Jeudi Saint 2020 – Propositions pour vivre le Triduum à la maison

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Propositions paroissiales pour vivre le Triduum à la maison

Jeudi Saint


Pour vivre de manière adaptée la liturgie du Jeudi saint, nous vous proposons, dans sa première partie, de vous réunir autour de la table familiale dressée de manière festive et au cours d’un repas. Puis dans sa seconde partie, vous serez invités à rejoindre un autre lieu, par exemple autour de la croix intronisée le jour des Rameaux. Les personnes seules auront à cœur de préparer une table festive également.
La célébration du Jeudi saint est orientée par la charité tant dans le lavement des pieds que dans le don de l’eucharistie, rites que nous ne vivrons pas en ce soir, mais dont le sens sera mis en valeur au cours de la soirée.

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Première étape

Rassemblés autour de la table, debout, après avoir tracé sur soi le signe de la croix, on chante.

La nuit qu’il fut livré, le Seigneur prit du pain,
En signe de sa mort, le rompit de sa main :
« Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne
Afin de racheter tous mes frères humains. »
Après qu’il eût soupé pour la dernière fois,
S’offrit comme victime au pressoir de la croix :
Mon sang, versé pour vous, est le sang de l’Alliance ;
Amis, faites ceci en mémoire de moi.
(Retrouvez : l’Audio et la Partition)

Une fois le chant terminé, chacun prend place et quelqu’un fait la lecture, si possible un des enfants qui a déjà reçu la première communion.

Lecture du livre de l’Exode (12, 1-8.11-14).
En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »
– Parole du Seigneur.

Puis on chante :

C´est toi Seigneur le Pain rompu,
Livré pour notre vie.
C´est toi, Seigneur, notre unité,
Jésus ressuscité.

(Retrouvez : l’Audio et la Partition)

Après, on commence le dîner.

Puis à la fin du dîner, on reprend le refrain au-dessus et un des parents (ou un adulte) lit l’évangile.

Lecture de l’Évangile selon st Jean (13, 1-15).
Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon- Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
– Acclamons la Parole de Dieu.

Après quoi, l’autre parent (ou un adulte) lit

la méditation
Nous pourrions lire ce geste du lavement des pieds comme un geste de bienvenue. Qui n’a jamais fait l’expérience d’un agréable bain de pieds après une longue marche ?
Toutefois, difficile de l’imaginer au milieu d’un repas, accompli par le maître de maison. De plus, l’évangéliste Jean met en scène ce geste avec solennité. Il l’inscrit dans ce drame qui va se dérouler dans les heures qui viennent et qui va lui donner tout son sens.
Jésus prend ici la place du serviteur, de l’esclave. Lui, le Fils de Dieu s’abaisse, comme il s’est abaissé en ne retenant pas, jalousement, le rang qui l’égalait à Dieu, pour naître parmi nous à Bethléem. Il s’abaisse devant ses disciples comme il l’a déjà fait devant la femme adultère, la Samaritaine…
Il annonce dès ce soir l’abaissement total qui sera celui de sa condamnation comme un brigand, un révolutionnaire, un esclave, sa mort sur la Croix. Il s’abaisse ce soir pour mieux être élevé, demain, glorifié par sa mort sur la Croix.Jésus a la ceinture aux reins. Il applique cette recommandation faite à Moïse par Dieu (1e lecture de ce jour), lorsque les Hébreux feront mémoire de la sortie d’Égypte, chaque année dans le rituel de la Pâque. Il redit la précipitation du départ, la poursuite par Pharaon et ses armées, finalement vaincus dans les eaux de la Mer Rouge.
Jésus évoque ainsi, subrepticement, son départ, son exode… son retour vers le Père.

Au cours de ce repas, chez saint Jean, vous avez remarqué qu’il n’est pas directement question de l’offrande du pain et du vin. Nous retrouvons malgré tout une même invitation à refaire les gestes de Jésus. Si la tradition apostolique a gardé les paroles et les gestes de Jésus dans la célébration quotidienne de la messe, le lavement des pieds n’existe liturgiquement que le Jeudi Saint, dans la célébration de la Cène.
Lorsque Jésus institue le sacrement de l’eucharistie, par cette parole « faites ceci en mémoire de moi », – nous la lisons uniquement chez l’évangéliste Luc, après l’offrande du pain -, Jésus institue en même temps le sacerdoce nouveau.
Le sacerdoce nouveau reçoit sa légitimité, son autorité du Christ. Avec le lavement des pieds, chaque prêtre, ce soir, réentend que suivre le Christ passe par l’abaissement de la Croix. Il ne s’agit plus d’« accomplir sa volonté, mais celle du Père ».
Il ne s’agit donc pas seulement d’accomplir un nouveau geste rituel ; il convient de faire spirituellement l’offrande de sa propre volonté, de son ambition…

