Semaine du 12 au 18 octobre 2015

Semaine du 19 au 25 octobre 2015

Commentaires de Marie-Agnès Deschamps

Les commentaires sont généralement ceux qui sont diffusés sur l’antenne RCF locale chaque matin, du lundi au vendredi.

 

28ème semaine temps ordinaire  – sur l’antenne RCF

 

Lundi 12 octobre  

Nous lisons dans l’évangile selon St Luc au chapitre 11 que « les foules » s’amassaient autour de Jésus. Ce n’étaient pas les immenses foules de nos stades et de nos meetings, disons que c’étaient des groupes relativement importants pour une petite ville de l’époque. L’évangéliste veut souligner que Jésus attirait.
Jésus attire. Et pourtant on peut le voir de ses yeux, l’entendre de ses oreilles, et rester sur sa faim. Voir Jésus, l’homme de Nazareth, et pourtant demander encore un signe. Les foules cherchent un signe et « il ne leur sera donné que le signe de Jonas ». Jonas qui, selon le beau conte biblique, fut enfermé au ventre de la baleine pendant trois jours et en sortit vivant.
Nous aussi, nous voudrions parfois des signes, voire des preuves, que nous avons raison de vouloir suivre Jésus. Comme si ce signe ne nous était pas donné, sur la Croix. En regardant le Christ crucifié, nous recevons réponse ou plutôt lumière sur bien des questions. Mais prenons-nous le temps de contempler et d’interroger ce signe de l’amour extrême : la Croix ?
Les apôtres et leurs successeurs, notre évêque, proclament à nos oreilles à la suite de Paul dans l’épître aux Romains : « Le Fils […] a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa Résurrection d’entre les morts » Le signe, c’est la Résurrection de Jésus. Il a été fait Christ et Seigneur à cause de sa Passion et sa Résurrection. Les apôtres d’hier et d’aujourd’hui en témoignent. Mais ouvrons-nous notre cœuret notre intelligence à cette parole proclamée ?
Les habitants de Ninive se sont convertis à la proclamation faite par Jonas. Nous, chrétiens baptisés depuis longtemps peut-être, nous avons bien plus que Jonas. Que faisons-nous de ce trésor ?

 

Mardi 13 octobre
Les lectures de ce jour, l’épître aux Romains 1, 16-25 et Luc 11, 37-41, soulignent deux paradoxes.
Pour St Paul, l’homme intelligent voit dans la création l’œuvre de Dieu. Et pourtant, l’homme intellectuellement intelligent peut avoir un cœur privé d’intelligence. L’intelligence du cœur, dit Paul, consiste à rendre gloire à Dieu, à lui rendre grâce, on pourrait dire… à entrer en conversation avec Lui. Paul constate que les hommes sont fous, quand ils rendent un culte à des créatures, à des idoles, au lieu de rendre un culte au Créateur… Et moi, quelles sont mes idoles ? Quelles sont ces choses que je fais passer avant Dieu ?
Deuxième attitude paradoxale, celle des pharisiens dans l’évangile. Ils pratiquent des rites de purification extérieurs avant de se mettre à table mais ne purifient pas leur cœur et leur intelligence. Jésus les traite de fous.
Mais n’allons pas, nous, jeter la pierre aux pharisiens, qui étaient des gens tout à fait respectables. Il est même compréhensible qu’ils soient étonnés par l’attitude de Jésus qui n’a pas observé le rite traditionnel. Nous aurions tort de penser que les reproches de Jésus ne s’adressent qu’à eux. C’est à nous aussi que Jésus demande de faire la vaisselle dans nos cœurs et nos intelligences. Quelle cupidité, quelle méchanceté peut-être, en salissent les recoins ?
Jésus fait des reproches… Mais il donne aussi le bon « produit vaisselle ». Il a cette parole lumineuse et tellement libératrice : « Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. » Que puis-je donner aujourd’hui ?
DONNER ! Que ce verbe éclaire ma journée ! Donner, aimer, voilà ce qui purifie le cœur.

 

Mercredi 14 octobre
Il est facile de dire : « Moi je ne juge personne ». En réalité, nous ne cessons de juger, parfois inconsciemment. Et d’ailleurs, il est indispensable d’avoir du jugement, non seulement sur nous-mêmes, mais aussi sur les autres.
Mais avoir du jugement, discerner les esprits, ce n’est pas la même chose que juger et condamner. Condamner et souhaiter que l’autre soit « exécuté » comme le chantait Guy Béart. (Car il nous arrive de souhaiter la disparition de quelqu’un, ne serait-ce que de notre champ de vision !)
Paul nous dit que ce qui nous choque chez les autres, que nous jugeons, nous le faisons nous aussi ! Il s’adresse aux chrétiens de Rome dans un contexte d’incompréhension entre chrétiens issus du judaïsme et chrétiens issus du monde païen. Il les invite tous à tourner le regard vers notre Juge à tous. Un juge clairvoyant, juste et puissant, un juge plein de bonté, de largeur d’esprit, et de patience. Un juge comme il n’en existe pas sur terre. Un juge qui nous pousse à la conversion.
La conversion… Ce n’est pas que Dieu nous fasse la morale. Mais il sait que « détresse et angoisse » sont le lot de « tout homme qui commet le mal ». Il sait que « quiconque fait le bien » connaît la paix. Une paix large comme un fleuve.
Jésus n’envoie pas de malédiction sur les pharisiens hypocrites. La nouvelle traduction liturgique est claire : ce n’est pas « maudits soyez-vous » mais « Quel malheur pour vous ! » quand vous jugez les autres, « Quel malheur pour vous ! » quand vous faites porter aux autres plus qu’ils ne peuvent porter et même plus que vous ne pouvez porter… Jésus les appelle, presque désespérément, à la conversion.
Quelle que soit notre situation, quel que soit le passé, nous pouvons aujourd’hui nous tourner vers le seul véritable Juge. En lui, nous trouverons repos et espoir. Il est notre rocher, notre rocher imprenable.

