REEM PALESTINIENNE, UN CRI D’AMOUR POUR LA VIE !

 

Alors que l’actualité nous plonge dans la guerre en Israël et dans la bande de Gaza, nous sommes allés à la rencontre de Reem, paroissienne de Saint-Étienne-du-Rouvray, palestinienne, pour lui demander de témoigner pour notre bulletin paroissial. Elle nous livre, de façon poignante, son récit : son adolescence à Gaza, sa rencontre avec José, son mari, son arrivée en France. Elle nous partage son regard sur la guerre, sur ce que vit actuellement
sa famille. Elle nous crie son espérance !

Je m’appelle Reem
Je suis mariée avec José et nous avons trois grands garçons. Je suis née en Palestine à Gaza. Ma mère est palestinienne, chrétienne orthodoxe, originaire de Jérusalem. Elle a dû fuir en raison de la terreur provoquée par l’armée israélienne en 1948 et se réfugier à Gaza. Elle a été accueillie avec sa famille par l’Église catholique tout comme de nombreux palestiniens. Mon père est né à Gaza, d’origine égyptienne, chrétien orthodoxe copte, et s’est établi comme meunier à Gaza. Je garde de bons souvenirs de mon enfance. Nous vivions comme des frères avec nos voisins musulmans palestiniens, partageant mutuellement la Joie de chaque fête religieuse. Pourtant, nous vivions sous l’occupation israélienne. Lors des accords d’Oslo de 1993, nous avons cru à la paix et à la promesse d’un État palestinien. Mais à la suite de l’assassinat d’Yitzhak Rabin, le processus de paix n’a pas tenu.

Ma rencontre avec José
José arrive de France à Gaza en 1996, avec un groupe de jeunes en soutien pour la paix. Durant son court séjour, je lui fais découvrir la culture palestinienne et l’accompagne dans ses rencontres. Afin de compléter mes études, je pars pour Bethléem après de multiples démarches auprès de l’armée israélienne, démarches qui sont le quotidien des Palestiniens. Je loge dans une maison d’étudiants des sœurs de Sainte-Thérèse. Un an après mon installation à Bethléem, je retrouve José de retour à Jérusalem par le biais de la Délégation Catholique pour la Coopération. Sa présence permet de nous connaitre mutuellement et nous nous fiançons à Jérusalem, selon la tradition palestinienne. Après toujours de multiples difficultés pour l’obtention de laissez-passer, nous nous marions à Gaza dans l’église latine de la Sainte-Famille. Nous nous installons à Bethléem, sous autorité palestinienne, mais sans qu’il me soit possible de voir ma famille à Gaza. Notre premier fils naît en 2001 à Jérusalem dans l’État d’Israël et peut ainsi avoir la nationalité française.

Notre départ pour la France
Les conditions de vie à Gaza sont rendues toujours plus difficiles, toutes les frontières de la bande de Gaza étant fermées. La situation de conflits s’intensifie, les bombardements sont de plus en plus fréquents également à Bethléem, aussi, nous décidons en 2001 de venir en France. Il ne m’est pas permis de dire au revoir à ma famille. Ce n’est qu’en 2012, lors d’un bref séjour passant par l’Égypte, que je retrouve ma famille pour la dernière fois à Gaza.

Aujourd’hui à Gaza
Mes parents sont aujourd’hui décédés. Mes frères et sœurs sont à Gaza et je communique avec eux par Internet quand cela fonctionne. Leurs habitations ont été bombardées et ils se sont réfugiés avec 700 autres chrétiens dans l’église catholique. La situation actuelle est une véritable catastrophe humanitaire, immeubles effondrés, familles privées d’eau, d’électricité. Une seule idée demeure, survivre malgré tout. Face à cet immense désespoir, il y a toujours la volonté de croire à un vivre ensemble en paix.  La force des Palestiniens, quelle que soit leur religion, musulmans, chrétiens, c’est leur amour pour la vie, la vie à travers les petites choses faites de générosité, d’entraide, d’une porte toujours ouverte. Tous partagent le même destin d’« enfermement » avec ses souffrances, aussi ses joies. Tous sont à la recherche d’une liberté intérieure, celle de pouvoir malgré tout s’épanouir, notamment au travers des études.

Croire en la force de la foi et de la prière
Au-delà de la peur, du désespoir, gardons toujours les yeux levés vers Dieu. La fête de Noël approche, continuons à prier pour la paix, à croire en l’amour du prochain. Même si les fruits nous sont imperceptibles, laissons faire Dieu.
Amis, paroissiens, continuez à marquer votre solidarité par la prière. C’est une source de soutien, de courage pour tous ceux qui là-bas vivent ces épreuves. Semons des graines de justice, de fraternité, et Dieu fera germer et lever la semence.

 

Merci à Reem pour cette merveilleuse rencontre.
Merci à son mari et à ses enfants.
Nous pensons à sa famille, qu’elle soit assurée de nos prières.
Prêtres et paroissiens de Oissel et Saint-Étienne-du-Rouvray