Décès de dom Pierre Massein, ancien abbé de Saint-Wandrille

 

Le dimanche 17 septembre de l’an 2017
est décédé

le Très Révérend Père

dom Pierre MASSEIN

moine et prêtre de ce monastère
et abbé de 1996 à 2009
en la 87° année de son âge, la 63° de sa profession
et la 57° de son ordination

L’Abbé et la communauté recommandent son âme à votre prière,
vous promettant le même secours pour vos défunts.

La messe des funérailles sera célébrée
le samedi 23 septembre à 10 h
en l’église abbatiale, et suivie de l’inhumation.

Abbaye Saint-Wandrille 76490 Saint Wandrille Rançon – abbaye@st-wandrille.com
tel. 02 35 96 23 11  –  fax 021 35 96 49 08

Notice biographique sur le Très Révérend Père dom Pierre Massein, abbé émérite de Saint-Wandrille

Dans l’entre-deux-guerres, un employé de commerce originaire de Dunkerque, Élie Massein, vint chercher fortune dans la ville du Havre, où il travailla au négoce du café. Il épousa une jeune fille du pays de Caux, Marie-Thérèse Bouvier, de La Frenaye. Leur premier enfant naît en 1931, le 8 septembre, et ils le prénomment Pierre. Deux garçons et une fille le suivront dans ce foyer heureux.

Pendant la guerre, M. Massein envoie femme et enfants à la campagne, à La Frenaye. De là, le jeune Pierre se rendra à l’abbaye Saint-Wandrille à bicyclette. Le Père Abbé de l’époque, Dom Gabriel Gontard, l’encourage dans sa vocation naissante. Après ses études secondaires à l’Institution Saint-Joseph du Havre, il entrera comme postulant dès 1951, partira ensuite faire son service militaire dans la cavalerie : école d’officier à Saumur, puis commandement en Allemagne, dans les blindés.

De retour à l’abbaye, il fait profession simple, après le noviciat canonique, le 6 janvier 1955. Aussitôt, il part à Rome pour y faire des études de philosophie et théologie à l’abbaye Saint-Anselme. Il sera marqué par ce séjour : par les trois papes qui se succèdent sur le siège de Pierre, Pie XII, Jean XXIII et Paul VI, par les travaux du Concile, comme aussi par le recteur de Saint-Anselme, le futur cardinal Mayer, un allemand très droit ; par les relations fraternelles avec les moines germanophones et américains majoritaires parmi les étudiants et les professeurs.

De retour à Saint-Wandrille, il devient préfet des études pour les moines de l’abbaye, enseignant théologie et philosophie. Sous l’abbatiat de Dom Antoine Levasseur, originaire de Fécamp, dans les années 1970, il entreprend des études de langue et civilisation thaï, d’histoire des religions et de théologie chrétienne des religions non chrétiennes. En effet, son ouverture d’esprit et son attirance pour l’Asie l’amènent à œuvrer pour le dialogue avec les moines bouddhistes, avec le projet de fonder un monachisme chrétien respectueux de la culture locale et non décalqué du modèle latin. Il fera deux séjours en Thaïlande, qui resteront un sommet de sa vie et dont il reparlera toujours avec joie, comme aussi d’un voyage au Japon et d’un autre à Hong-Kong à cette époque. Il enseigne alors pendant douze ans à l’Institut Catholique de Paris, à l’ISTR, en collaboration également avec le P. Joseph Doré, futur archevêque de Strasbourg. Il donne aussi des articles pour le dictionnaire des religions sous la direction du futur cardinal Paul Poupard. Nombreuses sont les amitiés nouées à Paris, et il voudra toujours revenir régulièrement dans la capitale.

Le Père Abbé Levasseur l’ayant nommé prieur en 1987, il arrête son enseignement à Paris. Puis il est élu abbé par ses frères, le 5 novembre 1996, et reçoit la bénédiction abbatiale le 6 janvier 1997 des mains de Mgr Joseph Duval, avec qui il nouera une véritable relation d’amitié. Quoique déjà âgé de 65 ans, il se met à l’œuvre avec entrain et mène plusieurs chantiers à bien, lançant notamment notre revue Gesta, qu’il dirigera jusqu’à sa mort. Son gouvernement est ferme et sage, mais il sait faire aussi apprécier sa bonté, sa patience. Comme conseiller du Président de la congrégation de Solesmes, il doit aussi visiter de nombreux monastères, et il y laisse un excellent souvenir. Par ailleurs, les abbés français le choisissent pour les représenter à la CSMF, et il est le délégué des religieux auprès de la Conférence des évêques de France. En 2002, il devient Administrateur de l’abbaye Sainte-Marie de Paris, charge qu’il assumera pendant neuf ans. En outre, toujours soucieux des missions, il donne une session aux séminaristes du Cambodge en 2004, à l’appel du Père Bruno Cosme, des MEP.

En mars 2009, il remet sa démission, mais reste proche de son successeur. Il garde toute sa place dans notre communauté, malgré ses ennuis de santé de plus en plus lourds. Ses jubilés de 60 ans de profession et de 50 ans d’ordination sont l’occasion de réunir de nombreux amis. Il garde des relations avec énormément de personnes grâce au courrier électronique. Et sa prière, toujours discrète, se fait aussi plus profonde. Sensible et émotif, discret, il reçoit avec bonté tous ses visiteurs. Son désir du ciel se fait de plus en plus explicite, et c’est sans doute avec sérénité qu’il accueille son dernier instant, tandis qu’on essaye en vain de relancer son cœur, à l’hôpital Jacques-Monod du Havre où il a été transporté d’urgence. C’est à minuit, dans la nuit du 16 au 17, qu’il achève sa vie bien remplie.