La messe

source : Le Jour du Seigneur

Par Père Yves Combeau – Modifié le 30/08/2022

La messe est une réunion des chrétiens au cours de laquelle on partage la Parole de Dieu et on célèbre l’eucharistie. Pour un chrétien, c’est un temps très important : « source et sommet de la vie chrétienne », dit le concile Vatican II.

C’est quoi la messe ?

La messe porte un drôle de nom, dérivé d’un des mots de la dernière phrase de sa liturgie latine. Sous ce nom, on regroupe une suite de rites, de paroles et d’actions qui sont vécus en communauté, grande ou petite.

Après une introduction pendant laquelle tous reconnaissent qu’ils sont pécheurs, c’est-à-dire encore bien imparfaits et donc en attente de l’aide de Dieu, on partage la Parole de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testaments. La Parole est lue par les membres de l’assemblée (l’Évangile par le prêtre ou le diacre). Puis elle est commentée dans l’homélie.

Après la profession de foi, on revit le dernier repas de Jésus, celui où, prenant du pain et du vin, il les a donnés aux disciples en disant « Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang ». C’est l’eucharistie. Il ne s’agit pas de simplement de rejouer ce moment, mais de le vivre : nous croyons que, mystérieusement, le pain devient réellement Corps, le vin devient réellement Sang. Après quoi les chrétiens sont invités à partager ce Corps et ce Sang pour faire entrer intimement Jésus en eux : c’est la communion, mot qui signifie : « union la plus forte possible ».

La messe se termine par un remerciement (« action de grâce ») et un envoi en mission.

Il y peut y avoir des messes très intimes ou très solennelles, courtes ou longues, peu importe ; toutes les messes ont le même déroulement et le même sens.

D’où vient la messe ?

C’est Jésus lui-même qui nous a dit de communier à son Corps et à son Sang par l’ordre : « Faites ceci en mémoire de moi » (« mémoire » ayant ici le sens spécial d’« action qui recommence ce qui a eu lieu la première fois »).

Les disciples, venant du monde juif, ont intégré l’eucharistie dans le rite du partage de la Parole qu’ils avaient vécu dans les synagogues. C’est pourquoi, dans les Actes des Apôtres, juste après la Résurrection et la Pentecôte, on voit les disciples, en particulier saint Paul, célébrer la même messe exactement que nous célébrons aujourd’hui. Avec la communauté, il partage la Parole, puis célèbre l’eucharistie et les croyants communient. La messe est, avec le baptême, la toute première base historique de l’Église.

Pourquoi aller à la messe ?

La messe la plus importante est celle de Pâques. Tout le monde connaît aussi les messes de Noël, des Rameaux, des grandes fêtes. Les chrétiens sont invités à aller à messe tous les dimanches, chaque dimanche étant comme une petite Pâque, le « jour du Seigneur » parmi les autres jours de la semaine.

On peut même aller à la messe tous les jours, et les prêtres célèbrent la messe tous les jours.

Si la messe est aussi fréquente, c’est qu’elle est importante pour les chrétiens. D’abord, elle rassemble la communauté et contribue à la renforcer par la communion : l’amour du Christ, exprimé par l’eucharistie, nous réunit et nous soude. Un chrétien, sauf exception, n’est pas chrétien seul mais avec les autres. Ensuite, elle contribue à la formation de chaque chrétien, à sa réflexion et donc à sa foi. Enfin, personnellement, chacun trouve dans l’eucharistie la nourriture de la foi, de l’espérance et de la charité. Le chrétien a besoin de se nourrir du Christ autant que son corps a besoin de nourriture matérielle.

 


Les rites de la messe

source : Prions en Église

La messe comporte deux parties principales : la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. Les rites initiaux précèdent la liturgie de la Parole et les rites conclusifs font suite à la liturgie eucharistique : les uns ouvrent la célébration, les autres la terminent.

Rites initiaux

Le chant d’entrée : le but de ce chant est d’ouvrir la célébration et d’introduire les fidèles dans le mystère du temps liturgique ou de la fête.

