Commentaire biblique (6, 7 et 8 février 2017) par Hélène Labrunye

Commentaire biblique sur RCF Haute-Normandie (6, 7 et 8 février 2017) par Hélène Labrunye

Commentaire du 6 février 2017 – Marc, 6, 53-56

L’évangile de Marc que nous lisons aujourd’hui relate les guérisons qu’accomplit Jésus au pays de Génésareth. L’épisode est précédé d’une des nombreuses traversées de la mer de Galilée. Marc, en effet, nomme ce lac, mer, lieu de puissances maléfiques pour les Hébreux, où les hommes sont en péril de mort. Cette fois, sur l’ordre de Jésus, les disciples ont dû partir seuls en barque afin de le devancer sur l’autre rive. Cependant, ils ne parviennent pas à avancer contre le vent. Jésus marche sur les eaux, les rejoint et calme les éléments. Le Christ montre ainsi son pouvoir sur la mer, sur la création. Il annonce aussi sa victoire sur les forces mauvaises qui empêchent l’humanité d’avancer vers le salut.

Dans ce contexte, Génésareth, sur l’autre rive, apparaît comme une image du salut. Les disciples y accostent après une nuit d’épreuve, où le Christ les a rejoints et délivrés des forces mauvaises qui les immobilisaient dans les ténèbres et l’effroi. Ils sont ramenés à la confiance et à la vie.

Les habitants de Génésareth manifestent cette confiance, cette foi, qui a manqué aux disciples et ceci d’une manière presque miraculeuse. En effet, Jésus, est aussitôt reconnu comme celui qui guérit. Tous les habitants s’empressent d’aller chercher les malades afin qu’ils rencontrent le Christ et soient sauvés. Les infirmes sont pleins de confiance : ils supplient Jésus de les laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. En cette terre de grande foi, le Christ accomplit une multitude de guérisons. Sur l’autre rive, Marc nous montre un monde où le salut est déjà là, un monde de foi, d’amour, de coopération des hommes au salut.

Dans notre vie, nous connaissons aussi, comme les apôtres, des moments de crainte, de désespoir, où Dieu nous semble absent, où nous pensons lutter seul et en vain contre le mal. Nous expérimentons aussi comme à Génésareth cette joie de la présence du Christ, ce salut déjà à l’œuvre. Que nous soyons dans la nuit et la crainte ou, en confiance, au milieu de nos frères, soyons sûrs que le Christ est là pour nous faire avancer vers le salut.

Commentaire du 7 février, Marc, 7, 1-13

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Marc rapporte une controverse de Jésus avec les pharisiens. Ces derniers reprochent aux disciples de ne pas avoir respecté le rituel de l’ablution des mains, transmis par les anciens. Jésus rétorque en se référant aussi aux anciens, et surtout à deux autorités incontestables, Isaïe et Moïse. Dans le livre d’Isaïe, le Seigneur invective Jérusalem qui ne vit plus selon l’amour de Dieu, ce qui enlève tout sens au culte. De même, les pharisiens ne semblent s’attacher qu’au rituel qu’ils observent strictement. Ils en tirent un sentiment de supériorité, une arrogance contraire à l’amour.

Mais Jésus montre qu’ils commettent pire encore en faisant un usage pervers de l’Ecriture, de la loi. Le livre du Lévitique précise par exemple qu’on ne peut reprendre un bien qu’on a consacré à Dieu. Selon la tradition enseignée par  les Pharisiens, il suffit de prononcer le mot korban, c’est-à-dire don réservé à Dieu, pour être définitivement lié à cet engagement. On ne pourra plus utiliser ce bien pour aider ses parents dans le besoin. Selon Jésus, les Pharisiens ne détournent pas seulement la parole de Dieu, ils l’annulent, la privent de toute force et autorité. En effet quel sens peut avoir une loi qui oppose Dieu aux hommes ? Les commandements donnés par Moïse demandent en effet d’honorer ses parents, de les glorifier, dit même le texte hébreu, car ils transmettent la vie donnée par Dieu.

Jésus rappelle d’ailleurs une des sanctions qui suit les dix commandements :  “celui qui maudit ses parents sera mis à mort”. Il ne souhaite pas que cette loi soit appliquée mais il veut montrer combien il est dangereux d’absolutiser une loi, de ne pas  tenir compte de l’essentiel : Dieu propose un chemin de vie et d’amour. Refuser ce chemin est une conduite mortifère pour soi-même et pour les autres.

Nous agissons aussi parfois comme les pharisiens. En effet, la tentation est grande de réduire la foi à une pratique. Il est simple de faire acte de présence à la messe. Il est moins simple de se  tourner vers Dieu avec tout son coeur et tout son esprit afin d’aimer les autres comme nous-mêmes. Laissons-nous conduire sur ce chemin de vie et d’amour.

 

 Commentaire du  8 février 2017, Marc, 7, 14-23

L’évangile d’aujourd’hui fait directement suite à celui d’hier où Jésus reprochait aux pharisiens leur rigorisme quant aux rites de purification et leur manque d’amour. Il s’adresse maintenant à la foule et approfondit son propos. Il affirme fermement que le mal ne vient pas d’une cause extérieure mais de l’intérieur de l’homme.

Les disciples semblent déroutés par cet enseignement, réticents. Il est en effet plus simple de penser que l’impureté vient du monde qui nous entoure, des autres, et que l’on peut s’en préserver en suivant un rituel ou en se mettant à part des autres, comme le font les pharisiens. Examiner son for intérieur, y reconnaître des pensées perverses est beaucoup plus difficile.

Le Christ précise pour ses disciples que le mal vient du cœur de l’homme. Le cœur, dans la pensée hébraïque, est le siège de l’intelligence et de la volonté ; il est le lieu où se prennent les décisions bonnes ou mauvaises, où s’exerce finalement la liberté de commettre le bien ou le mal. Jésus énumère les nombreux péchés humains et montre ainsi notre incapacité à faire le bon choix, quand nous sommes livrés à nous-mêmes. Saint Paul l’affirme aussi dans la lettre aux Romains : “Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas”

Le constat de Jésus pourrait être désespérant. Nous avons l’impression que le combat contre le mal est perdu d’avance pour les hommes. Ce serait oublier la bonne nouvelle annoncée dès le début de l’évangile de Marc. Le Christ est vainqueur du mal et de la mort. En révélant aux disciples leurs insuffisances, le mal présent dans leur cœur, il les appelle à s’ouvrir à lui, à le choisir pour s’emplir de sa grâce qui seule peut les secourir et les libérer du mal.

Laissons les paroles du Christ éclairer notre cœur, mettre à nu nos misères, nos manques. Reconnaissons notre propre impureté, l’insuffisance de notre volonté et acceptons que le Christ vienne à notre secours pour nous libérer de tout ce qui nous entrave et nous empêche de vivre dans l’amour.