Jeudi 15 octobre
« Si tu retiens les fautes Seigneur, qui subsistera ? » Nous connaissons bien cette phrase du psaume, si souvent chantée… « Près de toi se trouve le pardon, je te crains et j’espère ».
Ce psaume 129 éclaire l’épître de St Paul aux chrétiens de Rome, chap. 3. « Il n’y a pas de différence : tous les hommes ont péché, ils sont tous privés de la gloire de Dieu. Et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce ». Comme il nous est difficile de comprendre et de croire cela ! Des années de vie chrétienne… et pourtant, nous sommes encore à penser que Dieu récompensera nos bonnes actions mais nous châtiera pour nos péchés. Nous vivons dans la peur.
Il est vrai que les textes de l’évangile sont exigeants. Jésus ne dit-il pas aujourd’hui dans l’évangile selon St Luc : « Cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes ! » ? Dans Mt au chapitre 25 ne lit-on pas : « Allez-vous-en au feu éternel, car j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger ». Oui, nos actes ont du poids aux yeux de Dieu, du poids et des conséquences. (Ce fut le tourment de Martin Luther)
Comment concilier la responsabilité et la liberté de l’homme avec la pure grâce de Dieu ? Comment concilier la justice de Dieu et son pardon ?
Je ne me risquerai pas essayer de répondre à ces questions ici. Mais d‘abord, on peut dire que la justice de Dieu dépasse infiniment les représentations que nous en avons.
Ensuite, l’Ecriture Sainte ne cesse de nous exhorter à croire. Croire en Dieu, c’est cela qui rend juste. « L‘homme devient juste par la foi, indépendamment de la pratique de la Loi de Moïse. » Alors, si nous croyons, nous passerons de la peur à la crainte, qui est tout autre chose que la peur. Crainte de l’enfant qui respecte et aime son père, parce qu’il sait que son père l’aime et rêve d’un très bel avenir pour lui. Si nous croyons, nous passerons de l’autosatisfaction de certains pharisiens à l’espérance chrétienne.
Croire en Jésus, espérer en Lui, cela modifie les comportements. Certes, « tous les hommes sont pécheurs », et ne peuvent rien par eux-mêmes pour changer cela. Mais notre Dieu est un Dieu qui fait grâce. Il fait grâce par son Fils qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Nul ne peut être sauvé sans passer par ce Fils.
En méditant la difficile épître aux Romains, en méditant les dures paroles de Jésus aux pharisiens, nous pouvons chanter aujourd’hui : « Seigneur, je te crains, et j’espère ! ».

Vendredi 16 octobre
Le Paradis, le Ciel, la Vie éternelle, ce n’est pas un salaire. Quand nous disons d’une personne admirable qu’elle « aura bien mérité son paradis », ce n’est pas chrétien. Voilà le message de Paul ce matin dans l’épître aux chrétiens de Rome chapitre 4.
Je cite : « Si quelqu’un accomplit un travail, son salaire ne lui est pas accordé comme un don gratuit, mais comme un dû. Au contraire, si quelqu’un, sans rien accomplir, a foi en Celui qui rend juste l’homme impie, il lui est accordé d’être juste par sa foi ».
Cela nous dérange ? Cela devrait plutôt nous réjouir ! Car cela ne veut pas dire qu’alors tout est permis et qu’on peut faire n’importe quoi ! Cela veut dire que si nous sommes lucides sur nous-mêmes, si nous reconnaissons devant Dieu nos péchés, avec un réel regret, nous qui sommes tous, sans exception, pécheurs, alors, Dieu ne compte pas ce péché.
En revanche, il compte « tous les cheveux » de notre tête ! c’est-à-dire que nous avons du prix à ses yeux. Il nous connaît parfaitement et nous regarde à travers son Fils, le Bien-Aimé.
Le plus terrible malheur qui nous guette, c’est l’hypocrisie, c’est-à-dire la fraude avec les autres et aussi avec nous-mêmes. La fraude qui consiste à se croire juste. Non nous ne sommes pas clean. Jésus nous met en garde : « Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière ». Dieu est lumière et il n’y a pas de fraude en lui. Pas de fraude non plus devant lui.
Alors quelle libération si nous reconnaissons nos fautes ! Elles n’auront pas le dernier mot ! Comme dit le psaume 31 : « Vous hommes justes (Vous hommes que Dieu a rendus justes), Hommes droits, chantez votre allégresse ! »