La salutation d’ouverture : lorsque le chant d’entrée est achevé, le prêtre fait le signe de croix avec toute l’assemblée. Ensuite, en saluant la communauté rassemblée, il lui signifie la présence du Seigneur : salutation et réponse du peuple manifestent le mystère de l’Église rassemblée. Tous, dans le recueillement, se mettent en présence de Dieu avant l’acte pénitentiel.

L’acte pénitentiel : le prêtre invite à une démarche qui, après un bref instant de silence, est effectuée par toute la communauté au moyen d’une formule de confession générale. Le prêtre conclut l’acte pénitentiel par une absolution, qui n’est cependant pas à confondre avec l’absolution du sacrement de pénitence.

Le Kyrie eleison après l’acte pénitentiel, on dit ou on chante le Kyrie eleison (Seigneur, prends pitié), sauf si cette invocation a déjà trouvé place dans l’acte pénitentiel lui-même.

Le Gloria le Gloire à Dieu est une hymne très ancienne par laquelle l’Église glorifie Dieu le Père et supplie Jésus, l’Agneau de Dieu, dans l’unité du Saint-Esprit. Le Gloria est dit le dimanche (en dehors de l’Avent et du Carême), aux solennités et aux fêtes, ou encore dans des célébrations particulières empreintes de solennité. Le Missel indique un temps de silence après le Gloria.

La prière d’ouverture (collecte) : au terme des rites initiaux, le prêtre invite le peuple à prier. Tous, avec le prêtre, observent un instant de silence, pour prendre conscience qu’ils se tiennent en présence de Dieu, et pour mentionner intérieurement leurs intentions de prière. Ensuite le prêtre prononce la prière d’ouverture, appelée habituellement “collecte” parce qu’elle réunit les demandes des uns et des autres.

Liturgie de la Parole

La partie principale de la liturgie de la Parole est constituée par les lectures tirées de la Sainte Écriture. L’homélie, la profession de foi et la prière universelle développent cette liturgie et la concluent.

Les lectures bibliques : la proclamation de l’Évangile constitue le sommet de la liturgie de la Parole. Pour les messes du dimanche, le Lectionnaire propose un cycle de lectures sur trois ans. L’année A est celle de l’évangile de saint Matthieu ; l’année B, celle de saint Marc ; l’année C, celle de saint Luc. Quant à l’évangile selon saint Jean, il est réparti sur les trois années en des temps liturgiques particuliers, notamment le Carême et le temps pascal. Les dimanches, en dehors du temps pascal, la première lecture de la messe est tirée de l’Ancien Testament. Elle est choisie en fonction de l’évangile lu le même dimanche, et manifeste ainsi que la Loi et les Prophètes conduisent au Christ. La première lecture est suivie du psaume responsorial qui fait partie intégrante de la liturgie de la Parole et a une grande importance liturgique et pastorale, car il favorise la méditation de la parole de Dieu. Après la deuxième lecture, on chante l’Alléluia ou un autre chant, selon le temps liturgique (en particulier pendant le Carême). Cette acclamation constitue un rite par lequel l’assemblée accueille le Seigneur qui va parler dans l’évangile.

L’homélie : elle fait partie intégrante de la liturgie et elle nourrit la vie des baptisés. Les dimanches et fêtes de précepte, il faut faire l’homélie à toutes les messes célébrées en présence du peuple, et on ne peut l’omettre que pour une cause grave. L’homélie s’achève par un temps de silence.

Le Credo en professant la règle de la foi dans une formule approuvée pour l’usage liturgique, les fidèles proclament les grands mystères de la foi avant que ne commence la liturgie eucharistique. La profession de foi de la messe se présente sous deux formes différentes : le Symbole des Apôtres et le Symbole de Nicée-Constantinople. Le Symbole des Apôtres, qui est le plus bref, est le Credo de l’Église romaine, tel qu’il semble être fixé à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle, comme profession de foi baptismale. Le Symbole de Nicée-Constantinople a été rédigé lors du concile de Nicée (325) et complété au concile de Constantinople (381). La liturgie laisse le choix entre l’une ou l’autre formulation. Le Credo est proclamé le dimanche et les jours de solennité. On peut le dire aussi pour des célébrations particulières faites avec solennité.

