défi.
Nous n’ aurons pas la possibilité d’ orner nos crucifix ou nos murs des buis ni même de les déposer au cimetière. Mais Dieu qui connaît nos cœurs, est plus grand que tout il nous exaucera en son temps.

Père Hubert, rédemptoriste

Lectures du jour