COMMENTAIRES : SEMAINE DU 14 AU 18 MARS 2016

 

Commentaires de Nicole Quilbeuf

Lundi 5ème sem. de Carême : Dn 13, 1-9.15-17.19-30… Jn 8,12-20

C’est une bien longue histoire qui nous est racontée dans ce livre de Daniel. Comme certains commentateurs, nous l’appellerons un « conte moral ».

Suzanne, une femme mariée qui, nous dit-on était « très belle et respectait le Seigneur »  après avoir renvoyé ses servantes, décide de prendre un bain dans le parc familial. Deux vieillards qui la désirent, la menacent de dire l’avoir trouvée avec un jeune homme. Le tribunal,

sur le témoignage des deux vieillards, la condamne à mort, mais  entendant sa prière, « Dieu éveilla l’esprit de sainteté chez un tout jeune homme appelé Daniel ». Celui-ci convainc les deux vieillards de mensonge. Alors, « toute l’assemblée (…) bénit Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui ».

Quant aux vieillards, ils sont condamnés à mort « conformément à la loi de Moïse ».

Belle petite histoire, agréable à lire, et qui met en avant la force de la prière, de l’innocence face à l’outrecuidance de ceux qui se croient tout permis.

Jésus, dans l’Evangile, annonce « Moi, je suis la lumière du monde », ce qui lui vaut, de la part des Pharisiens, l’accusation : « Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un vrai témoignage ».

Mais, de fait, Jésus n’a pas besoin, comme dans la justice humaine, de deux témoins, car : « le Père qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi ».

Le jugement des Pharisiens, est humain. Ils n’ont la connaissance ni du Père, ni de Jésus : « si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ».

Pour nous aujourd’hui, comment annoncer le Père sans passer par le Fils ? Faute de passer par lui, nous risquons fort de fabriquer un dieu qui n’a rien à voir avec le Dieu des Chrétiens.

 

 

 

Mardi 5ème sem. de Carême : Nb 21, 4b-9 ; Jn 8, 21-30

Le texte nous montre le peuple d’Israël au désert, après la sortie d’Egypte. Le peuple récrimine auprès de Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Egypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? ». Alors : « le Seigneur envoyq contre le peuple, des serpents à la morsure brûlante ».

Le peuple se repend, Moïse intervient, le Seigneur lui ordonne de faire un serpent de bronze, et « tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, et ils vivront ». Ce qui arriva, grâce à deux éléments très importants : le repentir du peuple, et l’intercession de Moïse.

Le serpent, dont nous savons le rôle lors de la création, c’est le mal qui est en nous. Mais le « serpent élevé », Saint Augustin nous dit que c’est « le Christ mort en croix » que nous devons contempler.

Dans l’Evangile, nous voyons Jésus annoncer aux Juifs : « Je m’en vais ; vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Là où moi, je m’en vais, vous ne pouvez pas y aller ».

Une fois de plus, ils ne comprennent pas : où va-t-il ? Veut-il se suicider ? Mais Jésus de nouveau explique : eux pensent de façon humaine, lui, n’est pas de ce monde. Eux sont dans le péché et « Si, en effet, vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés ». Ils lui demandaient : « Qui es-tu donc ? ».

« JE SUIS » c’est l’expression par laquelle Dieu dévoile son nom à Moïse au Sinaï. Comme Dieu, Jésus est JE SUIS.

Rappelons-nous, cela. Quand Jésus dit de lui-même qu’il est JE SUIS malheureusement souvent traduit par « c’est moi », chaque fois, en réalité, il dit qu’il est Dieu.

Cette parole, reçue du Père, ses auditeurs ne peuvent la comprendre. Elle ne prendra d’ailleurs toute sa signification qu’à la croix : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS ». Dieu fait homme.

 

Mercredi 5ème sem. de Carême : Dn 3, 14-20.91-92.95 Jn 8, 31-42

Ce texte du livre de Daniel est très connu, mais on oublie souvent qu’au-delà de ce qui semble une anecdote, se cache une importante réalité.

Ce livre est en effet écrit, non à l’époque du roi Nabuchodonosor, comme il le semble, mais beaucoup plus tard, à une époque de persécutions, celle du roi Antiochus. C’est donc pour brouiller les pistes qu’il fait allusion à un autre roi.

Le reproche que celui-ci fait aux trois jeunes gens, c’est « Vous refusez de servir mes dieux et d’adorer la statue d’or que j’ai fait ériger ? (…) Si vous n’adorez pas cette statue, vous serez immédiatement jetés dans la fournaise ; et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ? ». Il ne s’en doute pas, mais c’est la bonne question. Car le Seigneur-Dieu qu’ils adorent, viendra, de fait, les délivrer.

Et le lendemain, non seulement ils sont indemnes, mais « le quatrième ressemble à un ange divin ».

Le roi ne peut s’empêcher de louer ce Dieu « qui délivre ses serviteurs (…) ils ont mis leur confiance en lui, ils ont désobéi à l’ordre du roi ».

