Commentaires d’Evangile par Alain de Valon (20 au 24 février)

Commentaires d’Evangile par Alain de Valon

(du 20 au 24 février 2017)

Lundi  20 février 2017    (Mc 9, 14-29)

En descendant de la montagne, après sa transfiguration, Jésus retrouve ses disciples en pleine discussion avec la foule et les scribes. Il s’étonne de ce rassemblement. Il en demande la cause à ses disciples, et prend le temps de parler avec le père d’un enfant possédé par un esprit mauvais, qui fait appel à Lui pour le guérir. Ses disciples n’ont pas réussi à chasser l’esprit impur, et Jésus est mécontent de leur manque de foi. Mais la suite du récit nous permet de constater qu’ils n’étaient pas les seuls à manquer de foi : le père de l’enfant a un doute – après l’échec des disciples – pour la guérison de son fils par Jésus – « Si Tu y peux quelque chose », Lui dit-il. Alors à son tour, le père qui doute, est interpellé par Jésus sur la force de sa foi. Celle-ci étant affirmée, le miracle peut s’accomplir. Après la guérison de l’enfant, les disciples demandent à Jésus pourquoi ils n’ont pas pu le guérir. La réponse de Jésus est étonnante : « Rien ne peut faire sortir cette espèce – là, sinon la prière ! » Jésus leur rappelle ainsi que cette forme de guérison n’est pas leur propriété, mais qu’ils la reçoivent de Dieu dans la prière.                                                                             Evidemment, on se demande ce qu’ont bien pu faire les disciples, à part prier… Comment guérissaient-ils le reste du temps ? Le faisaient-ils grâce à leurs propres forces ?                                         La prière à laquelle Jésus fait allusion n’est pas n’importe quelle prière. Quand Jésus prie, c’est à l’écart, dans le silence, dans l’intimité du Père. C’est là, dans ce cœur à cœur, que le Père remet tout son pouvoir d’amour entre les mains du Christ.                                                                                    Et nous, comptons-nous vraiment sur l’aide du Seigneur ? Jésus, qui se heurte le plus souvent à nos limites, à nos faiblesses, nous appelle à une foi plus vive pour opérer des miracles. Il vient au secours de notre peu de foi en nous invitant à une prière plus fervente, qui Lui permet d’accomplir en nous son œuvre de libération. C’est grâce à cette même intimité avec Dieu que nous pouvons nous laisser transformer. Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de venir en aide à notre peu de foi !

Mardi  21 février 2017    (Mc 9, 30-37)

Dans l’évangile de ce matin, Jésus ne souhaite pas faire savoir qu’Il est de passage en Galilée, et Il annonce pour la deuxième fois sa Passion à ses disciples.  Eux, qui n’ont pas compris ses paroles, gardent le silence, et ils n’osent pas L’interroger. Sur le chemin de Capharnaüm, ils se mettent à discuter entre eux, et de quoi ? De savoir « qui d’entre eux est le plus grand » ! Ils ne pensent qu’à eux, car si Jésus meurt, il faudra Le remplacer, et ce sera qui ?                                                         Quel abîme sépare Jésus de ses disciples… Il est vraiment seul !                                                          Les disciples se taisent à nouveau quand Jésus les interroge à propos de leur discussion en chemin. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit que le plus grand, c’est celui qui sert. Il indique le chemin qui conduit à la première place, et ce chemin, c’est Lui. Lui qui est vraiment le plus grand, puisqu’Il est Dieu, et qui s’est fait le plus petit, comme cet enfant qu’Il montre et qu’Il embrasse. Non seulement le plus petit, mais le dernier, le serviteur souffrant, mort dans l’infamie de la croix pour nous sauver. Mais Il donne aussi la première place – la sienne – à l’enfant ou, si nous le transcrivons dans le monde d’aujourd’hui, à celui qui ne compte pas, à l’exclu. Il n’explique pas l’annonce de sa Passion parce que les disciples ne sont pas prêts à L’entendre : ils ont peur de L’interroger. Mais Jésus ne s’offusque pas de leur manque de compréhension : ils sont incapables de se mettre à sa place… Il connait le cœur des hommes, leur besoin de reconnaissance, et ne reproche rien à ses disciples.                                                                                                            Comme les disciples, nous ne comprenons pas toujours le chemin de nos vies. Souvent aussi, nous nous taisons, ruminant nos insatisfactions… Or, Jésus souhaite lever les ambiguïtés contenues dans nos silences et dissiper nos peurs. Il se propose d’habiter nos silences par sa Présence vivifiante et par sa Parole : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »                                                                                                                                             Seigneur Jésus, donne-moi la grâce de devenir un serviteur plein d’amour, et d’accueillir le plus petit.

