Commentaires sur RCF Haute Normandie – semaine du 22 au 26 février par Chantal Agneray

Lundi 22 :   Saint Matthieu, chapitre 16, Jésus pose la première pierre de la future Église.

Il choisit Simon dont Il change le nom en Pierre pour en être le chef.

Simon Pierre occupe une place à part parmi les disciples, il est patron pêcheur, il suit Jésus mais il n’a pas abandonné son métier si l’on en croit le récit de la pêche miraculeuse en saint Luc, chapitre 5 que nous avons entendue au début de ce mois. Pierre a même des associés: Jacques et Jean.

 

C’est Simon Pierre qui le premier et le seul répond à la question de Jésus: «Pour vous, qui suis-je ? » Sa réponse, inspirée par Dieu : « Tu es le Messie, le Fils de Dieu » ; Jésus lui déclare : « Heureux es-tu ».

Si l’on replace cette péricope dans le contexte du chapitre, elle se situe après une mise en garde de Jésus sur l’hypocrisie de certains croyants, les comparant au levain source de corruption et avant l’annonce de la Passion, Passion vivement rejetée par Pierre qui refuse qu’une telle chose arrive à son maître et ami, attitude jugée scandaleuse par Jésus.

On voit bien là le double aspect de la personnalité de Pierre : Aspect humain, il refuse la souffrance et la mort de Jésus, aspect divin : il sait que le Christ est l’envoyé de Dieu.

Et au moment terrible de l’arrestation du Christ, Pierre aura une attitude très humaine, la peur, qui le fera renier son ami arrêté. Mais plus tard, ce même Pierre sera le berger, pêcheur d’hommes et il ira jusqu’au bout de sa mission sans faiblir.

Personnalité attachante, pleine de vie et d’énergie, Pierre nous laissera deux lettres où il est question d’amour : « Aimez-vous les uns les autres du fond du cœur » et de bien d’autres exhortations qui montrent la foi sincère et humble du premier serviteur de l’Église.

 

Mardi 23 : Saint Matthieu, au début du chapitre 23, tire la sonnette d’alarme sur l’hypocrisie de ceux qui disent mais…ne font pas. Jésus dit très clairement : « Les scribes et les Pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. » Fin de citation.

Méfiez-vous car leur dévotion est factice, ils ont l’air mais c’est tout !

Jésus ajoute qu’ils font porter par les autres les fardeaux qu’eux ne veulent pas porter ! En un mot, ce sont des profiteurs, qui aiment les places d’honneur, les salutations et les banquets !

Le chanoine Osty, dans les notes de sa bible à propos de ce chapitre a écrit : « Pages à méditer par tous ceux qui sont investis ou qui s’investissent de responsabilités spirituelles » Fin de citation.

Molière, dans sa pièce de théâtre « Tartuffe ou le faux dévot » est dans le même esprit.

Tartuffe se sert de la religion pour abuser Orgon qui, naïvement, se laisse gruger par cet aventurier. Molière décrit avec subtilité, sans complaisance et avec humour ce que dit Matthieu très directement et très sérieusement.

Si on lit la suite de ce chapitre 23, « Malheur à vous, hypocrites, guides aveugles, qui payez la dîme mais laissez de côté la justice, la miséricorde et la foi !

Molière, lui, condamne la fausse dévotion mais aussi la naïveté d’Orgon, qui se laisse prendre en se fiant aux apparences.

En continuant le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, il est écrit: « Le plus grand d’entre vous sera votre serviteur ». Il parle aux foules et à ses apôtres. Le Christ n’est pas venu pour être servi mais pour servir.

Serviteur, je ne peux pas m’empêcher de rattacher ce mot à la magnifique phrase de Saint Jean : « Je ne vous appelle plus serviteur car le serviteur ne sait pas ce que veut le maître, je vous appelle mes amis.

 

Mercredi  24 : L’extrait de l’Évangile du jour se situe au moment de la montée vers Jérusalem avant l’entrée triomphale que nous fêtons aux Rameaux.

La mère de Jacques et de Jean demande à Jésus qu’ils siègent de chaque côté de Lui dans son royaume.

Jacques et Jean sont avec Pierre les trois témoins privilégiés des grands moments de la vie de Jésus. Dimanche dernier, ils étaient là au moment de la transfiguration du Christ.

Jacques mourra décapité vers 41-44. Jean sera une des colonnes de l’Église naissante, Jésus lui confiera sa mère, c’est lui qui accompagne Pierre au tombeau le jour de Pâques mais arrivé le premier parce que, plus jeune, il court plus vite, il attend Pierre afin que son aîné soit le premier à constater qu’il s’est passé quelque chose de tout-à-fait étrange : le tombeau est vide.