Pierre, comme plusieurs fois d’ailleurs, rappelons-nous l’épisode de la Transfiguration, ne comprend pas ce que demande Jésus et refuse le lavement des pieds. Il doit accepter de se laisser faire.
Jésus, tel le Grand Prêtre le jour de Yom Kippour, se prépare à entrer dans le sanctuaire pour offrir le sacrifice pour le pardon des péchés pour le peuple de Dieu. Avant de pénétrer dans le Saint des Saints, le Grand Prêtre se purifie non seulement en se lavant les mains mais aussi les pieds (cf. Ex 30,17-21).
Jésus entrera dans le sanctuaire véritable, le Ciel (cf. Hb 9, 12.24). Il obtiendra le pardon de tous les péchés.
Pierre, par sa réponse, « pas seulement les pieds mais aussi les mains et à la tête », même sans en avoir conscience, se voit associer au sacerdoce unique de Jésus. Il pourra entrer dans le Sanctuaire, à la suite de son maître. Pierre qui a tout quitté pour le suivre recevra tout au centuple (Mt 19.29).

+ P. Bréant

Puis on chante entre chaque intention :
Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime
(Retrouvez : l’Audio et la Partition)

(Prière universelle proposée par Marie-Françoise Grenier & Marie-Françoise Segain)

1. « Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage.
C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous le fêterez. », nous dit le livre de l’Exode.

En ce Jeudi Saint où nous faisons mémoire de l’histoire du peuple de Dieu qui a cheminé, surmontant la longue route de la libération de l’esclavage, Seigneur nous Te prions pour que notre famille l’Église soit toujours missionnaire de Ton amour.

2. « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’Il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur. », nous dit le psaume.

Seigneur, nous Te rendons grâce pour les prêtres, qui, à la suite de Tes apôtres, ont répondu à Ton appel et pour ceux qui s’y préparent, particulièrement Vincent et Matthieu, actuellement serviteurs dans notre paroisse.

3. « ….chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’Il vienne. », nous dit St Paul.

Seigneur, nous Te prions pour tous les prêtres qui célèbrent l’Eucharistie dans le monde entier.
Seigneur, en ce temps de confinement, nous Te prions pour les chrétiens du monde entier qui vivent au plus profond de leur cœur un acte de de communion spirituelle à chaque Eucharistie qu’ils suivent à la radio, sur un écran ou avec leur missel.

4. « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi,
vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. », nous dit Jésus dans l’Évangile selon St Jean.

Seigneur, nous Te prions pour que l’Église entière, les prêtres, les diacres, les consacrés, les religieuses et nos communautés entendent cet appel au service du prochain.
Nous Te prions particulièrement pour les malades du Covid 19, pour tout le personnel soignant, pour les personnes qui doivent travailler pour l’approvisionnement de ce qui est essentiel, pour les personnes âgées recluses dans leur chambre, pour les personnes souffrant de la solitude, pour les familles et enfants vivant les difficultés de la promiscuité due au confinement qui peut apporter de la violence.

Deuxième étape

Les plus petits enfants vont peut-être se coucher quand le reste de la famille, ou les parents seulement se réunissent dans le lieu où se tient la croix, pour cette deuxième partie de la soirée

La veillée s’organisera autour du texte de Méliton de Sardes. Selon les cas, on pourra : le lire en entier avec des pauses de silence / le lire en entier, en l’entrecoupant de refrains méditatifs (on peut trouver ceux de Taizé  ) / Choisir seulement un extrait ou l’autre. Le silence et la prière personnelle auront une place importante durant ce temps de prière, que chacun réglera selon ses possibilités.

Lecture de l’Homélie de Méliton de Sardes sur la pâque L’Agneau sans défaut et sans tache
Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
C’est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l’homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l’homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l’esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.
Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l’idolâtrie du monde comme de la terre d’Égypte ; il nous a libérés de l’esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.
C’est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C’est lui qui a frappé le péché et a condamné l’injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l’Égypte.
C’est lui qui nous a fait passer de l’esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C’est lui qui est la Pâque de notre salut.
C’est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient : en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l’agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé.
C’est lui qui s’est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d’entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.
C’est lui, l’agneau muet ; c’est lui, l’agneau égorgé ; c’est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c’est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n’ont pas été brisés ; dans la terre, il n’a pas connu la corruption ; il est ressuscité d’entre les morts et il a ressuscité humanité gisant au fond du tombeau.

Pour terminer, on prend le Notre Père.
Et la prière ci-dessous :

Dieu fidèle,
tu as écouté la prière du Christ,
tu l’as libéré de la détresse.
Ne permets pas que nos cœurs se troublent,
rends-les confiants, mets en eux ta joie ;
et nous attendrons dans le silence et la paix,
le bonheur de voir ton visage.