La prière universelle : dans la prière des fidèles, le peuple répond à la parole de Dieu et présente au Seigneur des prières aux intentions de l’Église et pour le salut de tous les hommes. Il n’y a pas de prière universelle lors des messes de semaine. Habituellement, les intentions sont formulées : a) pour les besoins de l’Église ; b) pour les affaires publiques et le salut du monde entier ; c) pour ceux qui sont accablés par toutes sortes de souffrances et de difficultés ; d) pour la communauté locale (vivants et défunts).

Liturgie Eucharistique

À la dernière Cène, le Christ a institué le sacrement de l’Eucharistie par lequel le sacrifice de la croix est rendu présent dans l’Église lorsque le prêtre – agissant en la personne du Christ (in persona Christi) – accomplit cela même que le Seigneur a fait et qu’il a transmis à ses disciples pour qu’ils le fassent en mémoire de lui. Ce qu’a fait le Seigneur consiste en des gestes fort simples : il a pris le pain et la coupe, il a rendu grâce, il a fait la fraction du pain et a donné le pain et la coupe à ses disciples, en disant: “Prenez, mangez, buvez; ceci est mon Corps; ceci est la coupe de mon Sang. Vous ferez cela en mémoire de moi.” Aussi l’Église a-t-elle organisé toute la liturgie eucharistique en trois parties qui correspondent à ces trois actes du Christ:

1) Au cours de la préparation des dons, on apporte à l’autel le pain et le vin avec l’eau, c’est-à-dire les éléments que le Christ a pris dans ses mains.

2) Dans la Prière eucharistique, on rend grâce à Dieu pour toute l’oeuvre du salut, et les dons présentés deviennent le Corps et le Sang du Christ.

3) Par la fraction du pain et par la communion, les fidèles reçoivent le Corps brisé et le Sang versé du Seigneur de la même manière que les Apôtres les ont reçus des mains du Christ lui-même.

La préparation des dons : au commencement de la liturgie eucharistique, on apporte à l’autel les dons qui deviendront le Corps et le Sang du Christ. Lorsqu’on a déposé les oblats sur l’autel et qu’on a accompli les rites prescrits, le prêtre dit la prière sur les offrandes.

La Prière eucharistique : c’est maintenant que commence ce qui est le centre et le sommet de toute la messe : la Prière eucharistique, qui exige que tous s’y associent avec respect. Il y a quatre Prières eucharistiques. La Prière eucharistique I est appelée aussi Canon Romain car, remontant au moins à saint Ambroise (+ 397), elle fut durant des siècles et jusqu’au concile Vatican II l’unique Prière eucharistique de l’Église latine. La Prière eucharistique II est une adaptation récente de la plus ancienne prière eucharistique connue : celle de la Tradition apostolique (vers 215). La Prière eucharistique III fut élaborée au moment du concile Vatican II. Elle souligne notamment le rôle de l’Esprit Saint, en mettant en relief les deux épiclèses. La Prière eucharistique IV s’inspire des anaphores orientales, surtout de la très vénérable anaphore de saint Basile (+379). Elle comprend une Préface propre qui lui est liée et qui met l’accent sur le Dieu créateur. Elle développe une véritable histoire du salut. Sont indiquées, après l’Ordinaire de la messe, d’autres Prières eucharistiques : deux pour la réconciliation, quatre pour des circonstances particulières et trois pour les assemblées avec enfants. Ces prières sont à utiliser dans des situations bien déterminées.

Voici les huit éléments principaux qui constituent une prière eucharistique.

1) La préface, qui débute par un dialogue : le prêtre, au nom de tout le peuple saint, glorifie Dieu le Père et lui rend grâce pour toute l’oeuvre de salut ou pour un de ses aspects particuliers, selon la diversité des jours, des fêtes ou des temps liturgiques.

2) Le Sanctus (Saint, saint, saint…) : cette acclamation est prononcée par tout le peuple des fidèles en communion avec l’Église du ciel.

3) La première épiclèse : par des invocations particulières, l’Église implore la puissance de l’Esprit Saint pour que les dons présentés par les hommes deviennent le Corps et le Sang du Christ et pour que la victime sans tache, qui sera reçue dans la communion, profite au salut de ceux qui vont communier.