Mercredi  22 février 2017    (Mt 16, 13-19)

Jésus ne pouvait ignorer les bruits qui couraient à son sujet,  plus ou moins bienveillants. Il pose donc la question à ses disciples : « Pour vous qui suis-je » ? Pierre, inspiré par l’Esprit Saint sur l’identité de Jésus, répond : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant. » Jésus lui déclare alors : « Heureux es-tu, Simon, d’avoir écouté l’Esprit parler en toi !  Evidemment, Pierre connait Jésus, mais jusqu’à quel point ? Par sa réponse, il manifeste une foi qui l’engage à être un ami. De son amitié avec Jésus-Christ, de sa découverte progressive de l’identité de Celui qui l’a appelé à sa suite, Pierre reçoit à son tour la révélation de ce qu’il est dans le dessein de Dieu : la pierre de fondation de l’Eglise. Et pourtant, au moment de la Passion, il dira à la servante qui l’interroge : « Je ne connais pas cet homme », il reniera Jésus qui l’aime. Il lui faudra alors des larmes de honte et de repentir pour éprouver vraiment qui il est, lui, Pierre, et qui est vraiment Jésus.                                                                                                                                                                   Comme l’homme avisé qui construisait sa maison sur le roc, Jésus s’est choisi une pierre pour bâtir son Eglise. A ce moment, Pierre devient le rocher sur lequel repose l’Eglise animée par l’Esprit Saint. Et cette Eglise est présentée comme devant vaincre les puissances de la mort : pluies, vents et torrents ne pourront abattre la maison aux fondations solides. De même, les puissances du mal et de la mort ne pourront jamais abattre l’Eglise du Christ bâtie sur Pierre.  C’est à dire qu’elle donne la vie.                                                                                                                                                 Nous avons besoin de l’Eglise et des sacrements pour soutenir notre foi. Unis au peuple de Dieu,  nous sommes Corps du Christ et participons à sa mission. Et aujourd’hui, comme Pierre, nous sommes invités à répondre à la demande de Jésus : « Qui suis-je » ? Peut-être avons-nous des réponses toutes faites, qui ne nous engagent pas trop. Mais Jésus insiste : « Pour toi, qui suis-je » ? Quelle place dans ta vie ? Crois-tu que je t’aime et que je veux te sauver ?                                                  Seigneur Jésus, donne-moi la grâce d’œuvrer pour que l’Eglise visible soit le reflet de la beauté de ton Eglise invisible !

Jeudi  23 février 2017    (Mc 9, 41-50)

