Solennité de l’Epiphanie – Cathédrale de Rouen – Dimanche 8 janvier 2017

Solennité de l’Epiphanie
Cathédrale de Rouen – Dimanche 8 janvier 2017

Textes de la messe : Lecture du livre du prophète Isaïe (60, 1-6) ; Psaume 71 ;
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens (3, 2-3a.5-6) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (2, 1-12)

Homélie

« Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant et sa mère » (Mt 2, 11).

Frères et sœurs, curieusement, notre évangile ne nomme pas l’enfant. Pourtant, dimanche dernier, nous l’entendions. A la suite de la visite des bergers, nous apprenions que le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus (cf. Lc 2, 21).

Nous avons chanté et répété : Jésus, Jésus, Jésus … à la manière de nos frères d’orient. Ils répètent ce nom pour qu’il habite leur cœur. Peut-être vous-mêmes en avez-vous fait l’expérience comme me l’a écrit un fidèle cette semaine.

Les mages viennent de loin, géographiquement et spirituellement. Nous ne savons pas s’ils se sont mis en marche parce qu’ils ont vu une étoile ou bien si, se mettant en marche, ils ont vu une étoile. Pour eux, l’étoile doit les conduire au roi des juifs, peuple connu pour sa foi en Dieu, et son aventure extraordinaire. Naturellement, ils se rendent à Jérusalem, la capitale. Ils ne savent pas encore que c’est un enfant, encore moins son nom. N’est-ce pas une situation comparable à la nôtre ? Beaucoup cherchent Dieu mais ignore que c’est un enfant, qu’il s’appelle Jésus.

Avec la complicité malicieuse d’Hérode, les mages se dirigent vers Bethléem. Confortés par l’étoile, ils arrivent auprès de l’enfant. Ils sont venus trouver un roi ; ils rencontrent un enfant et sa mère. Ils ne sont pas déroutés : La joie des mages est intacte : « Ils se réjouirent d’une très grande joie », raconte St Matthieu ; leurs âmes ne se troublent pas : « Tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui » ; leur générosité est égale : « ils lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens, de la myrrhe » (Mt 2, 10-12).

Frères et sœurs, nous sommes parfois déroutés. Nous rencontrons des Hérode ou d’autres despotes, politique, économique ou culturel. Nous laissons-nous dérouter ? Qui adorons-nous en vérité ? Notre propre image, nos loisirs, nos propres idées, l’image que nous nous faisons du chrétien ? Combien de comportements addictifs- qui adorent des faux-dieux- sont des « déroutes », au sens littéral ?

Peut-être y-a-t-il dans notre assemblée telle ou telle personne qui se reconnaît dans ces chercheurs de Dieu qui viennent de loin et n’ont pas encore rencontré l’enfant ou ne peuvent le nommer. Sûrement, il y en a autour de vous. Rencontrent-ils dans les disciples de Jésus, des adorateurs de l’enfant, des aimants comme Marie ?

Nous avons la grâce de nommer Jésus, de faire de notre cœur sa demeure, sa crèche, en répétant son nom, en accueillant sa Parole. Soyons des joyeux adorateurs de Jésus, prêts à lui donner ce que nous avons de plus précieux : notre temps ? Notre amour ? Notre vie ? Je pense aux vocations de consacrés, de prêtres dont nous avons tant besoin.

En répétant Jésus, Jésus, Jésus … demandons-lui de vivre en adorateurs joyeux et généreux. Dans quelques instants, au nom de l’assemblée, seront apportés le pain et le vin. Ils prennent la place de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ce pain et ce vin sont les éléments choisis par Jésus pour se donner à nous en nourriture et pour nous offrir avec lui à son Père, comme le cadeau le plus précieux. Frères et sœurs, offrons notre vie, notre semaine !

Le pain et le vin seront apportés sur la patène et le calice appartenant à la famille du Père Xavier Desbois décédé en 1965. Conscients de l’importance du geste de l’offrande, sa famille – présente ce matin- remet cette patène et ce calice à notre Eglise diocésaine. Je leur ai proposé de l’apporter au cours de cette eucharistie pour qu’ils servent à notre offrande. Ensuite, ils seront à la disposition des prêtres à la résidence Mgr Joseph Duval, inaugurée cette semaine route de Neufchâtel.

Puisse l’encens de la cathédrale nous aider à unir notre offrande à celle de Jésus devant lequel les mages se prosternent. Déjà adorons-le en prononçant son nom dans notre cœur ; puis nous ferons un geste d’adoration pendant la proclamation du credo pour adorer le Fils de Marie.

✠ Dominique  Lebrun

Archevêque de Rouen.