Quatorzième dimanche du temps ordinaire (A) – Solennité des saints Louis et Zélie Martin – Basilique Notre-Dame d’Alençon – Dimanche 9 juillet 2017

Quatorzième dimanche du temps ordinaire (A)
Solennité des saints Louis et Zélie Martin
Basilique Notre-Dame d’Alençon
Dimanche 9 juillet 2017

 

Textes : Lecture du livre du prophète Zacharie (9, 9-10) ; Psaume 144 ; Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (8, 9.11-13) ; Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (11, 25-30)

Homélie

Frères et sœurs, que disaient à Dieu Louis et Zélie Martin dans leur prière ? Que savez Louis de la prière de Zélie ? Que savait Zélie de la prière de Louis ? Vous trouverez dans leur correspondance de belles choses. Ils participent souvent aux prières de l’Eglise, par exemple la messe matinale. Louis est membre actif de l’adoration nocturne à Alençon ; Zélie participe à plusieurs confrérie ; Sa fille Céline écrit : « Quand Papa avait communié, il restait silencieux sur le chemin du retour ». « Je continue de m’entretenir avec le Seigneur », disait-il. Mais que disait-il dans cet entretien ?

Ce dimanche, l’Evangile nous fait entendre Jésus prier ! Goûtons cette joie d’entendre la prière de Jésus, d’entendre Jésus prier.

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance » (Mt 11, 25).

Je suis touché par ces quelques mots qui ne sont pas d’abord un enseignement mais la prière de Jésus à son Père. Les évangiles disent que Jésus priait souvent. Mais, hormis la prière de Jésus à l’approche de sa Pâques, nous avons très peu de prière de Jésus lui-même. Comment les disciples l’ont-ils récupérée ? Il n’y a guère d’autres voies que de l’avoir entendu eux-mêmes. Jésus priait donc à voix haute.

Ces mots méritent la plus grande attention. Jésus appelle Dieu son Père. Et, il est pour lui « Seigneur du ciel et de la terre » (Mt 11, 25). Le ciel ne peut pas être éloigné de la terre dans le cœur de Jésus, et la terre ne peut pas être séparée du Ciel. C’est même la mission intime de Jésus, lui qui est Dieu et homme : unir et réconcilier la terre et le ciel. Cette réconciliation entre la terre et le ciel est le fruit de l’amour du Père pour son Fils, de leur amour mutuel.

Louis et Zélie Martin ont voulu vivre comme frère et sœur au début de leur mariage. Peut-être pour vivre comme on vit au ciel. Dans l’esprit de leur siècle, ils voulaient vivre non selon la chair mais selon l’Esprit, pour reprendre l’expression de St Paul. Mais leur mission sur terre les appela à une union féconde de leur corps, selon l’Esprit venu du ciel.

Quelle grâce, frères et sœurs, de mettre nos vies, -nos familles particulièrement-, dans la prière et la mission de Jésus. Chaque jour, le ciel et la terre se rapprochent en mettant nos volontés, nos actes, nos sentiments, nos souffrances dans la prière, la mission, la louange de Jésus à son Père.

« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». La prière ouvre nos yeux à la réalité de notre petitesse. Dans la bouche de Jésus, les « petits » ce sont ses disciples. Nous l’avons entendu dimanche dernier : « Celui qui donnera à boire à l’un de ces petits en sa qualité de disciple ne perdra pas sa récompense » (Mt 10, 42).

Plus nous nous faisons disciples de Jésus, c’est-à-dire plus nous voulons aimer comme Jésus, plus nous comprenons notre fragilité, mais déjà nous nous découvrons admis à la connaissance des secrets du ciel : « personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11, 27). C’est notre plus grande joie !

Frères et sœurs, c’est leur Esprit qui fait de nous des fils. C’est leur « Esprit qui habite en nous » (Rm 8, 9) « pour tuer les agissements de l’homme pécheur » (Rm 8, 13). C’est l’Esprit qui nous conduit à Jésus pour passer de la terre au ciel, dans la continuité de l’amour. C’est l’Esprit qui a conduit Louis et Zélie Martin à accueillir la grâce du ciel dès cette terre.

Ne rêvons pas du ciel. Accueillons-le dans la joie de dire « Notre Père … que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Les saints disent la prière de Jésus plusieurs fois par jour. La tradition nous enseigne à la dire sept fois par jour. Accueillons le ciel dans la joie d’être tout-petits, et donc aimés du Père.

Que dites-vous à Dieu dans votre prière ? Le ciel et la terre sont-ils présents à leur juste place ? La tentation est grande de vouloir attirer le ciel sur la terre, sans désirer aller au ciel, sans embrasser la réalité la plus certaine : le ciel est notre avenir, sans mettre en priorité la conversion de notre cœur dès cette terre. Louis et Zélie Martin désirent le ciel pour leurs enfants, pour eux, pour le monde. Leur priorité est la sainteté.

Ainsi, quand Zélie, malade, se rend en pèlerinage à Lourdes pour demander sa guérison, elle écrit à son frère : « Au moins, si la sainte Vierge ne me guérit pas, je la supplierai de guérir mon enfant, d’ouvrir son intelligence et d’en faire une sainte » (11 juin 1877).

Puisse notre prière proclamer la louange du Seigneur du ciel et de la terre ! Puisse notre vie devenir louange en accueillant la sainteté de Dieu, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

 

✠  Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.