2005 – Dans l’évangile de ce jour, tout commence par un geste d’hospitalité : le verre d’eau offert au disciple du Christ. Donner un verre d’eau est peu de chose, et pourtant, même ce petit geste est compté à notre avantage. Ainsi « offrir un verre d’eau », au nom du Christ, est un acte encourageant, fraternel, qui édifie le Royaume de Dieu. Si simple qu’il soit, il mérite une « grande récompense ».                                                                                                                                                         A l’inverse, entrainer la chute, fût-ce « d’un seul de ces petits », entraine blâme et condamnation. Jésus nous met en garde, de façon énergique et radicale, contre l’éventualité de devenir cause de scandale pour les autres, et surtout pour les plus petits d’entre nous. Il insiste sur le bon exemple à donner pour ne pas entrainer la chute du « petit » ou même la nôtre. Le « petit » est celui dont la foi est fragile – ce n’est pas seulement l’enfant – et il peut être facile de le troubler en riant de ses croyances, ou en faisant croire qu’on en sait plus long que lui.                                                             Avec virulence, Il nous exhorte aussi à ne pas nous laisser entrainer sur la pente du péché : « Coupe ta main… Arrache ton oeil… ». Ce sont là des paroles dures qui ne sont pas à prendre à la lettre bien sûr : langage imagé d’homme de l’Orient ! Mais ces recommandations nous invitent à rompre toute attache avec le péché, même si c’est pour nous un sacrifice douloureux. Car il en va de la vie éternelle de notre âme et de notre corps.                                                      L’Evangile, au contraire, est ce qui donne à l’existence un goût nouveau. Comme le plat dont le goût change grâce au sel, l’existence du croyant est transformée par l’Evangile. Les hommes qui  acceptent de se mettre en question et de se demander si leurs actes sont en cohérence avec leur foi, auront la joie d’être profondément renouvelés, et de trouver en eux-mêmes un goût nouveau. Sinon, ils s’ankylosent et s’installent dans leur égoïsme, et ils oublient leurs frères.                              En fait, ce texte nous parle une fois de plus de la saveur de l’amour. Les mains, les pieds, les yeux, doivent être au service de notre amour, sinon, ils sont inutiles. C’est d’abord avec notre cœur que nous saurons aimer, c’est lui qui apprendra à nos membres les gestes qui apaisent, à nos yeux, les regards qui réconfortent. Seigneur, donne-nous la grâce de recevoir le sel de ta sagesse qui donne sens et saveur à la vie vécue pour Toi !

Vendredi  24 février 2017    (Mc 10, 1-12)

Dans l’évangile de ce matin, pour mettre Jésus à l’épreuve, Les Pharisiens Lui demandent s’il est « permis à un mari de renvoyer sa femme ». En effet, Ils veulent voir comment Il va expliquer  l’acte de répudiation prévu dans la Loi. Mais Jésus les précède en leur demandant ce qu’a ordonné Moïse. Ils Lui répondent que Moïse a permis le divorce ; alors Jésus dit : « c’est en raison de votre durcissement qu’il a formulé cette loi ».                                                                                                   « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », proclame ensuite Jésus. Il rappelle par là que l’union entre l’homme et la femme voulue par Dieu n’est pas éphémère, mais bien perpétuelle et indissoluble. Aucune volonté humaine ne saurait prévaloir contre cette institution divine. Oui,  Moïse a pu permettre provisoirement quelques concessions à cette loi divine à cause de la dureté de cœur du peuple juif.  Mais Jésus, qui interprète librement la Loi, et qui vient l’accomplir, veut rétablir l’institution du mariage dans sa vertu première, et c’est pourquoi Il réaffirme l’indissolubilité du lien conjugal. Cependant, malgré l’énergie de ses paroles, quand Il évoque  la réalité du divorce, Il ne juge ni ne condamne la faiblesse humaine, mais il cherche à ouvrir des chemins de miséricorde face à certains de nos naufrages conjugaux.                                                  Cet évangile est d’une interprétation délicate. Les Pharisiens ont deux objectifs : prendre Jésus en défaut d’une part, et s’assurer que les hommes peuvent divorcer de leurs femmes comme à l’époque de Moïse. Jésus se situe carrément à l’origine du dessein bienveillant de Dieu sur l’humanité. Le champ de vision s’élargit alors : il s’agit d’amour mutuel, de communion, de vie. Tout se met à respirer au souffle de l’Esprit.                                                                                                      Jésus nous ramène ici à la fidélité, valeur qui n’est plus vraiment à la mode aujourd’hui, mais qui reste  pourtant essentielle. Elle prend naissance dans l’amour et dans la confiance. On est fidèle parce qu’on croit en l’autre. Bien sur, nous sommes faibles et inconstants, mais Dieu reste fidèle parce que son amour pour nous est éternel. Et c’est le Christ qui rejoint chacun de nous personnellement dans une alliance éternelle. Par le don qu’Il nous fait de Lui-même, Jésus nous porte dans sa fidélité.                                                                                                                     Seigneur Jésus, donne-moi la grâce de puiser amour et fidélité dans l’amour et la fidélité de Dieu.