Premier dimanche de l’Avent (C) Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 29 novembre 2015

Premier dimanche de l’Avent (C)

Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 29 novembre 2015

Lectures de la messe : Livre de Jérémie 33, 14-16 ; Psaume 24 ; Première lettre de saint Paul, apôtre, aux Thessaloniciens 3, 12-4, 2 ; Evangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36

advent-551804_1280Homélie

Frères et sœurs, quel est l’horizon de  votre vie ? Avez-vous des objectifs ? Avez-vous un but ? Ou bien avez-vous seulement des craintes, en particulier la peur de voir se dégrader votre environnement, le climat ou votre sécurité ?

La réponse est très différente selon vos situations personnelles, familiales, affectives, professionnelles. Vous l’avez entendu : le chômage s’est encore accru. A chaque fois, c’est un traumatisme qui marque une vie, c’est un horizon qui se bouche.

Au premier dimanche de l’Avent, je vous invite à mettre de l’ordre dans tout cela en accueillant trois Paroles de Jésus.

Premièrement : « On verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire » (Lc 21, 27). L’horizon du chrétien, c’est le Christ, le « Fils de l’homme ». Cela fait partie du cœur de notre foi : Jésus viendra à nouveau pour juger les vivants et les morts. Nous avons du mal à faire entrer cela dans notre vie quotidienne. Précisément, il faut sortir du quotidien pour accueillir cette vérité. Cela s’appelle une retraite spirituelle, prendre un ou plusieurs jours pour se remettre devant son avenir avec un grand « A ». Je vous engage à programmer un temps de retraite au cours de l’année qui s’ouvre aujourd’hui. Vous pouvez en parler à vos prêtres. Ils vous aideront. Dimanche prochain, je partirai avec les évêques de la Province pour cinq jours de retraite. Je prierai pour vous à cette intention.

Deuxièmement, Jésus dit : « Restez éveillés et priez en tout temps » (Lc 21, 36). La prière n’est pas une potion magique. Elle est le lien privilégié pour vivre avec le Christ, en Lui, et, dit-il, avoir « la force d’échapper à tout ce qui doit arriver ». Comment priez-vous ? A quel rythme ? Là aussi l’Avent est le bon moment pour faire le point. Vous priez chaque soir, priez donc le matin aussi ; vous priez le matin et le soir, priez donc avant les repas aussi. Mais attention, ne le faites pas pour réussir ou plaire à vous-même ; faites-le parce que Dieu est amour et que l’amour attire, parce que Dieu est digne de louange et nous lui devons adoration, parce que Dieu, Père, Fils et Esprit-Saint, est plus que l’horizon, ils sont notre vie.

Troisièmement, soignez votre cœur. Jésus dit qu’il peut s’alourdir avec les beuveries et l’ivresse – entendez les addictions au tabac, à la télévision ou à l’ordinateur – mais il ajoute « avec les soucis de la vie » (Lc 21, 34). Pour cela, Jésus recommande de « se tenir sur vos gardes ». Examinez bien quels sont les soucis de la vie qui méritent vos considérations et ceux qui peuvent être mis au deuxième plan. Et chaque soir, confiez à Dieu vos vrais soucis de la vie. L’idéal serait de pouvoir les confier ensemble à Dieu, et de s’entraider. Osons-nous faire appel aux frères et sœurs de la communauté dans nos joies comme pour nos difficultés ?

Cela rejoint le conseil de l’apôtre Paul : « Que le Seigneur vous donne entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous » (1 Th 3, 12). Et il ajoute : « Et que cet amour affermisse vos cœurs ». Oui, soignons notre cœur en partageant l’amour reçu de Dieu. Que notre cœur soit ferme sans être lourd. Les attentats et les alertes concernant l’environnement peuvent sembler hors de notre portée. Dans son encyclique « Loué sois-tu », le Pape François répète à loisir « tout est lié ».

Oui, chacun peut apporter sa pierre à la sauvegarde de la maison commune. Par l’amour du prochain, sans exclusion, c’est-à-dire tous nos proches mais aussi les candidats des listes pour lesquels vous n’allez pas voté mais aussi les terroristes.

En somme, je vous invite, comme Paul, à « faire de nouveaux progrès ». Je vous le demande « dans le Seigneur Jésus » (1 Th 4, 1), c’est-à-dire en ne comptant pas d’abord sur vos propres forces et votre volonté ; comptez sur Jésus et sur son Eglise à travers vos frères et sœurs et par la grâce des sacrements. C’est le sens de l’ouverture de la Porte sainte le dimanche 13 décembre : accueillir la grâce de la miséricorde avec plus d’intensité. Dans quelques instants, j’accueillerai le pain et le vin en pensant à vos résolutions de début d’Avent, celle déjà prises, celles que vous prendrez bientôt. Je les unis à la décision même de Jésus de venir à nouveau pour la rémission de nos péchés, à sa décision de donner sa vie par amour, et de nous proposer d’y communier.

✠  Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.

Monition d’ouverture

Frères et sœurs, les guirlandes et les marchés de Noël se mêlent aux drapeaux et aux cœurs en berne. Pouvons-nous en être étonnés alors que nous ouvrons une nouvelle année liturgique ? N’en est-il pas ainsi dans notre vie aux accents si mélangés, dans nos villes et villages où joies et peines se côtoient ? Soyons joyeux de connaître la fidélité de Dieu d’âge en âge, de génération en génération, d’année en année, soyons heureux de retrouver notre crèche à l’entrée de la cathédrale. Soyons tristes de notre infidélité à l’amour fidèle de Dieu, et confessons notre péché.

Monition avant la bénédiction finale

Comme vous le savez, le Pape François a consacré une encyclique importante à la question écologique « Loué sois-tu ». Il la développe en parlant d’une écologie intégrale où toute la création soit reconnue dans sa dignité face au Créateur. Au moment où se déroule la Conférence internationale pour le climat – la COP 21 – nous devons accompagner les négociations de notre prière mais aussi d’efforts concrets pour une consommation plus vraie et plus digne, dans la joie du partage.

Et je vous souhaite à tous une bonne année, une bonne nouvelle année liturgique.