Solennité de saint Romain, patron de la ville de Rouen Cathédrale Notre-Dame – Dimanche 25 octobre 2015

Solennité de saint Romain, patron de la ville de Rouen
Cathédrale Notre-Dame – Dimanche 25 octobre 2015

Monition d’ouverture

Frères et sœurs,

Dans le souvenir très fort de la célébration du 11 octobre, nous voici rassemblés pour fêter St Romain, patron de la ville de Rouen. Je salue son maire, et son épouse, avec joie. Fidèles de la cathédrale ou de passage, soyez les bienvenus, je pense aux membres des communautés paroissiales du diocèse qui reçoivent le mérite diocésain. Avec leurs familles et leurs amis, nous rendons grâce à Dieu pour leur service.

Soyez aussi les très bienvenus, vous les forains qui avaient bien voulu répondre à mon invitation de venir prier ce matin. Vous êtes dans la tristesse de ne pas faire votre métier qui est plus qu’un métier. Nous vous entourons de tout cœur, comme tous ceux qui parmi nous sont dans la peine, peut-être secrètement. Nous pensons aussi aux victimes des drames de la route ou de la guerre.

Frères et sœurs, St Romain a lutté contre le paganisme c’est-à-dire contre le péché du monde quand il se fabrique des faux-dieux. Préparons-nous à rencontrer le Dieu vivant, aimant, pardonnant. Reconnaissons que notre cœur est partagé entre Lui et des faux-dieux, argent, amour-propre, plaisir éphémère. Confions-nous humblement au Berger de toute humanité.

Homélie

Lectures de la messe : Le livre d’Ezéquiel (34, 11-16) ; Psaume 22 ; Les Actes des Apôtres (20, 17-18a.28-32.36) ; Evangile selon saint Matthieu (24, 42-47).

homélies 2 st romainFrères et sœurs, veillez ! « Veillez car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra », dit Jésus (Mt 24, 42) à ses disciples. Saint Paul dit aussi : « soyez donc vigilants » (Ac 20, 31).

Peut-être avez-vous veillé un peu plus cette nuit. Nous avions une heure de sommeil en plus ! Mais, ce soir, nous risquons d’avoir du mal à tenir. La nuit nous enveloppera plus tôt. Il faudra lutter contre la nuit.

Veillez ! Jésus dit cela au moment où il s’enfonce dans la nuit des hommes, dans la nuit du péché qui le conduit à la mort. Veiller c’est lutter contre le sommeil, l’endormissement, contre la nuit. Jésus invite ses disciples à ne pas laisser le voleur entrer dans la maison, dans sa maison.

Voilà le drame de Jésus : la maison de son père devient une maison de voleurs. Il le dit explicitement (cf. Mt 21, 13). Quelle est cette maison ? La cathédrale ? Nos églises ? Oui, mais surtout le monde lui-même est la maison de son Père. Partout où habite un homme, une femme, un enfant, un vieillard, c’est la maison du Père car un de ses enfants y habite. Mais quand le Mal s’empare des enfants du Père, il détruit la maison, il la divise. Elle est livrée au dragon pour reprendre l’image du Mal contre lequel lutta St Romain. En rendant service fidèlement, chers amis qui recevez le mérite diocésain, vous élargissez la maison du Seigneur, vous allumez la lumière dans sa maison, vous veillez !

Quelle est votre maison, à vous forains ? Votre caravane ? Pas seulement, c’est partout où vous rencontrez d’autres personnes. Nous construisons alors, à chaque fois, une maison commune, une joyeuse maison. Votre tristesse ne peut être que notre tristesse. Il vous faut repartir … sachez que vous êtes attendus à nouveau. Nous veillons … pour que notre tristesse se transforme à nouveau en joie. Déjà ce matin ne sommes-nous pas heureux de nous retrouver ensemble dans la prière ?

Comment veiller, comment éviter que la nuit du péché nous envahisse ? En fait, Jésus ne nous demande pas d’abord de veiller « contre » le voleur. Il nous demande de veiller « pour » sa venue, veiller car il viendra à nouveau : « Veillez car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra » (Mt 24, 42).

Je souligne « votre » Seigneur ! Oui, nous appartenons au Seigneur. Comme le dit Paul : vous êtes « l’Eglise de Dieu, qui lui appartient grâce au sang qu’a versé son propre fils » (Ac 20, 28). Comment veiller sinon en nous donnant librement à Dieu, en nous livrant à son Esprit Saint, en lui consacrant nos heures du jour et de la nuit, notre sang c’est-à-dire notre vie, à la suite de Jésus.

Chaque matin de cette semaine, nous pourrions dire : « je t’offre ma journée Seigneur, elle t’appartient ». Et chaque soir : « je me remets entre tes mains, je me confie à toi pendant cette nuit ». Ces simples prières dites du fond du cœur, mettront une vraie lumière dans notre vie et notre monde.

Veiller contre le voleur, veiller pour vivre avec Dieu et pour Lui, veiller dans l’attente de sa venue. C’est la grande espérance. Quelles que soient nos défaillances, Jésus viendra à nouveau –je ne dis pas comme les forains viendront à nouveau- car là ce sera définitif, il n’y aura plus de nuits ! Peut-être Dieu nous fait-il encore attendre parce qu’il y a encore des brebis perdus, blessées, faibles dont nous sommes encore trop loin !

Le synode sur la famille rappelle cela : il n’y a pas d’un côté la belle famille impeccable, dans les clous, et d’un autre côté des familles hors-jeu ; il y a des familles qui, chacune selon son chemin et ses blessures, avance vers la joyeuse maison commune, la rencontre de son Seigneur qui a donné sa vie pour tous. Oui, veillons à ne pas diviser notre monde plus qu’il n’est ; veillons en pensons à l’unique amour du Père pour tous ses enfants. Son Fils unique les a rassemblés sur la croix, les rassemble sur notre autel. Ne nous laissons pas voler cet amour en excluant l’un ou l’autre de nos cœurs !

Frères et sœurs, communions à l’amour déjà présent dans notre assemblée, qui vient à nouveau sur notre autel ! Veillons !

 

✠  Dominique Lebrun

Archevêque de Rouen