21 – 22 et 23 mars 2016 – Alain de Valon

COMMENTAIRES D’EVANGILE.
Semaine du 21 au 23 mars 2016

Lundi  21 mars 2016  (Jn 12, 1-11)

Aujourd’hui, St. Jean nous parle de la visite de Jésus chez ses amis de Béthanie, quelques jours avant sa Passion. Nous nous imaginons volontiers la table de la salle à manger : Lazare, qui est là, tout étonné de s’y retrouver après son expérience du tombeau, Marie, toujours à l’écoute de Jésus, et qui répand du parfum sur ses pieds, et Marthe, accaparée par le service. Chacun essaie de manifester à Jésus son amour selon sa personnalité. Le geste de Marie peut sembler être un geste fou. Mais par ce geste, Marie proclame au monde entier que l’amour n’est vrai que lorsqu’il nous pousse à tout dépenser par amour. Tout dépenser, tout donner, tout dilapider, comme le fera Jésus sur le chemin de sa Passion.

Nous voici au début de la semaine sainte, et dès aujourd’hui, l’évangile porte la confrontation de l’amour et de la haine. L’amour de Marie, disciple et amie, qui prend soin de Jésus qui sera bientôt torturé à mort. La haine des grands prêtres, à qui il ne suffit pas de s’en prendre à Jésus, et qui parlent maintenant de faire mourir Lazare, car c’est par lui que s’est manifestée la puissance de vie que Jésus est venu donner. Et Judas, qui s’oppose au mouvement de l’amour, un amour qui ne peut pas calculer car il se donne entièrement.  Le don de ce parfum qui emplit la maison annonce déjà le don que Jésus va faire de Lui-même, par lequel Il donnera à l’univers entier le parfum de  la vie divine. Dans tout ce passage, la mort de Jésus et la trahison de Judas se profilent.

Arrêtons-nous, nous aussi, chez Lazare, Marthe et Marie, pour apprendre d’eux cette simple et belle amitié qui accueille l’homme traqué et prend soin de Lui. Nous pouvons suivre leur exemple de tendresse concrète, pour être du côté de ceux qui réconfortent plutôt que de ceux qui accusent.

Seigneur, donne-moi la grâce de vivre toute cette semaine avec Toi, de marcher avec Toi vers ton don  incroyable qui nous rend la vie.

Mardi  22 mars 2016  (Jn 13, 21-33 . 36-38)

Saint Jean commence le texte de l’évangile de ce jour en nous parlant du trouble de Jésus. Nous sommes habitués à nous représenter Jésus dominant les évènements, même au cours de sa Passion. Mais il y a un moment où cette sérénité s’effondre : c’est quand Il se trouve face à face avec la trahison d’un de ses disciples.

Trois figures de disciples se dégagent aussi de ce texte : Judas, puis le « disciple que Jésus aimait », et enfin Pierre. Judas semble dominé par des forces qui le dépassent : le texte dit : « Satan entra en lui ». Cela signifie-t-il que Dieu abandonnerait ses amis dans la tentation ? Non, car aussi profondément que le mal puisse entrer en nous, notre Créateur reste présent, et sa présence suscite notre liberté de dire « oui » ou « non » à son appel.                          A l’opposé de Judas, le « disciple que Jésus aimait » est l’homme que nous sommes tous appelés à devenir : celui qui reçoit du cœur de Jésus les secrets de Dieu, qui Lui restera fidèle jusqu’à la croix, et qui croira le premier à sa résurrection. Homme libre, il assume pleinement son choix de suivre le Christ.

Enfin, l’annonce du reniement de Pierre termine ce passage d’évangile.   Ainsi, une trahison ouvre l’évangile de ce jour, un reniement le termine. Jésus est déchiré ; on le serait à moins. Voilà ceux qu’Il appelle ses amis, ceux qu’il a choisis, instruits, à qui Il s’est donné en quelque sorte. Mais Jésus est Jésus. Face à ces lâchetés impitoyables, Jésus proclame sa gloire : l’issue  est par le haut, au-delà des lâchetés, des fuites et des trahisons.  Vrai Dieu, Il sait que son Père Lui rendra la gloire dont il portera témoignage ; vrai homme, Il souffre au plus profond de Lui de la faiblesse de ceux qu’Il aime.

Jésus, au cours de ce repas, se trouve seul au cœur de sa mission. Comment appréhender le drame qui se joue ce soir là et qui semble être un échec patent ? Comment discerner que Jésus est glorifié par l’amour même qui motive le don suprême de sa vie pour le salut de l’humanité ? Notre perception de la gloire n’est qu’humaine !                                         Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de comprendre que c’est dans ton abaissement ultime, sur la croix, que Tu es véritablement glorieux.

Mercredi  23 mars 2016  (Mt  26, 14-25)

Dans l’évangile d’aujourd’hui, St. Matthieu nous raconte la triste démarche de Judas auprès des grands prêtres, lorsqu’il trahit Jésus : « Que voulez-vous me donner, et moi, je vous Le livrerai ? » Quel renversement ! Alors que les versets précédents montrent, dans la maison de Simon, la surabondante générosité de Marie de Béthanie épandant sur les pieds de Jésus son parfum, nous tombons dans la plus grande trahison : Judas vend Jésus, son ami, pour trente malheureuses pièces d’argent ! C’est tout juste le prix de la vie d’un esclave. C’est cela que vaut, aux yeux des prêtres, la vie de Jésus. Et ils ont bien vu, mais sans comprendre, car, tout Fils de Dieu qu’Il était, Il a pris librement, par amour, la condition d’esclave en devenant semblable aux hommes.

Puis Jésus envoie ses disciples chez un ami pour préparer le repas de la Pâque : « Allez à la ville, chez untel… et dites lui  de ma part : c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque. »  Au cours du repas, un dialogue étrange se noue entre Jésus et ses disciples : « L’un de vous va me livrer » – « Serait-ce moi, Seigneur ? » La même question sort de la bouche de Judas et des autres disciples. Elle met en évidence la fidélité hésitante de chacun.

Le dialogue avec Judas nous plonge dans la profondeur de l’évènement : Jésus va être livré. Etre livré, c’est être traité comme une bête, ou comme une chose, ou mieux, comme un colis. Et c’est bien ainsi que jésus va être livré aux grands prêtres, puis au Sanhédrin, puis aux soldats romains. Il sait qu’on veut le mettre à mort, mais ce sera l’occasion pour Lui de se donner tout entier et de déverser sur nous son pardon.

En cette semaine sainte, demandons la grâce d’orienter humblement notre vie vers Dieu, et d’accueillir le don de son amour.