Dans son Évangile, il se présentera comme « le disciple que Jésus aimait », Évangile qui le classera parmi les plus grands esprits de l’humanité.

Tous deux sont surnommés « fils du tonnerre », preuve de leur énergie ou celle de leur père Zébédée.

Donc, la maman demande des places d’honneur pour ses deux fils, sa foi est solide, elle a toute confiance dans le pouvoir de Jésus dans l’au-delà, elle veut le meilleur pour ses enfants, sentiment bien naturel pour une mère mais elle déclenche l’indignation unanime des 10 autres apôtres ! Quelle présomption et quel égoïsme !

Et Jésus loin de leur promettre la gloire les fait tous réfléchir sur l’épreuve que lui-même va subir, la Passion, le don de sa vie « en rançon pour la multitude ».

Cette rédemption par l’Amour, que certains écrivains comme Dostoïevski ont si bien décrite.

Lui, le Christ le fait de façon parfaite, délivrant les hommes du carcan de la servitude et leur donnant l’accès à la véritable liberté et au salut par Dieu.

Il n’y a pas de plus grand Amour.

 

Jeudi 25 ; Avant de parler de L’Évangile du jour, je dois absolument vous lire le psaume, c’est le tout début du livre des psaumes: je cite « Heureux l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent… » fin de citation. Tout est dit, méfiez-vous d’écouter les méchants, de suivre ceux qui font le mal, de vous moquer avec méchanceté! Heureux les Justes.

L’Évangile nous raconte l’histoire du pauvre Lazare qui vivait devant la maison d’un homme riche qui ne le voyait même pas, trop occupé de son vêtement et de sa nourriture. Après leur mort à tous deux, le pauvre est accueilli auprès du Père et le riche envoyé aux affres de la géhenne. Le riche voudrait prévenir ses frères du risque mais c’est bien inutile, les prophètes ont annoncé tout cela et et les frères ne changeraient en rien leur style de vie.

Ceux qui ont lu et mis en pratique les enseignements de la loi savent bien que le pauvre est aimé de Dieu, que celui qui possède doit aider celui qui n’a rien, que la justice et la miséricorde sont des chemins vers Dieu.

Le pauvre a toujours une place de choix dans le cœur de Jésus, nombreuses sont les références aux pauvres, Jésus leur promet le Royaume dans St Luc. Dans St Matthieu, le Royaume est promis à celui qui a une âme de pauvre, ça laisse une plus grande ouverture, c’est là plutôt l’attitude du cœur.

L’orgueilleux est rempli de lui-même, le pauvre de cœur est toute humilité, il accueillera l’Autre sans se mettre en avant et il saura reconnaître quels sont les besoins de celui qui est en face de lui, a-t-il besoin d’argent, de considération, de temps, d’écoute, d’amitié ? Il y a des personnes qui sentent cela, Jésus est un exemple mais Lui, Il pouvait faire des miracles. Peut-être que avec son aide, on peut faire quelque chose qui y ressemble, si Dieu le veut…

Vendredi 26  :Les lectures d’aujourd’hui sont des récits assez terribles, le premier, c’est l’histoire de Jacob, vendu par ses frères qui complotaient même de le tuer…L’évangile raconte une parabole, celle des vignerons qui tuent les premiers envoyés du propriétaire, puis les seconds et finalement tuent même son fils.  Mais le maître viendra et il donnera sa vigne à d’autres. On reconnaît là l’histoire de Jésus, tué comme les Prophètes l’ont été avant Lui. Dieu a une patience infinie mais…

Nous sommes en période de carême, temps particulier pour réfléchir et donner à sa vie un petit coup de neuf et je me dois de rappeler les trois exigences de ce temps : la prière, le partage et le jeûne.

La prière, la plus belle c’est celle du Notre Père, elle est tellement simple et complète, voir Saint  Luc chapitre 11, que le nom de Dieu soit respecté et honoré, que son règne d’Amour vienne, que nous ayons de quoi nous nourrir, que nous soyons pardonné…comme nous même le faisons, que Dieu nous aide à résister aux nombreuses tentations du monde et qu’Il nous délivre de la méchanceté, de la maladie, de tout mal.

Le partage : partage du temps, du sourire, pas seulement de l’argent. C’est le moment de l’attention aux autres, de la miséricorde, cœur ouvert à toute misère.

Le jeûne : attention à la santé, je pense que le jeûne est vraiment fait pour grandir dans une résolution dont nous avons besoin ; arrêter de fumer, boire raisonnablement, se nourrir plus sainement. Choix personnel.

Et tout cela avec l’aide de Dieu qui veut notre bien. Sainte Thérèse disait « Le royaume de Dieu commence sur la terre ». Au revoir, bon week-end à chacun et à chacune.