Semaine du 5 au 9 septembre 2016, par Alain de Valon

Commentaires d’Evangile

Semaine 36 (du 5 au 9 septembre 2016)

Lundi 5 septembre 2016    (Lc  6, 6-11)

Ce matin, St. Luc nous parle de Jésus qui enseigne un jour de sabbat dans une synagogue où se trouve un homme dont la main droite est paralysée. Les scribes et les pharisiens qui étaient à la synagogue savaient bien que la présence d’un homme à la main desséchée ne pouvait laisser Jésus indifférent, et ils voulaient voir s’Il allait le guérir un jour de sabbat. Mais Jésus « connaissait leurs pensées » nous dit le texte : Il déjoue le piège qu’ils Lui tendaient, en faisant entrer ses auditeurs dans une découverte plus profonde du sens du sabbat. Voilà donc une guérison éventuelle qui se profile, au risque de faire éclater un conflit !                                                                                                Jésus leur pose alors une question qui démontrera, à l’évidence, que s’Il ne guérit pas le malade parce que le travail est interdit le jour du sabbat, Il fera le mal : Il ne sauvera pas la vie de cet homme, et dans ce cas, Il enfreindra un commandement bien plus important que le respect du repos du sabbat : celui de l’amour du prochain. Il regarde alors dans les yeux tous ceux qui L’entourent, non pas d’un regard dominateur, mais libre, et prêt à courir tous les risques pour le triomphe de l’amour.                                                                                                                                    Puis Il prie l’homme de se lever et d’étendre sa main. L’homme obéit aussitôt, et sa main redevient saine. Jésus l’a ainsi fait participer à sa guérison. Et voilà peut-être pourquoi pharisiens et scribes sont furieux : ils perçoivent que l’homme est acteur de sa propre guérison. Les voici donc dépourvus pour le moment de motifs d’accusation contre Jésus.                                                                     La main qui redevient normale ne serait-elle pas le signe que le sens du sabbat a été paralysé par trop de prescriptions et qu’il est temps de lui redonner son vrai sens ? Ainsi, le jour du sabbat, jour où l’on fait mémoire de la création de Dieu, Jésus guérit et Il recrée ; Jésus rend à cet homme l’usage de sa main. Jésus ne respecte pas seulement le sabbat, Il l’accomplit ! L’homme guéri pourra désormais faire mémoire de tout ce que Dieu a fait pour lui, et prendre sa vie à pleines mains…                                                                                                                                               Seigneur Jésus, il n’y a aucune paralysie que Tu ne puisses guérir si nous nous ouvrons à Toi ! Donne-nous, donne-moi la grâce de me situer en fils de Dieu dans le dialogue et l’échange avec Toi, à travers ma prière de louange et d’action de grâce.

Mardi 6 septembre 2016  (Lc 6, 12-19)

Avant de choisir ses Apôtres, Jésus a prié son Père pendant toute une nuit. Il s’agissait pour Lui d’aborder une nouvelle étape de son ministère : celle qui consistera à transmettre ce même ministère à d’autres. La mission que Jésus donnera aux douze, Il la remplit d’abord personnellement. Il enseigne les mystères du Royaume, et guérit les foules.                                     La prière de Jésus à son Père nous montre à l’évidence qu’Il ne voulait pas agir selon sa propre idée, mais qu’il tenait à faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé. Si Jésus a besoin de prier avant d’accomplir un acte de choix important, cela nous montre à quel point la prière est un passage essentiel, pour nous aussi !                                                                                                                       Les hommes qu’Il choisit parmi ses disciples et auxquels Il donne le nom d’Apôtres, c’est-à-dire « Envoyés en mission », auront la lourde tâche d’être ses témoins devant tous les hommes, et de continuer son œuvre d’enseignement et de guérison. Désormais accompagné par les Apôtres, Il  descend avec eux de la montagne, et s’arrête dans la plaine. Il y avait là une foule nombreuse de ses disciples, ainsi qu’une multitude, venue pour l’entendre et pour se faire guérir. Tous savent que Jésus regarde personnellement chacune des personnes qui s’avancent pour Le toucher.      Aujourd’hui encore, une foule immense sur toute la terre est là, présente, dans les églises, les bureaux, les ateliers, les gares et les aéroports, attendant pour entendre la Bonne-Nouvelle. Ce n’est plus Jésus qui la proclame, ce sont les évêques, ces successeurs des douze apôtres, avec les prêtres et les religieux mais aussi les hommes et les femmes qui ont rencontré Jésus-Christ, et qui témoignent de l’amour de Dieu.  Ainsi, cette mission se poursuit. Nous sommes tous ceux que Jésus envoie. Il appelle en réalité chacun, vous et moi, personnellement. Alors, ouvrons les yeux sur tous ceux qui attendent sans même le savoir, un geste, une parole, une écoute.

