Homélie du 2ème dimanche de l’Avent

La Bible nous révèle que Dieu n’a jamais cessé de parler à son peuple. Il s’est adressé à lui par la voix des prophètes. Il n’a jamais cessé de manifester sa présence pour rappeler aux hommes leur fidélité à ses commandements.

Il s’est fait connaitre à Moïse au buisson ardent, en ces termes : « j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris, je connais ses souffrances ». Il s’est fait entendre par la voix de Jérémie qui sans cesse lançait l’appel à la conversion des cœurs. Il s’est fait entendre par la voix d’Isaïe qui prêchait la venue d’un Messie au cœur même de l’exil et de la déportation vers Babylone. Le prophète Baruch, cinq siècles plus tard (première lecture), en reprendra les mêmes mots, « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse », pour dire l’espérance de Dieu au cœur d’une autre occupation menée par des Grecs.

Dieu n’a jamais cessé de parler. Mais s’est -il fait seulement entendre, comprendre ?  C’est pourquoi comme un ultime appel, Il se fait entendre, avant la passion de son Fils, par la voix du dernier prophète Jean le Baptiste, précisément :  En l’an quinze de notre ère précise, pendant le règne de l’empereur Tibère, dans un pays gouverné par un roi et des princes à la solde des Romains, sous l’autorité religieuse des grands prêtres Anne et Caïphe, ceux-là mêmes qui conduiront Jésus vers sa passion et sa mort sur la croix. Le décor est planté. La voix de Dieu, c’est Jésus.

Jean prêche dans le désert, mais ne prêche-t-il pas dans le vide ? Qui va entendre la voix de ce prophète au moment même où l’empereur Tibère se prétend « dieu sur terre » ? Alors que Dieu, lui, va donner sa vie sur la croix. Et que trente ans auparavant, il était l’enfant dans l’humilité de la crèche.

Aujourd’hui, nous aimerions que Dieu fasse entendre à nouveau sa voix. Pouvons-nous l’entendre au cœur de nos conflits, de nos crises géopolitiques, sanitaires, sociales, morales et religieuses ?

Soit, effectivement Dieu reste délibérément silencieux ! Et depuis la Shoah, certains le pensent.

Soit, on n’écoute pas les prophètes de la Bible ! Soit, on manque véritablement de prophète aujourd’hui ! cela peut-être.

Que nous dit la voix de Jean le Baptiste dans le désert pour que nous puissions mieux accueillir la voix de Jésus ?

« Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route, tout ravin sera comblé, toutes montagnes et toutes collines seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, tout homme verra le salut. »

Jean reprend les mots mêmes d’Isaïe : les Juifs, déportés à Babylone lors du premier exil, étaient appelés aux travaux forcés. Ils devaient tracer la nouvelle route reliant Babylone à Jérusalem à travers le désert. Jean reprend donc cette page de l’histoire qui parle de façon très concrète à son peuple pour dire que Dieu appelle l’homme à aplanir sa vie et lui révéler que Lui seul peut combler ses manques d’amour. Que le Messie qui allait venir, Jésus le Christ, est le Chemin, la Vérité et la Vie.

En écho à cet appel, n’avons-nous pas encore envie de dire que les routes humaines sont toujours autant déformées ? L’histoire des hommes est toujours faite d’embûches ?  L’orgueil humain se dresse plus haut que les montagnes, le monde continue d’avoir ses haines, ses conflits, ses divisions ?

Que nous dit-elle la voix aujourd’hui ?

Qu’aucune route dans la vie d’un homme, aussi déformée soit-elle, n’est trop abrupte pour que Dieu ne puisse s’y engager.  Qu’aucun chemin, aussi tortueux soit-il dans la vie d’un homme, n’est trop rocailleux pour que Dieu ne puisse l’emprunter.

Elle te dit la voix : « Malgré tes embûches, tes obstacles, tes échecs, tu vaux plus que tes peurs que tes doutes. » Elle te dit la voix que Dieu vient aplanir ton cœur.

Est-ce par notre seule force que nous pouvons nous réconcilier ? Est-ce par notre seule force que nous pouvons demander ou recevoir le pardon auprès des personnes que nous avons blessées ou qui nous ont blessés ? Est-ce par vos seules forces que vous pouvez transmettre l’amour de Dieu à vos enfants et vos petits-enfants ? Est-ce par votre seule force que vous pouvez surmonter l’épreuve de la maladie ou du handicap et dire, malgré tout, ma vie a un sens ? Est-ce par notre seule volonté que nous pouvons tenir fidèlement nos engagements familiaux, professionnels, nos promesses en église, nos engagements caritatifs auprès des plus pauvres ? Qui nous fait tenir au plus fort de bien des découragements, si ce n’est Dieu lui-même.

La voix de Jean le Baptiste dans le désert nous appelle à être pour nos frères et sœurs le chemin par lequel Dieu veut les rejoindre ?  La voix de Jean le Baptiste nous appelle à être des prophètes de l’Avent. Ne rajoutons pas de l’angoisse aux angoisses. Savez-vous qu’il ne faut pas confondre l’espérance et l’optimisme ? L’optimisme, c’est souvent une question de tempérament et dans ce cas les événements donnent toujours raison aux pessimistes.  L’espérance, c’est croire qu’au cœur des moments difficiles, Dieu non seulement est avec nous, mais nous donne toujours les raisons d’avancer, de croire, de lutter.

Seigneur, suscite en nous une réponse à cette voix qui retentit aujourd’hui dans le désert de nos incertitudes et de nos peurs. Comment en effet pourrions-nous savoir quels sont les mots que tu nous dis aujourd’hui en Jésus, si nous ne tenons pas notre cœur ouvert à ta Parole et habité par l’espérance des prophètes ?

Amen

Père Jacques SIMON