Solennité de la Nativité du Seigneur Cathédrale Notre-Dame – 25 décembre 2015

Solennité de la Nativité du Seigneur

Cathédrale Notre-Dame – 25 décembre 2015

Lectures : Livre du prophète Isaïe (52, 7-10) ; Psaume 97 ;
Lettre de saint Paul aux Hébreux (1, 1-6) ; Evangile selon saint Luc (2, 1-14)

Homélie

Ce matin, Dieu nous invite à ouvrir un cadeau. Autour d’un cadeau, il y a un beau ruban doré, mais c’est seulement un décor. Il y a du papier coloré, avec des étoiles ou des pères-noëls mais ce n’est que du papier. Vient ensuite l’emballage banal. Ce n’est pas encore le cadeau.

Il en va ainsi de notre foi, vive ou chancelante. Certains d’entre vous sont venus pleins de foi et d’ardeur : pas de Noël sans messe, sans communier ! D’autres avec un peu ou beaucoup d’hésitations, ne voulant pas rompre avec la tradition ; D’autres, enfin, dans l’espoir secret d’une lumière nouvelle pour éclairer les ombres de leur vie ou de leur famille, les zones d’ombre qui envahissent le monde et le terrorise. Ces sentiments sont beaux et nobles mais n’est-ce pas encore l’emballage ?

Notre foi est habillée par des souvenirs d’enfants – et ils sont vifs pour moi qui revit un premier Noël à Rouen 50 ans après ceux de mes premières années-, des chants merveilleux comme ceux de notre maîtrise Saint-Evode, par une recherche parfois longue : mais où est Dieu dans ma vie triste, souffrante, dans ce monde sombre ? Ouvrons le cadeau enveloppé par nos souvenirs d’enfants, par les chants qui nous réjouissent, par notre patiente recherche. Le cadeau, il est dans l’Evangile. Que dit-il ?

L’empereur romain – César Auguste- occupe toute la terre. Il ordonne « de recenser toute la terre », dit l’Evangile (Lc 2, 8). Tout doit appartenir à l’empereur, toute l’humanité ; il doit tout savoir, compter ses sujets, un par un. N’est-il pas le plus fort, lui l’empereur ?

Dieu n’est pas de son avis. Là commence le vrai cadeau : la terre n’appartient pas aux hommes puissants, encore moins à leur folie ; la terre n’appartient pas aux plus forts, ceux qui ont des armes ou le pouvoir, même s’ils ont été élus démocratiquement.

Aujourd’hui, le cadeau n’est autre qu’un enfant, un tout petit à peine né. Il est dans une mangeoire, juste emmailloté par l’amour d’une Maman, et d’un homme juste (cf. Lc 2, 7). La terre appartient à cet enfant, Jésus, né de la jeune fille Marie, adopté par Joseph. Nous l’avons entendu, pour les premiers chrétiens comme pour aujourd’hui : « Dieu a établi son fils héritier de toutes choses, par qui il a créé les mondes … Rayonnant de la Gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils … porte l’univers … » (He 1, 2-3).

Quand on ouvre un cadeau, il y a le risque d’être déçu si nous prêtons trop d’attention à l’emballage. Cette nuit, ne soyez pas déçus : « Dieu nous parle par son Fils » (He 1, 2). Il choisit l’amour et la tendresse d’un enfant, pour éclairer votre vie. Il ne choisit pas les guirlandes et les buches. Dieu ne choisit pas l’emballage.  Il choisit de vous révéler qui vous êtes : un enfant qui a besoin d’être aimé, peut-être même pardonné ; sûrement un enfant qui a besoin d’entendre : « je crois en toi, tu vivras de belles choses ». C’est le bonus. Celui de la miséricorde, spécialement réservé à ceux d’entre vous qui se découragent devant le mal qui les submerge.

Dieu vous aime comme il aime son Fils Jésus. Puisque Dieu vous aime, il est prêt à vaincre en vous et autour de vous toutes sortes de mal, à commencer par la peur : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle » (Lc 2, 10).

« Elle mit au monde son fils premier-né », affirme l’Evangile (Lc 2, 7). Premier-né ? Qui seront les fils et les filles cadets ? C’est vous, c’est moi, ce sont ceux qui choisissent de déposer les armes pour se laisser aimer et pardonner, pour devenir un enfant. Jésus dira que pour entrer dans son Royaume, il faut ressembler aux enfants. Laissons de côté les armes trompeuses, la violence, y compris verbale ou sexuelle, le mensonge, la jalousie, la médisance, les addictions, tous les péchés qui défigurent notre innocence.

Notre cœur, comme celui de tout enfant, ne veut ni la guerre, ni l’injustice, ni la division, ni la misère. Aujourd’hui, et demain, dites à Dieu simplement : « Je suis ton enfant, j’ai besoin de ton amour », comme un merci pour le cadeau d’aujourd’hui. Ajoutez : « Nous sommes tes enfants, nous avons besoin de ton amour ». En passant du « je » au « nous », nous voulons dire : « Mon voisin, mon proche, mon ennemi peut-être, celui ou celle dont je me suis séparé, a aussi besoin de ton amour Seigneur ».

Frères et sœurs, même si vous êtes plus attirés par l’emballage, accueillez Jésus dans votre vie, comme votre cadeau, votre modèle, votre frère aîné et, aussi, votre Sauveur.

Choisissez de faire de l’Evangile votre parole préférée, choisissez la communauté de ses disciples comme famille, retrouvez-la chaque dimanche –et dimanche, c’est dans deux jours !-, et choisissez de demander pardon au seul maître du monde.

Cette année est l’année de la miséricorde décrétée par le Pape François. Une porte sainte a été ouverte dans le bas-côté nord comme dans toutes les capitales du monde. Vous pouvez la franchir, seul ou en famille ou avec votre paroisse. Ce n’est pas un geste magique. N’hésitez pas à aller trouver un prêtre pour demander pardon surtout si vous vous êtes éloignés ou bien avez conscience d’avoir pris un autre chemin que celui de l’amour. N’ayez pas peur du pardon ! Ce sera votre cadeau pour Jésus !

✠  Dominique  Lebrun

Archevêque de Rouen.

 


 

Monition d’ouverture