Jésus s’adresse aux Juifs qui croient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres ».

Une fois encore, ses auditeurs ne le comprennent pas : descendants d’Abraham, ils n’ont jamais été esclaves de personne !

Mais Jésus, une fois encore également, replace les choses : ils sont dans le péché, donc ils ne sont pas libres. La preuve : ils ne reçoivent pas sa parole, ils cherchent à le faire mourir alors qu’il fait la volonté de son Père. Leur père, disent-ils, c’est Abraham, mais ils ne font pas comme lui, qui a entendu la parole de Dieu. Eux, ne veulent pas écouter cette parole de Dieu que Jésus est venu dire.

Voilà en quoi ils ne sont pas libres. Et seule la vérité, Jésus-Christ, les rendra libres.


Jeudi 5ème sem. de Carême : Gn 17, 3-9 ; Jn 8, 51-59

C’est un texte capital que celui-ci, où Dieu s’adresse à Abram : « Voici l’alliance que je passe avec toi : tu deviendras le père d’un grand nombre de peuples ». Le changement de nom qu’il opère, marque cette alliance : « Au lieu d’être appelé Abram (…) ton nom sera désormais Abraham ». Il marque aussi le fait que l’alliance est non seulement avec Abraham, mais aussi avec tous les peuples « une alliance perpétuelle par laquelle je serai ton Dieu, et celui de ta descendance après toi ».

Voilà de quoi nous sommes les héritiers : une alliance proposée, donnée par Dieu. Remarquons qu’il n’est rien demandé à Abraham, le texte ne nous dit pas en quoi consiste cette alliance. Tout juste nous dit-on : « ce sera une alliance perpétuelle par laquelle je serai ton Dieu ».

Oui, nous sommes bien nous aussi, les bénéficiaires de cette alliance. A nous de la renouveler inlassablement par notre fidélité.

Car inlassablement aussi, Jésus s’adresse à un public qui ne le comprend pas. « Si quelqu’un reste fidèle à ma parole, il ne verra pas la mort ». Evidemment, c’est encore plus provocant que les paroles précédentes, et les Juifs ont beau jeu de lui faire remarquer tous ces personnages illustres qui sont morts « Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? »

Abraham ? Il a vu le « Jour » de Jésus. Et à ses auditeurs de plus en plus décontenancés par ses propos, Jésus affirme : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham ait existé, moi, JE SUIS ». Ce qui les met dans une fureur telle qu’ils lui jettent des pierres.

Remarquons bien que dans tous ces textes que nous avons lus cette semaine, Jésus essaie de dire à ses auditeurs, des vérités -UNE vérité : il est l’envoyé du Père, il est Dieu. Une vérité qu’ils n’arrivent pas à comprendre parce qu’ils en restent à la compréhension humaine.

Bien sûr, Jésus, cela va le conduire à la mort.


Vendredi : 5ème sem. de Carême : Jr 20, 10-13 ;  Jn 10, 31-42

Le prophète Jérémie nous fait part de son expérience. Courageusement il a dénoncé le mal, annoncé des catastrophes dues au comportement humain, et il entend la foule : « Allons le dénoncer, l’homme qui voit partout la terreur ». Même ses amis attendent l’erreur qu’il commettra  « nous réussirons et nous prendrons notre revanche ».

Mais Jérémie ne fléchit pas : « Le Seigneur est avec moi comme un guerrier redoutable : mes persécuteurs s’écrouleront, impuissants ».

Et cette certitude se traduit en une prière : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste (…) montre-moi la revanche que tu prendras sur ces gens-là, car c’est à toi que j’ai confié ma cause.

Chantez le Seigneur alléluia ! Il a délivré le pauvre du pouvoir des méchants ».

Remarquons bien que Jérémie ne prie par au moment de ses malheurs par exemple pour demander de l’aide. Il supporte, sûr de la présence du Seigneur à ses côtés, puis, après, lui demande justice : « Car c’est à toi que j’ai confié ma cause ».

Comme si notre texte faisait exactement suite aux précédents, les Juifs  veulent lapider Jésus. Pourtant, il n’a fait que de bonnes actions : pourquoi veulent-ils le lapider ? Non, ce n’est pas pour cela : « C’est parce que tu blasphèmes : tu n’es qu’un homme et tu prétends être Dieu ».

Nous avons ici une des clés de l’Evangile de Jean : comment dire que Jésus, vrai homme, celui que ses contemporains connaissent -croient connaître- comment dire qu’il est Dieu ?

Or, c’est ce message qu’il est venu dire. Les œuvres qu’il accomplit, c’est faire l’œuvre pour laquelle son Père l’a envoyé. Lui qui peut dire de lui-même : « Je suis le Fils de Dieu ».

Et si ils le reconnaissent grâce à ses œuvres : « Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père ».

Pour cette parole, certains voulurent le lapider, mais aussi :  « Beaucoup crurent en lui ».