Huitième dimanche du temps ordinaire Messe avec les Anciens combattants Eglise Notre-Dame de Lourdes à Sotteville-lès-Rouen Paroisse Bienheureux Nicolas Barré – 26 février 2017

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Huitième dimanche du temps ordinaire
Messe avec les Anciens combattants
Eglise Notre-Dame de Lourdes à Sotteville-lès-Rouen
Paroisse Bienheureux Nicolas Barré

Textes de la messe : lecture du livre du prophète Isaïe (49, 14-15) ; Psaume 61
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 4, 1-5) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (6, 24-34)

Homélie

Chers amis,

Avez-vous prêté attention à la première prière de cette messe : « Seigneur, fais que les événements du monde se déroulent dans la paix, selon ton dessein, et que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude » (Prière d’ouverture du 8ème dimanche du temps ordinaire). Accueillons ensemble cette prière.

C’est une belle prière pour vous, anciens combattants ou bien, grâce à Dieu, n’ayant jamais combattu mais ayant le souci de la mémoire des combattants et des victimes des combats. « Fais que les événements du monde se déroulent dans la paix ». J’imagine que cela vous intéresse !

Il s’en passe des choses dans le monde. Tant d’événements petits et grands. Ils regardent la famille, le pays, un continent, le monde, l’univers du ciel et de la terre. Nous n’en avons que partiellement la maîtrise, avouons-le. Nous avons le désir qu’ils se déroulent dans la paix. Là aussi, ce serait une erreur de croire que, par nos seules forces humaines, nous pouvons réussir, malgré la promesse de candidats. « Le cœur de l’homme est compliqué et malade », dit la bible (Jr 17, 9). C’est notre expérience. Demander à Dieu la paix, c’est demander la guérison de notre propre cœur, apeuré, parfois jaloux, colérique ou égoïste.

« Fais que les événements du monde se déroulent dans la paix, selon ton dessein … » La prière reconnaît que la paix est la volonté de Dieu, son dessein c’est-à-dire son projet. Cherchons-nous quel est le projet de Dieu, y compris dans le domaine politique ? Dieu voudrait-il une France belle, forte et en paix … et d’autres pays soumis à la tyrannie, faible et en conflit ?

La deuxième partie de la prière nous rapproche de l’Evangile que nous avons entendu : « Fais que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude ». « Ton peuple » ce sont les croyants qui se reconnaissent le peuple de Dieu. C’est l’Eglise, une Eglise large. Nous demandons à Dieu la joie de Le servir sans inquiétude. Quelle est votre joie ? En servant votre pays, la mémoire de nos aïeux tombés au champ d’honneur, avez-vous conscience de servir Dieu, de servir son projet ? Est-ce une joie profonde ? Cela dépend probablement de votre foi mais aussi de la manière dont vous vivez cet engagement, avec plus ou moins de prière.

Presque comme une cerise sur le gâteau, nous demandons la joie de servir Dieu « sans inquiétude ». L’Evangile nous révèle le sens de cette prière. Il ne s’agit pas de demander l’absence de difficultés ou d’obstacles. Ce serait contradictoire avec le début de la prière. Il s’agit d’écarter l’inquiétude en mettant notre confiance en Dieu. Jésus explique que pour Dieu, son Père, nous sommes très précieux, bien plus précieux que les oiseaux : « Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » (Mt 6, 26).

Suffit-il de faire confiance ? Jésus nous donne la clé de la bonne attitude qui rend heureux et joyeux : « chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Notre monde est inquiet. Recherche-t-il « le Royaume de Dieu et sa justice » que Jésus nous révèle ?

Sous couvert de laïcité, la société se laïcise. Elle se croit indépendante de tout destin supérieur qui oriente sa marche. Le chrétien croyant a la chance, la grâce, de croire que le destin du monde est lié à celui d’un Dieu d’amour, d’un Père qui est aussi une mère : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas, dit le Seigneur » (Is 49, 15).

En ce monde, nous avons à nous battre. Mais c’est pour que triomphe le Royaume de Dieu et sa justice, non pas nos égoïsmes. A chaque difficulté, à chaque choix que nous avons à faire, nous pouvons nous demander : qu’est-ce qui construit le mieux le Royaume de paix, de justice et d’amour que Jésus a inauguré ?

Chers amis, je vous souhaite de vivre votre mission du souvenir dans cet esprit de paix et de confiance en Dieu, dans la joie de servir Dieu et l’humanité, c’est-à-dire « notre Père » et tous ses enfants.

✠ Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.