Célébration de l’appel décisif Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 5 mars 2017 Premier dimanche de carême (A)

Célébration de l’appel décisif
Cathédrale Notre-Dame de Rouen – 5 mars 2017
Premier dimanche de carême (A)

Monition d’ouverture

Frères et sœurs, c’est une grande joie de vous accueillir dans notre cathédrale. Je voudrais d’abord vous remercier vous les catéchumènes. Vos lettres m’ont toutes ému. Jésus est devenu votre ami, m’écrit l’une d’entre vous, un ami de choix. Il me semble que cela résume toutes les autres. Jésus est vivant en vous, dans la communauté que vous découvrez ; Jésus est vraiment votre ami.

Bienvenue à vous tous, parrains, marraines, accompagnateurs, diacres ; bienvenue à vos familles ; bienvenue à mes frères prêtres, qui vous guident.

Au début du carême, entrons dans la joie de Dieu qui vous appelle aujourd’hui à devenir définitivement les disciples de son fils en la fête de sa résurrection.

Homélie

Lectures : Lecture du livre de la Genèse (2, 7-9 ; 3, 1-7a) ; Psaume 50 ; Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (5, 12-19) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (4, 1-11)

Frères et sœurs, y a-t-il plus grande joie que d’entendre cet évangile ?

Y a-t-il plus grande joie que celle de croire que le Fils de Dieu a emprunté nos chemins … ceux qui mènent au désert, ceux qui mènent au sommet de la ville, ceux qui mènent sur la montagne ?

Y a-t-il plus grande joie, frères et sœurs, que celle de croire que le Fils de Dieu, Dieu lui-même, a rencontré le diable, lui a dit « Arrière, Satan » (Mt 4, 19) et l’a éloigné, tout cela pour nous ?

Bien sûr, la plus grande joie, c’est la résurrection, c’est le Royaume qui nous attend, c’est la place que Jésus est allé préparer pour nous dans la maison de son Père ; bien sûr la plus grande joie c’est l’Esprit Saint qui habite nos cœurs.

Mais cela est l’aboutissement de notre salut ; or, notre salut commence par la présence de Jésus à nos côté, et par sa victoire sur le diable dans les mêmes conditions que les nôtres.

Qui de nous peut-il dire qu’il n’est pas tenté par l’égoïsme, l’orgueil, le mensonge ? Qui de nous peut-il dire qu’il n’a pas besoin d’être sauvé de ces spirales maléfiques qui commencent par un petit mensonge, voire une simple peur, et se termine par un cœur blessé, abîmé, parfois torturé et, finalement, une rupture.

Au début de notre carême, regardons Jésus « conduit par l’Esprit pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1). Il a « jeûné quarante jours et quarante nuits » (Mt 4, 2), c’est-à-dire qu’il a épuisé la vie humaine. Un être humain ne peut pas jeûner plus de quarante jours sous peine de mort.

Le jeûne éprouve Jésus et, surtout, manifeste qu’il est bien homme. Dieu ne fait pas semblant de devenir humain avec des pouvoirs extraordinaires ou magiques qui nous tentent quand nous sommes pris par le mal.

C’est dans son humanité, dans son combat contre le Mal que Jésus nous rejoint. C’est donc dans notre humanité et son combat contre le Mal que son Esprit nous propose de renaître.

Vous le savez bien, vous qui vous préparez au baptême de la nouvelle naissance. Vous me l’avez écrit :

  • Un jour où j’étais désespéré et désemparé, j’ai senti une aide. J’ai senti que je n’étais plus seule, qu’on me tenait la main à travers mes sombres heures ;
  • Suite au décès de mon oncle, qui m’a beaucoup bouleversé, j’ai eu envie de me tourner vers Dieu ;
  • J’ai appris que le Seigneur est amour, qu’il est présent dans les bons et mauvais moments, pour me parler, répondre à mes inquiétudes ;
  • Je crois en Dieu car je pense qu’il m’a sauvé ;
  • L’Eglise est le phare dans les ténèbres ;
  • En apprenant la vie de Jésus, le catéchuménat a changé mon approche de la vie, je pardonne et je me soucie plus de mon prochain ;
  • Ma personnalité est marquée par des vices nombreux. Elle me pose régulièrement des problèmes dans l’avancée d’une vie d’amour de Dieu et de ses créatures.
  • Le Christ illumine ma vie, je ne veux plus être séparée de lui.

Il faut pour cela prendre le temps d’examiner notre conscience à la lumière de l’Evangile.

Quelles sont mes tentations ? Dans les semaines qui viennent les scrutins que vous vivrez vous y aideront. N’ayez pas peur : ce sera une joie de découvrir la présence de Jésus qui vient vous sauver là où le diable s’agite en vous et autour de vous. Ce sera votre manière d’être disciple de Jésus, de dire à votre tour : « arrière, Satan ! »

Vous le savez, ce sont les derniers mots prononcés par le Père Jacques Hamel assassiné le 26 juillet dernier, sans doute parce qu’il avait pris l’habitude de dire va-t’en Satan devant les tentations.

Dans quelques minutes, vous allez me donner votre nom pour que je vous appelle au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Soyez heureux de poursuivre un chemin avec l’Amour qui pardonne, avec l’Amour qui franchit la mort, avec l’Amour pour lequel il n’y a pas de limites.

✠  Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.