Seigneur Jésus, donne nous la grâce de nous faire entrer dans ta prière, de Te parler comme à quelqu’un de proche, que l’on aime, pour nous ouvrir aux signes que Dieu nous donne pour éclairer notre chemin et commencer à assurer notre « mission ».

Mercredi 7 septembre 2016  (Lc 6, 20-26)

Ce matin, St. Luc nous montre Jésus annonçant à ses Apôtres et à la foule le Royaume de Dieu à travers les Béatitudes. On connait bien les Béatitudes de Matthieu, proclamées dans la montagne où les Apôtres sont seuls avec Lui, tandis que Luc les situe dans la plaine, où une immense foule attend Jésus. Luc nous montre ainsi que le message de Jésus est vraiment destiné au plus grand nombre. Ici, il s’adresse plus particulièrement aux petits, aux victimes de l’existence, à ceux qui ont faim, à ceux qui pleurent, à ceux qui sont insultés, chassés « à cause du Fils de l’homme ». Il leur dit : « Vous, les pauvres », « vous qui avez faim », « vous qui pleurez maintenant », « réjouissez-vous, le Royaume de Dieu est à vous », « vous serez rassasiés », « votre récompense est grande dans le ciel ». Et Il leur annonce que tous les prophètes ont été traités à leur époque de la même façon qu’eux.                                                                                                                                               Puis, Jésus ajoute ces quelques mots, à première vue terribles, concernant les heureux de ce  monde, et qui peuvent nous mettre mal à l’aise. « Malheur à vous, les riches », « les rassasiés », « malheur à vous qui riez maintenant », « malheur à vous lorsque les hommes diront du bien de vous » Mais notre malaise est sans doute dû à la manière dont on nous interprétons cette deuxième partie du texte : nous pensons « Malheur à vous ! », comme si ce malheur était souhaité ! Non, il faut plutôt comprendre ces apostrophes comme l’expression d’une grande compassion.                                                                                                                                               Ce matin, tout en accueillant les pécheurs, en pardonnant et en guérissant la foule, Jésus annonce  le Royaume de Dieu. Il proclame à tous l’attentive tendresse de Dieu pour les oubliés de toutes natures. Il insiste pour nous dire qu’Il habite justement là où nous sommes pauvres, là où nos mains sont vides, là où nous sommes sans voix. Et sa Parole nous frappe directement. Elle nous touche aux points les plus sensibles, elle appelle à libérer chaque jour le plus humain en nous.          Dans toutes ces situations, Jésus est là, à attendre que nous Lui demandions de l’aide.        Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de ne pas hésiter à t’appeler à notre secours. Heureux serons-nous si nous Te laissons faire !

Jeudi 8 septembre 2016  (Mt 1, 1-16 . 18-23)