4) Le récit de l’Institution : par les paroles et les actions du Christ s’accomplit le sacrifice que le Christ lui-même a institué le Jeudi saint lorsqu’il a donné à manger et à boire son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin en ordonnant aux Apôtres de perpétuer ce mystère. Ainsi, dit le n° 280 du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique.
Le sacrifice de la croix et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. La victime et celui qui l’offre sont identiques. Seule la manière de l’offrir diffère. Le sacrifice est sanglant sur la croix, non sanglant dans l’Eucharistie

5) L’anamnèse : avec cette acclamation introduite par le prêtre, l’Église accomplit l’ordre reçu du Christ par l’intermédiaire des Apôtres. Elle fait mémoire du Christ lui-même, célèbre le mémorial de sa passion bienheureuse et de sa glorieuse résurrection, dans l’attente de sa venue dans la gloire.

6) La seconde épiclèse : au coeur du mémorial chanté par l’anamnèse, l’Église offre au Père, par le Saint-Esprit, la victime sans tache. Mais les fidèles non seulement offrent le pain de la vie et la coupe du salut par les mains du prêtre, ils s’offrent encore eux-mêmes pour devenir dans le Christ une vivante offrande à la louange de la gloire du Père.

7) Les prières d’intercession : à travers elles, l’Église affirme que l’Eucharistie est célébrée en union avec l’Église de la terre, et que l’offrande est faite pour elle et pour tous ses membres, vivants et morts, appelés à participer au salut obtenu par le Corps et le Sang du Christ.

8) La doxologie finale : ratifiée et conclue par l’acclamation du peuple : Amen, elle exprime la glorification de Dieu Père, Fils et Esprit.

Les rites de communion : la célébration eucharistique étant le banquet de l’Agneau pascal, Jésus Christ mort et ressuscité, il convient que, selon l’ordre du Sauveur, son Corps et son Sang soient reçus avec dignité par les fidèles. C’est à cela que tendent les rites préparatoires par lesquels les baptisés sont amenés à la communion.

– Le Pater : enseigné par Jésus à ses disciples, le Notre Père est la prière principale et fondamentale de tous les chrétiens.

– Le rite de la paix : l’Église implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine, et les fidèles expriment leur communion dans l’Église ainsi que leur amour mutuel avant de communier au sacrement. Dans le rite romain, le geste de paix demeure facultatif.

– L’Agnus Dei : juste avant la communion, le prêtre rompt le pain eucharistique. Ce geste de la fraction du pain, accompli par le Christ à la dernière Cène et qui a donné son nom à toute l’action eucharistique à l’âge apostolique, signifie que les fidèles, dans la communion à l’unique pain de vie, deviennent un seul corps. Pendant la fraction du pain, l’invocation de l’Agnus Dei est chantée ou dite à haute voix. La fraction du pain terminée, le prêtre et toute l’assemblée se préparent en silence à recevoir le don de Dieu dans le Pain eucharistique.

– La communion : le prêtre invite les fidèles au Banquet des Noces de l’Agneau : « Voici l’Agneau de Dieu… » En même temps que les fidèles, il fait un acte d’humilité, en reprenant les paroles évangéliques indiquées dans le Missel Romain : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir… » Puis le prêtre consomme le Corps du Christ et boit le Sang du Christ. S’il n’y a pas de chant de communion, l’antienne proposée dans le Missel peut être dite soit par les fidèles, soit par quelques-uns d’entre eux, soit par un lecteur ou, à défaut, par le prêtre (après avoir lui-même communié et avant qu’il ne distribue la communion aux fidèles). Lorsque la distribution de la communion est achevée, le prêtre et les fidèles, si cela est opportun, prient en silence pendant un certain temps. Toute l’assemblée pourra aussi exécuter une hymne, un psaume, ou un autre chant de louange. Pour conclure le rite de communion, le prêtre dit la prière après la communion, dans laquelle il demande les fruits du mystère célébré.

Rites conclusifs

Font partie des rites de conclusion :

a) de brèves annonces, si elles sont nécessaires;

b) la salutation et la bénédiction du prêtre (qui, certains jours et à certaines occasions, peut être précédée d’une Prière sur le peuple, ou d’une Bénédiction solennelle) ;

c) l’envoi du peuple et le chant de sortie (sauf le Vendredi saint, où tous sortent en silence).