Certains noms nous sont bien connus parmi la liste des ancêtres de Jésus : Abraham, Isaac, Jacob entre autres. Mais beaucoup ne sont pour nous qu’un nom, vite oublié parce que n’évoquant à nos yeux rien d’historique… Et la liste est longue ! Alors, en écoutant l’évangile de ce matin, quand  nous arrivons à Joseph et Marie, nous avons presque envie de laisser échapper un  « Enfin ! »     Non parce que nous en avons fini avec cette longue liste de quasi-inconnus, qui ont chacun leur place et leur rôle dans la généalogie de Jésus. Mais plutôt une immense joie devant le projet de Dieu, ce projet merveilleux qui avait déclenché toute l’histoire de l’humanité et qui a sa raison d’être en Jésus. En Marie, il atteint sa plénitude. Tout enfant est le fruit d’une rencontre amoureuse. En Jésus-Christ, le ciel et la terre se rencontrent et c’est Marie qui est au centre de cette rencontre, où la miséricorde divine vient soulager la misère humaine et où naît notre Sauveur.                                                                                                                                                          Ce matin St. Matthieu nous montre que Jésus s’inscrit dans une lignée, et qu’Il assume pleinement notre humanité. Cette humanité a connu ses heures de gloire comme la royauté de Salomon, mais aussi ses heures de tragédie comme la déportation à Babylone. L’histoire humaine est faite d’attachements loyaux et dévoués, comme le montre Abraham, mais aussi de faiblesses et de trahisons, comme le révèle le péché de David. C’est bien dans ce terreau humain que Jésus va naître, vivre et mourir. Et c’est en assumant cette humanité que Jésus nous sauve. Il est Dieu avec nous, au milieu de nous. En se faisant homme, fils d’homme, le Fils de Dieu nous donne de partager sa divinité et de devenir avec Lui fils de Dieu.                                                                         Joseph était un homme juste qui devait attendre le Seigneur. Sans doute a-t-il été décontenancé, mais sa confiance et sa foi en Dieu vont faire de lui un père, qui  a eu le bonheur d’accueillir la lumière d’en haut, Jésus Sauveur.                                                                                                    Comme Marie et comme Joseph, Seigneur Jésus, donne-nous la grâce d’accueillir chaque jour ta naissance en nos cœurs.

Vendredi 9 septembre 2016  (Lc 6, 39-42)

Aujourd’hui, St. Luc nous rapporte les paroles que Jésus a prononcées à propos des aveugles, avant de leur parler de hiérarchie, et d’évoquer la parabole de la paille et de la poutre, si connue qu’elle a pris une dimension proverbiale.                                                                                                     Quand Jésus questionne : « Un aveugle peut-il guider un aveugle ? », que nous dit-Il, sinon : « Toi qui veux conduire ton frère, sais-tu que tu es toi-même aveugle »? Et à qui pense-t-Il, au-delà de l’image ? Certainement  à ceux qui se proposent comme guides dans la vie morale et spirituelle, Et là, la question se pose vraiment : comment discerner la vraie lumière donnée par le Christ ? Car nous sommes tous des aveugles sur le chemin. Mais une main se tend pour nous aider à passer les obstacles. Cette main est celle de Jésus. Prenons cette main, et laissons-nous guider : c’est un  geste d’amour qui nous rend acteurs de notre propre vie.                                                                      Les disciples de Jésus, qui se sont demandé lequel d’entre eux était le plus grand, ont-ils également été tentés de s’imaginer au dessus de Jésus pour que Celui-ci leur dise : « Le disciple n’est pas au dessus du Maître, mais tout disciple accompli sera comme son Maître » ? Sans doute n’avaient-ils pas encore perçu dans quel chemin d’abaissement Dieu Lui-même s’était engagé pour rejoindre notre humanité et nous sauver. Nous ne pouvons donc vraiment cheminer vers le Royaume de Dieu que si nous adoptons la même détermination d’abaissement. Ce mouvement divin est tout simplement celui de l’Amour, et c’est grâce à lui que nous pourrons sortir de notre aveuglement. En effet, dans l’Amour, nous ne sommes plus aveugles, puisque nous voyons l’essentiel.       Bien au-delà de son côté « maxime de sagesse », la parabole de la paille et de la poutre prend toute sa mesure au cœur de l’Evangile. C’est si vrai et tellement fréquent : je vois la paille dans l’œil de mon frère, mais je refuse de voir la poutre qui est dans le mien.                                                    Le message est particulièrement important : juger autrui, c’est tout aussi énorme et aveuglant qu’une poutre ! Le jugement nous empêche de voir correctement, car nous oublions de regarder notre frère pour ce qu’il est, et nous l’enfermons sans ménagement ! Voir avec les yeux de Dieu, voilà ce qui libère. Le Christ n’est pas venu condamner, mais sauver.                                          Seigneur Jésus, donne-moi la grâce de purifier mon regard sur mes frères avec le baume de ta miséricorde !